Aux termes d’une demande de l’Union européenne exigeant que le Royaume-Uni paie la facture du Brexit évaluée à 60 milliards d’euros, le négociateur en chef de la Commission européenne, Michel Barnier, veut que les Britanniques continuent de payer les projets de l’UE quatre ans après avoir claqué la porte par la signature d’un accord, les paiements devant se poursuivre jusqu’à la fin de 2023. Il s’agirait d’un paiement à tempérament dont Barnier a dressé les grandes lignes lors d’une réunion avec de hauts responsables des 27 pays restants de l’UE.
L’Union européenne cherche par tous les moyens à remplir le trou noir que laisserait le départ du Royaume-Uni : le Brexit représentera pour l’UE un manque à gagner de 10 milliards d’euros par an. Où les trouver ? Soit dans la poche des pays les plus riches comme l’Allemagne et la France, soit en diminuant les reversements à la Pologne, la Hongrie et d’autres pays plus pauvres. Il s’agirait donc, par un étalement des paiements, de lisser les effets du départ d’un des plus gros contributeurs nets.
La Commission européenne veut faire payer le Royaume-Uni
Pourquoi en quatre ans ? Selon une source diplomatique européenne citée par le Telegraph de Londres, c’est parce qu’en 2023, les besoins cycliques du budget européen, prévu sur sept ans, seront au plus haut.
Theresa May a beau avoir promis que la Grande-Bretagne cessera de contribuer au budget annuel de l’Union européenne dès le Brexit, la Commission de Bruxelles estime que les paiements décidés lors de l’établissement du budget sur sept ans, de 2014 à 2020, engagent le pays. Ainsi, les projets que le Royaume-Uni s’est engagé à soutenir avant son départ prévu en mars 2019 vont exiger des paiements jusqu’en 2023.
Le Brexit, c’est d’accord, mais l’UE veut de l’argent jusqu’en 2023
Le jeu de la négociation se fait plus serré. D’une part, Theresa May souhaite obtenir de bonnes conditions de relations commerciales que l’Union européenne essaie de lui « vendre » au prix de contribution maintenue le plus longtemps possible. De l’autre, les pays de l’Union qui sont malgré tout demandeurs n’ont pas intérêt à trop envenimer les pourparlers au risque de voir le Royaume-Uni décider de ne pas honorer ses engagements.
Combien « doit » Royaume-Uni ? Sur ce chapitre, il y a des désaccords profonds entre la France et l’Allemagne d’une part et la Commission européenne de l’autre. Cette dernière est partisane d’un arrangement qui permettrait au Royaume-Uni de compenser ce qu’elle doit avec sa part des actifs de l’UE, soit 154 milliards d’euros. Sans surprise, la France et l’Allemagne ne sont pas vraiment d’accord.