Le Telegraph de Londres a choisi un titre énigmatique pour annoncer la nouvelle méthode de dépistage prénatal agréée par l’assurance santé britannique : « Des centaines de bébés pourraient être sauvés depuis que le test sanguin de la trisomie 21 a été approuvée par la NHS. » Naïvement, on pourrait croire qu’un moyen a été trouvé pour venir en aide aux enfants porteurs de la maladie génétique. Mais à la lecture du sous-titre, le rêve s’évanouit : « Les femmes ne s’exposeront plus à la fausse couche du fait de tests invasifs pour dépister la trisomie 21. » Il convient donc d’expliciter le titre, de comprendre ce qu’il affirme en réalité : au Royaume-Uni, des centaines de bébés sont tués – chaque année ! – par le dépistage de la trisomie 21.
La présentation faite par la presse de ce nouveau test qui nécessite une simple prise de sang est d’un cynisme parfait. Il admet sans critique que l’on ait, pendant de longues années, accepté de tuer des enfants à naître pour être bien sûr de « dépister » les trisomiques pour qui la seule « solution » proposée, hier comme aujourd’hui, reste la solution finale. On ne guérit pas la trisomie 21 et d’ailleurs les seules recherches sur les moyens de le faire reviennent aux institutions privées, comme la Fondation Lejeune… On élimine les bébés porteurs par avortement tardif. En France, 96 % des trisomiques dépistés sont tués. Au Royaume-Uni on a affaire à des statistiques similaires…
Au Royaume-Uni, le dépistage de la trisomie 21 par amniocentèse, c’est 350 morts par an
L’article du Telegraph affirme que quelque « 350 bébés sont perdus tous les ans », victimes de l’amniocentèse proposée aux femmes enceintes jugées à risque de donner naissance à un trisomique : « Certains d’entre eux auraient pu naître en bonne santé », observe la journaliste. 350 « bébés » : personne ne doute de ce qu’il s’agisse de bébés, on ne les cache pas sous l’euphémisme « fœtus », ils sont les malheureuses victimes collatérales de procédures inévitables qui – apprend-on – provoquent également un millier d’infections graves par an chez les mamans.
L’amniocentèse implique en effet l’insertion d’une grande aiguille dans l’utérus de la femme enceinte afin de prélever du matériel génétique : une procédure qui comporte un risque statistique d’un sur cent – selon les estimations les plus basses – de se solder par une fausse couche. C’est donc un risque qu’on prend jusqu’à 35.000 fois par an pour être bien sûr de ne pas laisser passer des enfants avec des défauts génétiques entre les mailles : un eugénisme socialement organisé dont on fait porter le poids aux femmes qui le « choisissent ».
Les tests sanguins ne provoquent pas de fausses couches mais augmentent le nombre d’avortements
La NHS vient donc de recommander que les femmes présentant un risque d’un sur 150 ou davantage d’avoir un bébé porteur d’une trisomie 21 puissent « bénéficier » du nouveau test sanguin qui peut détecter dans le sang prélevé sur la mère l’ADN fœtal et donc les anomalies génétiques de l’enfant qu’elle porte.
La belle affaire ! On tuera un peu moins d’enfants « sains », mais davantage de bébés non conformes… Les femmes britanniques ont en effet déjà recours à ces prises de sang, développées il y a plusieurs années, en dehors du circuit de l’assurance santé, payant de leurs deniers pour faire dépister une foultitude d’anomalies. Si bien que le nombre d’avortements dits « médicaux » est à la hausse au Royaume-Uni.
Selon un article du Daily Mail publié en juin dernier, le nombre d’avortements liés à des anomalies génétiques graves a progressé de 34 % entre 2011 et 2014, soit un total de 3.100 avortements en 2014 contre 2.300 trois ans plus tôt. La plupart des 800 « éliminés » supplémentaires étaient porteurs d’une trisomie 21 ; mais on en a également compté 10 qui souffraient simplement d’un bec-de-lièvre, opérable…
Des centaines de bébés sacrifiés au Royaume-Uni sur l’autel de l’eugénisme
Si nombre de femmes demandent ces tests sanguins uniquement pour pouvoir se préparer aux difficultés de la naissance d’un enfant handicapé, il ne semble pas qu’elles forment la majorité. Au contraire, les statistiques montrent la progression de l’eugénisme « choisi » et le recours de plus en plus fréquent à l’avortement tardif, au-delà de la viabilité de l’enfant : en 2011, il y a eu 146 avortements médicaux au-delà de la limite légale de 24 semaines, contre 211 en 2014, soit 44 % de plus.
A 500 livres par test, le dépistage sur prise de sang n’est pas à la portée de toutes, mais la tendance est donc clairement à la hausse, avec les avortements correspondants, et une fois la procédure remboursée la boucle sera bouclée.
On s’inquiète aujourd’hui des risques d’erreur liés aux tests sanguins qui peuvent livrer de faux positifs. L’article du Mail en juin dernier affirmait qu’avec une marge d’erreur d’un pourcent, ces tests avaient déjà conduit à des avortements « médicaux » d’enfants sains.