Débat : Joe Biden est cuit, mais son désistement est loin d’être acquis : tout bon pour Trump !

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« Joe Biden est cuit, le roi est nul », disions-nous vendredi dernier après le calamiteux débat qu’il a amplement « perdu » (67 % d’un panel sondé par CNN est de cet avis) face à Donald Trump ; ce dernier n’a pas seulement profité de la sénilité visible de son adversaire, il a su en outre ne pas l’écraser, se montrant calme et digne et se contentant de rebondir de temps en temps pour enfoncer le clou là où Biden l’avait lui-même placé. La décision de CNN de couper le micro de celui qui n’avait pas la parole tout au long des échanges l’a avantagé, mais on notera aussi qu’au vu du désastre, les animateurs n’ont pas pris le parti de Biden en coupant Trump ou en lui demandant raison de ses assertions. Avoir un « Sleepy Joe » aussi décalé en face de soi est décidément une aubaine, de telle sorte que la campagne Trump s’attache désormais à flatter le président sortant. Joe Biden, quant à lui, est sous le feu de son propre camp, qui espère le convaincre de se désister de la course à la Maison Blanche. Pas si facile, en fait !

Petit rappel des faits. Biden a fait son entrée sur scène en saluant une foule qui n’était pas là, un choix pourtant imposé par son équipe. Puis, d’une voix éraillée (qu’on attribua à un « refroidissement »), hésitante, ce vieillard de 81 ans qui faisait bien plus que son âge a truffé ses interventions de bégaiements, de regards vides, d’hésitations, de phrases laissées en suspens, d’incohérences telles que Trump a pu remarquer : « Je n’ai pas compris ce qu’il a voulu dire. Je ne pense pas qu’il le sache lui-même. » Trump a l’avantage de la carrure, de la vigueur, de l’à-propos, et il a semé la consternation chez les soutiens de Biden.

 

Débat Trump-Biden : quatre jours plus tard, la consternation continue

Ce qui ne manque pas d’ironie. Le débat, exceptionnel par sa date dans la vie politique américaine qui réserve en principe l’exercice au moment où les concurrents ont reçu la désignation officielle des Républicains et des Démocrates, était censé démontrer aux Américains que Biden avait la forme et les capacités nécessaires à obtenir un deuxième mandat à la tête des Etats-Unis. Ils ont été 71 millions à suivre en direct, selon les estimations, 71 millions qui ont assisté à la destruction des espérances de ce représentant désormais encombrant de la gauche et des mondialistes. A moins que le naufrage n’ait été l’objectif caché, de manière à laisser les Démocrates chercher une autre figure de proue ? Personne, en effet, et surtout l’entourage du Président, ne pouvait ignorer son gâtisme, de certains points de vue intéressant puisqu’il facilite la manipulation à distance d’un des chefs d’Etat les plus puissants au monde.

Alors comment a-t-on pu l’avoir choisi au départ ?

S’il faut en croire un correspondant du Telegraph de Londres, Tony Diver, en conversation avec ses confrères, il y a beaucoup de respect pour la fonction présidentielle aux Etats-Unis, au point qu’il était mal vu dans les dîners en ville de parler de l’état de sénescence de Joe Biden – et en même temps, le camp Démocrate assurait que les images d’un vieux monsieur désorienté qui faisaient la joie des internautes moins convenables de l’autre camp étaient des « faux bon marché » (cheap fakes) obtenus en maniant habilement les coupes et les montages.

Voilà pour l’aspect psychologique. Mais comme le soulignait également Diver, il n’est guère possible, selon les us, les coutumes et les lois politiques aux Etats-Unis, en particulier en ce cas selon les règles internes du parti démocrate, d’empêcher un président en exercice de se représenter. Et une fois approuvé par les grands électeurs, ceux-ci s’engagent – le mot pledge en anglais renvoie au serment – à voter pour lui. Même si d’aucuns assurent désormais qu’il est possible de changer les règles en cours de route, il ne semble a priori possible de remplacer Biden que s’il accepte lui-même de se désister.

Et le remplacer par qui ? C’est une autre histoire.

