Déserts en Italie : c’est la démographie, pas le climat. Meloni s’adapte.

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L’Italie devient une mosaïque de déserts et le réchauffement du climat n’y est pour rien. On en parle depuis cinquante ans. Tout d’un coup, alors que l’Europe résonnait encore du miracle italien et que triomphait Cinecittà avec la Loren, la Cardinale et les autres, l’Italie, qui fournissait en émigrants l’Occident depuis cent cinquante ans, de Hambourg à New York et Buenos Aires en passant par la France, la Belgique et le Luxembourg, commença à se racornir. On ne s’inquiéta d’abord pas trop, il y avait tant de lave à sécher, de bassines de pâtes, de chansons. Puis la natalité de l’Italie de souche a plongé inexorablement pendant que les familles de plus en plus maigres mettaient de plus en plus de vieux à l’hospice. Le phénomène, commencé en 1970, s’accélère : la fécondité baisse en même temps que le nombre des mères. Aussi des districts entiers sont-ils devenus déserts, la démographie est à plat, sans remède apparent. La dernière étude de l’ISTAT, l’Institut national italien de statistique est sans appel, les données provisoires pour 2025 sont pires que pour 2024, qui étaient pires que pour 2023. Le vide appelle l’immigration qui aggrave les choses. Giorgia Melonia fait de la démographie une grande cause pour l’Italie et l’Europe, mais elle ne peut pour l’instant qu’adapter le pays au désert et à la mort. Le plan stratégique national pour les zones intérieures 2021-2027 l’avoue. Il provoque l’indignation de l’opposition, des syndicats, de nombreux maires et de la hiérarchie épiscopale qui y voient un « abandon thérapeutique ».

 

Les chiffres diaboliques de la démographie en Italie

Les chiffres sont d’une simplicité diabolique. En 1965, il y eut un million et dix-huit mille naissances, avec un taux de natalité de 19,5 et un indice de fécondité de 2,66 enfants par femme. En 1975, il y avait encore huit cent quarante-deux mille naissances, avec un taux de natalité de 15,1 et un indice de fécondité de 2,21, qui assurait encore le renouvellement des générations. En 1985, il n’y eut plus que 589.000 naissances, pour un taux de natalité de 10,4 et un indice de fécondité de 1,42. Aujourd’hui, le taux de natalité approche de 6, la fécondité est tombée sous 1,15, et le nombre de naissances est inférieur à 370.000 par an (dont un quart de parents étrangers). On naît près de trois fois moins en Italie que voilà soixante ans, et l’on y meurt un peu plus (654.000 décès contre 517.000 en 1965) : résultat, le pays vieillit en attendant de mourir. La population de souche diminue déjà depuis vingt ans, seul le solde migratoire a permis que la population totale se maintienne à peu près, mais elle menace de s’effondrer vite. Les projections varient. Certaines prévoient une perte de 4 millions d’autres de 16 d’ici à 2050, d’autres encore une régression à 31 millions d’habitants en 2100, soit une chute de moitié.

 

Le climat de la démographie en Europe est au désert

Une étude plus fine de l’ISTAT, parue le 21 octobre, ne porte pas à plus d’optimisme. On a compté 369.944 naissances en Italie en 2024, près de 10.000 de moins qu’en 2023, soit une diminution de 2,6 %. Le nombre moyen d’enfants par femme en Italie (indice synthétique de fécondité, qui doit atteindre en gros 2,1 pour que le renouvellement des générations soit assuré), qui s’établissait à 1,20 en 2023, est passé à 1,18 en 2024, et devrait tomber à 1,13 en 2025, selon les données provisoires. C’est un peu moins grave qu’en Espagne mais bien pire qu’en Allemagne. L’ISTAT conclut : « Les naissances reculent et la fertilité atteint un plancher historique. » L’institut donne des explications sociologiques du phénomène, l’allongement des études, la précarité de l’emploi et les difficultés d’accès au logement, qui retardent le départ des jeunes du foyer familial : « Cela peut s’accompagner du choix de renoncer à la parentalité. » Mais l’explication ne suffit pas : l’Italie fut prolifique quand il était très difficile d’y vivre, preuve en est l’émigration d’hier. L’ISTAT le reconnaît sans le dire en mesurant le métissage en cours : les naissances de deux parents italiens ont régressé de 3,3 % en 2024 et ne représentent plus que 78 % du total, alors que les naissances de deux parents étrangers ne diminuent que de 1,7 % et que les naissances de couples mixtes progressent de 3 %. La nature ayant horreur du vide, le métissage commence. Et ce métissage a ses préférences. 52,9 % des naissances des couples mixtes ont un parent italien et un « parent » ukrainien, le plus souvent la mère. Quand le père est étranger, il est le plus souvent tunisien (17,1 % des bébés de couples mixtes).

