Nouvelle démolition d’église catholique en Chine : celle de Liangwang, dans le diocèse de Jinan

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Avant la démolition de l’église catholique de Liangwang, les membres de l’église ont suspendu une banderole disant: « Nous soutenons le développement mais protestons fermement contre la démolition. Les gens ont foi, les gens peuvent avoir de l’espoir et le pays peut avoir du pouvoir. »

 

Alors que l’on persiste à nous servir le mensonge des relations détendues entre Pékin et le Vatican, la persécution concrète continue en Chine où, le 17 juillet dernier, une église catholique a été détruite en l’espace de 15 minutes lors d’une opération de démolition surprise mobilisant quelque soixante-dix fonctionnaires et plusieurs bulldozers. L’édifice avait été construit à l’origine en 1920 avant d’être reclassé en tant que demeure privée au cours de la Révolution culturelle. La maison avait été reconstruite et réaménagée en 2006, obtenant alors une licence en bonne et due forme pour le culte chrétien dans le diocèse de Jinan dans la province de Shandong, pour l’Eglise catholique nationale de Chine reconnue par les autorités communistes.
 
Les autorités locales n’avaient pas fait mystère de leur opposition à son implantation, et les responsables de la paroisse étaient en discussion avec le bureau local des affaires religieuses qui voulaient imposer une relocalisation de la paroisse. Mais c’est sans le moindre avertissement, et sans, surtout, que les catholiques de Liangwang n’aient reçu l’assurance de disposer d’un lieu de culte ailleurs, qu’une quarantaine de fonctionnaires communistes ont fait irruption dans le bâtiment le 17 juillet, s’en prenant sans ménagement aux trois femmes gardiennes du lieu saint.
 

Les démolitions d’églises catholiques se poursuivent en Chine

 
Gao Rongli, Zhang Shiling et Li Xiangmei ont été fouillées, leurs téléphones portables jetés à terre et écrasés, avant qu’une quarantaine d’hommes de main les autorités communistes ne les fasse sortir de force de l’église. Plus tard dans la journée, 30 autres hommes sont arrivés avec les bulldozers pour raser l’édifice, non sans démolir l’autel et l’ensemble du mobilier et des décorations de l’église, dont la destruction allait s’achever dans le feu, histoire de bien assurer qu’il n’en restât rien.
 
La destruction s’est inscrite, officiellement, dans le cadre d’un plan de réaménagement et de développement urbain, la zone devant accueillir un nouveau lotissement résidentiel et une gare. Mais cela fait des mois que les fidèles de l’église de Liangwang s’étaient mobilisés contre leur expulsion du lieu, demandant que l’on développe la zone sans pour autant détruire le bâtiment, au demeurant fort modeste.
 

L’église de Liangwang dans le diocèse de Jinan était légale et reconnue

 
Aussitôt après la démolition, ils ont accouru pour prier sur le site et protester contre l’opération « déraisonnable » des autorités. Un nouveau rassemblement a eu le 23 juillet, au cours duquel les catholiques ont protesté et demandé un nouveau lieu pour bâtir une église. L’un d’entre eux a souligné que la démolition de l’église et de la croix qui la surmontait n’est pas moins grave que la destruction de tombes des ancêtres, à l’époque une dalle. « Pouvez-vous imaginer la douleur et la peine que l’on éprouve en voyant que l’on creuse le tombeau de vos ancêtres pour réduire leurs ossements en cendres ? », s’est-il lamenté.
 
Le prétexte du développement urbain cache mal, de toute façon, l’hostilité croissante des autorités communistes à l’égard des l’église chrétienne. L’église de Liangwang est le deuxième lieu de culte catholique démoli cette année dans le diocèse de Jinan après celle de Shilihe, et une troisième est destinée à subir le même sort prochainement à Wangcun. Des temples protestants sont également visés.
 

Eglise catholique de Liangwang, Jinan : les hommes de main des communistes ont détruit l’autel, les décorations et tout le mobilier

 
Voilà plus de deux ans que le programme de destruction a été formulé et préparé. Un universitaire de Hong Kong, le Pr Ying Fuk-tsang, mettait en garde au mois de mai contre la volonté du parti communiste chinois, à travers son Département de travail du front uni qui organise les opérations au niveau provincial, citadin et national. « Après examen de la nouvelle politique religieuse de Xi Jinping, il y a lieu de croire que le comité central du parti communiste chinois cherche à réprimer la croissance rapide des religions », affirmait-il alors. Le plan comporte notamment la formation des fonctionnaires locaux et l’on constate une multiplication des actions visant les lieux de culte eux-mêmes mais aussi la transmission de la foi, puisque les enfants sont officiellement interdits d’assister à des offices religieux dans la province du Henan, la province chinoise comptant le plus de chrétiens.
 

Anne Dolhein