Crash A320 de Germanwings : Jan Cocheret, pilote néerlandais, avait averti que les procédures de sécurité et la fermeture de la cabine pouvaient conduire à la catastrophe

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Deux mois avant le crash de l’Airbus A320 de Germanwings, un pilote néerlandais avait publié un article dans une revue professionnelle annonçant que les nouvelles procédures de sécurité en vol lui faisaient peur. Sous le titre « Je me demande parfois sérieusement qui est l’homme assis à côté de moi », Jan Cocheret expliquait que la règle de la fermeture à clef de la cabine introduite il y a une dizaine d’années pouvait conduire à la catastrophe si l’un des pilotes avait des intentions mauvaises. Son article s’est révélé prophétique.
 

Jan Cocheret a mis en garde contre la fermeture de la cabine

 
L’article avait paru dans Piloot en Vliegtuig, publication destinée aux professionnels de l’aviation : Cocheret explique aujourd’hui qu’il n’avait pas voulu le porter à la connaissance du grand public dans la revue de l’aviation à plus large circulation, Luchtvaartnieuws, trouvant le sujet trop « sensible ».
 
Aujourd’hui il a choisi ce titre pour revenir sur sa « prophétie ». Il trouve « dommage » la fermeture définitive des portes de cockpit en vue d’en exclure « les passagers et autres gens dangereux ». C’est vrai, il n’y a pas eu beaucoup de détournements depuis lors. « Mais avant non plus. » Et il y a aujourd’hui plusieurs exemples de détournements réalisés par les pilotes ou copilotes.
 

A320 : les procédures de sécurité rendent le pilote seul maître à bord

 
« Grâce à la porte fermée et super-sécurisée, aujourd’hui de rigueur, le pilote se trouve en position de maître pour maintenir son collègue à l’extérieur du cockpit. Il suffit d’attendre qu’il s’absente pour aller aux toilettes, et de ne plus jamais ouvrir la porte. Il y a bien un moyen pour retourner dans le cockpit sans y être aidé de l’intérieur, mais si le nouveau maître à bord désactive cette possibilité, il n’y a plus grand chose à faire sinon d’aller s’asseoir à côté des passagers et d’attendre ce que l’avenir apportera », écrit-il.
 
Et d’évoquer le cas du copilote éthiopien qui avait désactivé le pilote automatique du Boeing 767 avant de le crasher peu avant d’arriver sur la côte est des Etats-Unis. Ou d’autres, similaires, au Maroc et en Indonésie. « Il y a eu aussi le cas qui s’est déroulé dans le sud de l’Afrique l’an dernier. Le capitaine d’un Embraer 190 attend que son collègue quitte le cockpit. Dans la foulée, il envoie l’avion en plongée vers le désert namibien. La dernière chose que l’on entend dans l’enregistrement de la boîte noire, c’est le tambourinage désespéré du copilote sur la porte du cockpit », écrit Jan Cocheret.
 

Jan Cocheret avait « prévu » le crash du Germanwings : la catastrophe devait arriver

 
C’est un scénario que l’on envisage actuellement pour le vol Boeing 777 de la Malaysian Airways.
 
Le pilote souligne que l’on espère se trouver à côté d’un copilote équilibré, bien formé, calme en toutes circonstances, « mais comment savoir si quelqu’un ne fonctionne pas tout à fait comme il faut ? » Comment faire confiance à des examens psychiques qui ne sont que le « reflet d’un moment » ?
 
« Que l’on connaisse son copilote depuis longtemps ou qu’on le rencontre pour la première fois, qui peut garantir que l’on puisse lui faire confiance ? Peut-être une chose terrible vient-elle de se produire dans sa vie, qui le rend totalement désespéré. J’espère ne jamais découvrir une telle situation si, revenant d’une visite aux toilettes, je suis confronté à une porte de cockpit qui ne s’ouvre plus. »