 

Meloni face au désert dans un climat de mort

Pour en revenir aux tendances baissières de fond, de tels mouvements de population entraînent des difficultés énormes. La croissance d’une population jeune en cause aussi, mais permet une dynamique économique et sociale qui trouve des solutions aux problèmes posés. La vieillesse et la mort créent des déserts tristes. Le « plan stratégique » révisé par le gouvernement de Giorgia Meloni donne un peu l’impression d’une extinction des feux. Il pose en principe que pour plusieurs territoires de l’Italie, plus pauvres, plus âgés, moins actifs, moins desservis par les moyens de transports, « aucun objectif d’inversement d’inversion de tendance » n’est réaliste. Et l’étude fine de la démographie italienne par régions annexée au plan par le démographe Alessandro Rosina préconise donc un « accompagnement dans un processus de dépeuplement irréversible » qui vise à rendre « socialement digne » pour ceux qui y vivent encore provisoirement. En somme il s’agit de gérer le déclin pour le rendre « soft » et supportable. Les maires ruraux les plus concernés dénoncent « un manque de vision » et 135 évêques d’Italie ont adressé à Giorgia Meloni une lettre déplorant ce « suicide assisté » et soulignant que le vocabulaire choisi par le gouvernement conduit immanquablement à l’abandon. Mais utilisent-ils, eux, le bon vocabulaire et ont-ils bien saisi le problème ?

 

Dans une Italie aux soins palliatifs, l’effort nataliste de Meloni ne paie pas encore

En dehors des mots, il n’existe que deux moyens de résoudre le problème que pose la démographie à l’Italie : la natalité et l’immigration. On sait que le Vatican, les syndicats et la gauche ont choisi l’immigration, hélas sans penser aux inconvénients majeurs (le mot est choisi à titre de litote) qu’elle entraîne. Reste la natalité. Depuis 2021, l’Italie accorde une allocation familiale universelle importante aux 5,6 millions de foyers qui ont les 8,9 millions d’enfants de la péninsule. L’effort est apprécié mais n’a encore eu nulle incidence sur la courbe des naissances qui continue de baisser. Il y a trois raisons à cela au moins. La première est une constante en démographie, une politique familiale demande du temps à faire effet. La seconde est que l’Italie part de très loin. Son indice de fécondité est à près d’un point du taux de renouvellement et son indice de vieillesse est le plus élevé d’Europe, ce qui laisse très peu de temps pour agir et peu de marge de manœuvre. La troisième est que l’argent n’est qu’un moyen, c’est dans la tête, comme tout, que se font les enfants. On parlerait plus justement en Italie de « soins palliatifs » que de « suicide assisté ». Le suicide a déjà eu lieu, ou du moins le choc effroyable pour la société italienne, et il faut maintenant dire comment ça s’est passé et qui est responsable.

 

Déserts inévitables : en démographie, l’espoir est spirituel

Pour cela commençons par utiliser les bons mots. On parle beaucoup de « transition », confondant sous ce terme des réalités diverses. Ainsi la « transition énergétique » désigne-t-elle la ruine et le pillage de l’Occident par l’imposture du climat, tandis que la « transition démographique » signifie une régression différenciée des peuples menant à la mort le Nord blanc. En Europe, et singulièrement en Italie, ce populicide nommé improprement suicide devrait plus justement s’appeler génocide, puisque ce sont les autochtones qui sont ciblés. Comment a-t-il eu lieu ? Le socialisme en appauvrissant l’économie, la baisse du sens national et du sens moral, lié à l’affaiblissement de l’Eglise concomitant à la croissance de l’hédonisme matérialiste et individualiste, l’avortement, le féminisme, le mouvement LGBT, enfin l’immigration par l’insécurité multiple qu’elle engendre, ont, faisceau mortel, dissuadé les familles. C’est la raison d’un effondrement inouï, d’origine mentale avant d’être matérielle. Bien plus lourd que la précarité pécuniaire pèse le manque d’envie de se perpétuer qu’engendre la perte du sens. Les lendemains radieux promis par l’arc-en-ciel amènent en fait la mort. Toute l’Europe en est menacée. L’Italie en prend acte de façon funèbre et brutale. Nous sommes devant la catastrophe démographique que de fausses catastrophes (pandémies, climat, etc) ont eu pour but de cacher. Giorgia Meloni tire la sonnette d’alarme. Elle est chrétienne, elle ne saurait laisser aux seuls technocrates l’espoir de la vie en Italie. Mais elle ne peut pas faire que les millions de bébés assassinés soient présents ni que d’autres millions de naissances dissuadées peuplent un sol aux déserts désormais inévitables, au moins temporairement. Une re-naissance, le mot tombe à pic, ne peut venir que d’un regain spirituel et religieux.

 

Pauline Mille