Compteurs communicants : le Royaume-Uni envisage la modulation des tarifs en fonction de la demande

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Les compteurs communicants Linky – on l’a su à l’occasion d’une expérience annoncée par le gouvernement – peuvent limiter la puissance électrique mise à disposition des clients à distance. Le test prévu pour prendre fin avant le 31 mars, consiste à soumettre 200.000 foyers du Puy-de-Dôme à une limitation de puissance par Enedis pendant un maximum de 2 heures, au cours desquelles seuls leurs équipements essentiels pourront fonctionner pendant les heures de forte consommation, moyennant une indemnisation de 10 euros. Les usagers ont dû faire la démarche de refuser l’opération s’ils souhaitaient y échapper. But affiché : évaluer l’impact de la mesure sur la consommation et en évaluer les avantages et les inconvénients. Au Royaume-Uni, on va déjà plus loin, puisque des millions de foyers équipés de compteurs « intelligents » – ce qui relève actuellement là-bas d’une démarche volontaire de la part du client – pourraient prochainement se voir facturer l’électricité à un prix plus élevé pendant les périodes de pointe. La modulation des tarifs d’énergie, un peu sur le modèle des billets de train ou d’avion dont le prix varie selon la loi de l’offre et de la demande, se ferait là aussi automatiquement et à distance. Tout cela n’est possible que grâce à la technologie des compteurs communicants, et c’était finalement très prévisible.

D’ailleurs les fournisseurs britanniques d’électricité en parlaient déjà en 2018, et à l’époque un porte-parole du département britannique de l’énergie des entreprises et de la stratégie industrielle avait réagi en affirmant : « Personne ne sera obligé de choisir un tarif modulé. » « T’as qu’à croire », avions-nous répondu. Point besoin d’être devin, comme le confirme le plan en cours.

 

Les compteurs communicants de type Linky permettent le contrôle affiné de la consommation

La brillante idée a cette fois germé dans le cerveau des collaborateurs d’Ofgem, l’Office public des marchés du gaz et de l’électricité du Royaume-Uni, ce qui lui donne des chances de prospérer. Elle répond évidemment à la quête des « émissions nettes zéro » pour faire baisser le CO2 dans ce pays où le déploiement des énergies « renouvelables » et surtout intermittentes comme l’éolien ou le photo-voltaïque ont exigé, du fait de leur manque de constance, la remise en route de centrales au charbon ou au gaz pour répondre aux pics de consommation, ou à l’absence de vent ou de soleil.

Ofgem a « oublié » en l’occurrence que le gouvernement avait qualifié de « mythe » en 2018 l’affirmation selon laquelle les consommateurs, ou certains d’entre eux, allaient subir une augmentation de leur facture d’énergie du fait des compteurs communicants. En septembre dernier, le gouvernement avait même affirmé que les foyers allaient épargner plus de 5,6 milliards de livres grâce aux compteurs de type Linky.

Alors que le Royaume-Uni compte désormais près de 33 millions de ces compteurs « intelligents » dans autant de foyers, il est donc question de mettre en place un prix plafonné « dynamique » – expression destinée à faire oublier que c’est en fait le plafond qui saute. Entre autres, les fournisseurs d’énergie seraient autorisés à facturer davantage aux heures de pointe : une aubaine alors que les Britanniques subissent la pression « net zéro » qui les oriente vers le tout électrique, depuis le chauffage jusqu’à la voiture.

 

La modulation des tarifs de l’électricité, ou la valse des kilowatts

La dépense d’énergie plafonnée – qui concerne la consommation effective et non les abonnements qui sont déjà en hausse cette année – disparaîtrait ainsi au profit d’un des deux systèmes suivants : soit une tarification différenciée selon les périodes d’utilisation, déterminées de semaine en semaine, soit une tarification liée directement au prix de gros constaté demi-heure par demi-heure.

Ce deuxième scénario associerait la foncière injustice d’un prix susceptible de changer 24 fois par jour pour un bien qui lui, ne change pas, à l’incertitude chaque fois qu’on allumerait un lave-linge ou un lave-vaisselle dont les programmes dits écologiques s’allongent comme le jour en été.

Les prix bas, selon Ofgem, correspondraient aux périodes particulièrement ensoleillées ou venteuses.

Ofgen a été obligé de reconnaître que l’affaire risquait de devenir trop compliquée pour de nombreux consommateurs, même dans un pays où le temps qu’il fait est l’objet des conversations les plus enflammées. Puis se posent les problèmes liés à l’utilisation contrainte d’appareils médicaux, ou à l’impact de la mesure sur ceux qui ont « vertueusement » choisi un véhicule électrique mis en charge pendant la nuit. Et quid des personnes âgées qui ont besoin de plus de chauffage et ne peuvent l’interrompre ?

On s’interroge désormais officiellement sur « l’équilibre » à trouver entre la protection des consommateurs et l’incitation à « l’investissement dans un système énergétique plus intelligent », comme ils disent, dont le quidam comprend qu’il fera d’abord souffrir l’usager.

 

La modulation des tarifs par les compteurs communicants, pour vous rappeler que le net zéro coûte cher

Et si c’était le but ? Ofgem a ainsi reconnu que la tarification plafonnée actuelle est en train de devenir « insoutenable » (pour utiliser le terme du vocabulaire « vert ») parce que les fournisseurs se retrouvent avec des clients dont les besoins énergétiques se concentrent de plus en plus sur l’électricité alors que se répandent les voitures électriques, les pompes à chaleur et d’autres « technologies net zéro » qui font appel à l’électricité tout au long de la journée.

Autrement dit, c’est la funeste « transition écologique » qui a déjà entraîné de lourdes dépenses, directes ou indirectes, pesant sur les foyers ou sur les contribuables, qui provoque aujourd’hui ce « besoin » de jongler avec les prix, au risque de rendre aléatoire l’accès au chauffage, au transport individuel et d’autres besoins essentiels.

Ce que l’on retiendra de ce projet, qui reste à l’étude mais dont la mise en œuvre peut se faire par la simple mise en place d’un logiciel adéquat, puisque l’an dernier Ofgem a donné son feu vert pour l’envoi aux fournisseurs de rapport d’utilisation par foyer de demi-heure en demi-heure, c’est qu’il dépend de l’installation de compteur communicants.

A bon entendeur…

 

Anne Dolhein