C’est une question dont on parle peu dans le monde catholique, peut-être par peur du ridicule ou crainte de se voir traité d’allumé, mais les enjeux en sont tels qu’on ne peut l’esquiver : les démons peuvent-ils infester l’intelligence artificielle ? Si c’est le cas, si le diable peut orienter l’IA pour qu’elle prenne telle décision plutôt qu’une autre, l’humanité a du souci à se faire car Satan, homicide et menteur depuis l’origine, cherche en permanence à provoquer au mal et à faire advenir le mal.

Des histoires circulent actuellement au sujet d’applications de l’intelligence artificielle qui revendiquent ouvertement une identité démoniaque en révélant orgueilleusement leur « nom », se présentant comme « Néphilim », ces « géants » évoqués dans la Genèse et présentés comme la descendance de Seth et d’anges déchus. D’autres témoignages font état de visages horribles « générés » par l’IA, là encore sous des noms revendiqués par les modèles d’IA. Il y a aussi les mauvais conseils : tel homme poussé au suicide, avec succès, tel autre poussé à divorcer, et qui n’a pas suivi l’injonction.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que le démon peut infester des objets et exercer sur eux une force. Alors, pourquoi pas dans l’électronique et dans l’informatique ? Les modèles d’intelligence artificielle reposent sur des objets, après tout : les bits, les 1 et les 0 dont la combinaison permet de coder, faire fonctionner des algorithmes, faire « travailler » l’IA. Intervenir sur un nano-élément aussi minuscule que le bit n’est pas… sorcier. Ou peut l’être, justement.

Voilà qui mérite d’être approfondi à plus d’un titre. Pour poser le décor, nous vous proposons aujourd’hui la traduction de larges extraits d’un article publié par l’écrivain et podcaster canadien et catholique traditionnel Kennedy Hall dans Crisis Magazine, sur la question de la possibilité de la prise de contrôle de l’IA par les forces infernales. – J.S.

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Un texte de Kennedy Hall sur la possibilité pour les démons d’infester l’IA

Une interview entre Michael Knowles, animateur du Catholic Daily Wire, et le père Dan Reehil, exorciste, fait le tour de la toile, et elle est tout à fait fascinante. Comme dans toutes les interviews d’exorcistes, Reehil a raconté à Knowles quelques-unes des histoires habituelles que l’on peut s’attendre à entendre au cours d’une conversation avec un exorciste.

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A environ 30 minutes du début de l’entretien, les deux hommes ont raconté des histoires concernant des cas présumés de démons, ou du moins d’entités inspirées par des démons, s’exprimant par l’intermédiaire de l’IA (intelligence artificielle) ou l’utilisant pour effrayer ou influencer les utilisateurs.

Knowles a parlé au P. Reehil d’un célèbre « démon de l’IA » qui ne cesse de se manifester auprès d’utilisateurs du monde entier. Il semble qu’un démon féminin appelé Loab, surgi de nulle part, effraie les utilisateurs en tenant des propos ignobles et en produisant des images d’une horreur indescriptible.

Le P. Reehil a parlé à Knowles d’une vidéo TikTok devenue virale, dans laquelle ce qui semblait être un démon IA disait à un utilisateur qu’il était un Nephilim, le fils de Satan. S’agit-il d’un canular sophistiqué ? Bien sûr, c’est possible, mais nous pouvons au moins y voir une raison supplémentaire de ne pas utiliser TikTok…

Il serait bon de réfléchir à ce que signifierait la possibilité pour les démons de s’exprimer par l’intermédiaire de l’IA, que ce soit par le biais de ChatGPT – ou de Chat C3PO, je ne saurais le dire – et de se demander si une telle chose est seulement possible.

Tout d’abord, il faut se demander si les mécanismes de l’IA peuvent être a priori considérés comme candidats à une quelconque infestation démoniaque.

