C’est un nouveau signe du retour d’une conscience nationale face à l’immigrationnisme totalitaire. Aux législatives provinciales du Québec ce dimanche, l’effondrement du parti libéral du Québec, majorité sortante de centre-gauche, au grand bénéfice de Coalition Avenir Québec, parti nationaliste de centre-droit mené par François Legault, constitue un revers cinglant pour le multiculturalisme doctrinaire comme pour le séparatisme d’inspiration social-jacobine du Parti québécois. A un an des législatives fédérales, c’est un avertissement majeur pour le Premier ministre fédéral Justin Trudeau, libéral, multiculturaliste frénétique, islamophile déclaré et grand ami de Macron. Déjà, aux législatives provinciales de l’Ontario de juin, le parti libéral ontarien avait subi une défaite historique au bénéfice d’un parti conservateur dans cette province-clé, première par sa population (14 millions d’habitants).
Le parti libéral perd plus de la moitié de sa représentation, Coalition Avenir Québec triple la sienne
Au Québec, deuxième province de la fédération avec 8,4 millions d’habitants, le parti libéral (PLQ) du Premier ministre sortant Philippe Couillard n’a obtenu que 32 sièges sur les 125 que compte l’Assemblée nationale élue au scrutin uninominal de circonscription à un tour, de type britannique. Les libéraux perdent 36 sièges, soit plus de la moitié de leur représentation antérieure, alors qu’ils ont régné durant treize des quinze dernières années sur la Belle Province. En revanche, Coalition Avenir Québec (CAQ) voit sa représentation plus que tripler, à 74 sièges, soit une large majorité absolue et un gain de 53 sièges. Signe notable, les souverainistes – devenus sociaux-démocrates – du parti québécois (PQ), perdent les deux-tiers de leur représentation, à 9 sièges contre 28 dans l’Assemblée sortante (-19). Le programme autonomiste (mais non indépendantiste) de la CAQ y est pour quelque chose.
A la gauche de la gauche, le parti crypto-marxiste souverainiste, altermondialiste, immigrationniste et féministe Québec Solidaire (QS) grimpe de 3 à 10 sièges, restant marginal bien qu’il dépasse d’un siège le PQ. La situation ultra-minoritaire de QS (il est de plus le dernier parti par le nombre de voix, derrière le PQ) ne l’a pas empêché de revendiquer le titre d’opposition officielle, revendication symbolique mise en exergue par le quotidien libéral en ligne La Presse. Il exige aussi l’application de la proportionnelle, une des promesses de campagnes de François Legault. Cinq non-inscrits sortants ne sont pas réélus.
François Legault revendique un meilleur contrôle provincial de l’immigration
Certes le mode de scrutin amplifie la tendance générale : la CAQ a obtenu 37,41 % des voix, le PLQ 24,82 %, le PQ 17,06 % et QS 16,09 %. Mais, analyse Hugo Cyr, doyen de la faculté de sciences politiques et de droit de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) « C’est un raz-de-marée et une surprise ». « Dans le combat entre la CAQ et les libéraux, ceux qui voulaient un changement sont allés à la CAQ », ajoute-t-il. Au niveau fédéral, les élus du Bloc Québécois ont trouvé « une consolation » dans les éléments identitaires de la Coalition Avenir Québec qui revendique un meilleur contrôle de l’immigration au niveau provincial, même si la CAQ s’oppose à l’idée d’indépendance.
Coalition Avenir Québec est une formation toute récente, fondée en 2011 par le milliardaire François Legault. La CAQ est considérée comme un parti « pro-entreprises ». Elle demande une limitation de l’immigration au Québec, avec un quota d’immigrants réduit de 10.000 personnes par an (-20 %). Elle exige l’expulsion dans les trois ans des nouveaux arrivants qui échouent au test de français et à celui concernant les valeurs du Québec. Elle milite pour l’interdiction du port de tout signe religieux aux personnels en position d’autorité, « ce qui inclut les enseignants », à l’exact opposé du dogme multiculturaliste de Justin Trudeau. Legault peut être considéré comme un conservateur nationaliste anti-fiscaliste, assez semblable en cela à Donald Trump : « Mon message aux marchés, c’est que nous serons responsables. »
La Coalition Avenir Québec a promis de réduire le montant des dépenses provinciales de 1,2 milliards de dollars canadiens (1 Can$ = 0,675 euro) d’ici à 2023 sur un budget total de 124 milliards. Il entend rembourser la dette provinciale par un paiement de 10 milliards de dollars canadiens d’ici à fin mars 2019, réduisant ainsi la charge des intérêts annuels de quelque 300 millions.
Le Québec, deuxième grande province à évincer un parti libéral, menace pour Justin Trudeau
Le Québec est la deuxième grande province canadienne à évincer un parti libéral du pouvoir. Or le fédéralisme canadien accorde de très larges compétences aux provinces. Le parti conservateur progressiste de Doug Ford est désormais au pouvoir en Ontario, jusqu’ici bastion du libéralisme multiculturaliste et libertaire. Ces deux victoires de la droite, même s’il s’agit d’une droite modérée, manifestent une opposition croissante au Premier ministre Justin Trudeau et à son parti libéral canadien (PLC). A l’issue des cinq derniers scrutins provinciaux dans lesquels la majorité sortante était libérale, le PLC a soit été battu, soit a perdu la majorité absolue.