 

Le désistement de Biden entre les mains de Jill… qui rechigne

En attendant, de nombreux Démocrates se tournent vers son épouse, Jill, qui a un peu irrité son monde, vendredi, en saluant la performance de Joe lors d’un meeting de campagne : « Il n’y a personne que j’aimerais mieux voir dans le Bureau Ovale aujourd’hui que mon mari. »

Les grands donateurs de la campagne, en particulier, se sont montrés soucieux de leur retour sur investissement, tandis que le très Démocrate New York Times a carrément publié un éditorial qualifiant la candidature de Biden d’« intenable » et assurant qu’il devait se retirer « pour le bien du pays ». En public ou en privé, des Démocrates se rebiffent. Mais l’un ou l’autre osera-t-il confronter Biden in vivo pour lui demander de partir ? On continue d’expliquer que Biden a eu un « mauvais moment » : c’est le cas d’Obama, qui a déclaré que l’élection continue d’offrir « le choix entre quelqu’un qui s’est battu pour les gens ordinaires toute sa vie et quelqu’un qui ne se soucie que de lui-même ».

Trump a-t-il vraiment un avantage personnel à s’exposer lors d’une nouvelle campagne alors que ses affaires lui assurent une vie on ne peut plus aisée ? La question se pose, tout comme on peut se demander si l’ex-président Obama n’apprécie pas de pouvoir manœuvrer en coulisses dans un parti conduit par un Biden qui n’arrive même pas à se souvenir de son propre argumentaire.

Jill, qui a dû aider son mari à descendre les marches de la tribune du débat, est celle qui a la main, dit-on dans la presse américaine. Comme Brigitte Macron, elle est professeur de littérature ; à sa différence, elle a neuf ans de moins que son mari ; les deux ont l’habitude de donner le la. D’ailleurs le prestigieux Vogue dresse d’elle un portrait hagiographique ce 1er juillet, la date de publication n’a sans doute pas été choisie par hasard : elle y détaille toutes les raisons pour lesquelles la candidature de son Joe est importante. Vendredi, elle a même déclaré aux supporters de la campagne qu’après le débat, Joe lui avait dit : « Tu sais, Jill, je ne sais pas ce qui s’est passé. Je ne me sentais pas si bien que ça. » Et elle de lui répondre : « Ecoute, Joe, on ne va pas laisser 90 minutes caractériser les quatre années pendant lesquelles tu as été président. »

Maman sait mieux ! (Mais elle aurait sans doute mieux fait de ne pas rapporter cet échange navrant…)

Selon l’Associated Press, c’est elle qui, dimanche, flanquée des enfants et des petits-enfants du couple réunis autour de Biden à Camp David, vient d’encourager Biden à rester dans la course. Hunter se serait montré le plus enthousiaste. Le même jour, de hauts responsables démocrates eux-mêmes ont publiquement appuyé la candidature de Biden.

 

Biden contre Trump : mondialisme piloté contre combativité américaine

On apprend au passage que Joe Biden « fatigue » après 16 heures, ce qui pourrait « expliquer » ses erreurs verbales au cours d’un débat qui s’est tenu à 21 heures. C’est la raison pour laquelle, selon des proches cités par Axios, ses apparitions publiques sont toutes programmées entre 10 heures et 16 heures. Et c’est censé nous rassurer ?

Toujours dans le camp Biden, on reconnaît que le vieil homme a été écrasé par son adversaire, mais on accuse Trump d’avoir « menti » tout au long du débat – et c’est pire, dit-on. Nancy Pelosi pense même qu’il souffre de « démence » et qu’il ne sait même pas quelle est la vérité.

C’est surtout sur le plan économique que les bilans des deux hommes sont comparés (compliqués, bien entendu, par la crise du covid qui eut un fort impact sur la dernière année de la présidence de Trump).

Mais la vraie question est ailleurs : l’un est le champion, ou plutôt la marionnette, comme le montre son état intellectuel, du mondialisme à tout va. L’autre le confronte explicitement et autant qu’il le peut. L’enjeu est là.

 

Jeanne Smits