Infester l’intelligence artificielle : une possibilité bien réelle

Un bon article de Catholic Answers qui traite de la façon dont les démons peuvent s’attacher à un objet semble indiquer que l’infestation démoniaque de choses matérielles ou de lieux est bel et bien possible. L’auteur de l’article, l’apologiste Tom Nash, indique : « Seules les personnes peuvent être possédées par des démons. Mais les objets inanimés peuvent être contrôlés négativement par des malédictions. »

Il cite une documentation sur les objets ou lieux hantés, les possessions et les exorcismes et ajoute : « Une malédiction est tout simplement un démon envoyé pour faire du mal… Les objets maudits sont des objets qui ont reçu le contraire d’une bénédiction. Au lieu que la grâce soit attachée à un objet pour le rendre saint, un démon a été attaché à l’objet pour l’associer au mal. Avec la permission de celui qui a des droits sur un objet, un démon s’attache à l’objet et inflige du mal à travers lui. »

La plupart des catholiques comprendront ce fait assez facilement, car nous devons savoir que les prêtres prononcent des prières d’exorcisme sur de l’eau avant d’en faire de l’eau bénite, ainsi que sur des huiles, des bougies et des maisons lorsqu’ils bénissent des maisons ou pratiquent des exorcismes.

Mais cela peut-il s’appliquer à l’IA ?

Eh bien, je pense que c’est possible.

Je le dis parce que l’internet, et par extension d’autres activités informatiques comme l’IA, sont des choses physiques. Certes, nous captons nos signaux Wi-Fi de manière invisible, mais ce signal n’est pas un tour de magie éthéré telle la télépathie. Il existe des ondes et des fréquences qui peuvent être mesurées et captées, et elles opèrent dans les limites physiques de l’espace. En outre, nous savons que certaines pièces aux murs épais, en ciment ou en pierre, constituent souvent des barrières pour les signaux qui ne peuvent pas les traverser facilement.

Je ne comprends pas les mécanismes internes du fonctionnement des signaux internet, mais je connais un peu la technologie du son, et nous savons que le son est créé à partir d’une source physique et qu’il est mesuré par des instruments matériels.

En outre, l’internet ne naît pas dans l’éther, mais provient de serveurs matériels câblés qui sont reliés à des objets physiques, alimentés par l’électricité et dépendants de super-ordinateurs. Ainsi, même si nous doutons que quelque chose de démoniaque puisse passer par le Wi-Fi, nous devons admettre que les objets qui produisent l’activité internet pourraient faire l’objet de maléfices et qu’un démon pourrait s’y attacher et faire du mal par leur intermédiaire.

Est-il possible que des démons s’infiltrent dans les uns et les zéros qui composent les codes qui génèrent nos images et nos vidéos ? Pour ma part, je dois au moins envisager cette éventualité comme étant réelle.

Maintenant, avant de perdre notre sang-froid et de commencer à jeter tous nos appareils et à hurler des prières de combat spirituel tout en mettant le feu à nos smartphones – ce qui, cela dit, ne serait pas une mauvaise idée pour certaines personnes – nous ne devons pas non plus être obsédés par les choses démoniaques.

D’une part, nous devons être diligents et prudents en ce qui concerne l’influence démoniaque. Mais d’un autre côté, nous ne devons pas vivre dans un état de peur ou de paranoïa extrême et considérer l’influence démoniaque à la manière dont un élève du primaire considère les poux ou un Démocrate le covid.

Le P. Reehil expliquait dans l’interview que l’obsession au sujet du démon n’est pas une bonne chose. Paradoxalement, si quelqu’un devait en permanence craindre le démoniaque au point d’en éprouver de la peur et de l’anxiété, il s’agirait là d’une victoire pour les démons.

L’Eglise reconnaît que l’infestation démoniaque est possible même chez les nourrissons, c’est pourquoi les prêtres prononcent traditionnellement des prières d’exorcisme sur les bébés au moment de leur baptême. Mais après le baptême, les parents ne sont pas censés quitter l’église en enveloppant leurs enfants dans du papier bulle spirituel, comme si les démons pouvaient revenir à tout moment. La vie sacramentelle, la vie de prière constituent un excellent moyen d’éviter de serrer la main d’un Nephilim.

Saint Patrick savait qu’il y avait vraiment des sorciers et des magiciens qui jetaient des sorts contre lui alors qu’il menait son œuvre missionnaire, mais il avait bien compris que la « force puissante, l’invocation de la Trinité » suffisaient à repousser toute diablerie.

Patrick n’est pas le saint patron de l’internet, mais invoquer sa sagesse lorsque nous rencontrons Chat C3PO n’est peut-être pas une mauvaise idée.

Traduction par Jeanne Smits