La gauche a poussé des cris d’orfraies, depuis deux jours, à l’occasion de la visite que Nicolas Sarkozy a rendue à Vladimir Poutine à Moscou. Une diatribe qui semble s’adresser beaucoup plus au futur candidat de la droite à l’élection présidentielle qu’à l’homme politique en tant que tel. Il faudrait sinon pointer du doigt tous ceux parmi ces hommes politiques qui, à un moment ou à un autre, se rendent à l’étranger.
Il est vrai que, en bateleur avisé qu’il est, l’ancien président de la République, qui n’aspire qu’à le redevenir, avait orchestré l’écho médiatique autour de ce déplacement. Nicolas Sarkozy a notamment estimé qu’il était dans son rôle de chef de l’opposition en allant rencontrer Vladimir Poutine.
Visite de Nicolas Sarkozy à Vladimir Poutine
Au cours d’une conférence qu’il a donnée à l’Institut d’Etat des relations internationales de Moscou, et à l’occasion de laquelle il a été fait « docteur honoraire », Nicolas Sarkozy a insisté sur le statut spécial de la Russie. « La Russie, a-t-il affirmé, se trouve en Europe, mais ce n’est pas l’Europe. La Russie se trouve en Asie, mais ce n’est pas l’Asie. La Russie ne peut être que russe ! »
Tout en se présentant comme un ami de la Russie, il a tenu à nuancer cette démarche face aux critiques qu’elle a suscitées : « Mais un vrai ami ne vous dit pas ce que vous voulez entendre. Un ami a des convictions, il parle franchement. »
Néanmoins, le président des Républicains a estimé qu’il ne fallait, « dans le monde qui est le nôtre (…) à aucun prix accepter une nouvelle guerre froide ».
« La Russie est indispensable au monde ; sans la Russie nous ne pourrons pas relever les grands défis et les immenses crises auxquels nous sommes confrontés », a-t-il conclu.
Nicolas Sarkozy a ensuite rencontré Vladimir Poutine, mais chacun des deux hommes est resté discret sur la teneur de cet entretien, concédant simplement avoir évoqué les dossiers importants du jour.
Diatribe de gauche
Manuel Valls n’a guère apprécié ce déplacement de Nicolas Sarkozy, et l’a appelé à ne pas nuire à l’unité de la France sur la scène internationale : « Ce que je demande aux leaders de l’opposition, [c’est] qu’ils ne mettent pas en cause ce qui est aujourd’hui engagé ; il faut de l’unité, c’est aussi un élément de force, de crédibilité pour la France à l’extérieur. »
Le secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, Thierry Mandon, a été plus direct encore en regrettant que Nicolas Sarkozy vienne « parasiter la diplomatie de la France » – diplomatie qui, au passage, ne semble pas ressortir de son domaine de compétences…
Cette critique gouvernementale semble le signe d’un égarement certain. Jusqu’à preuve du contraire, Nicolas Sarkozy n’a pas actuellement autorité pour engager la parole de la France, et on ne voit donc pas en quoi sa rencontre avec le chef du Kremlin viendrait changer quoi que ce soit aux actuelles prises de position de la diplomatie française.
Qui plus est, Manuel Valls a trop connu l’opposition pour ne pas nous jouer le coup, alors qu’il est au pouvoir, de la solidarité et de la crédibilité françaises…
La réponse de l’ancien président
Quoi que l’on puisse penser par ailleurs de Nicolas Sarkozy, celui-ci a affirmé ne pas être venu en Russie pour « polémiquer », mais parce que « les désaccords ne peuvent être surmontés que par le dialogue ».
En réalité, ce n’est pas tant sur la question des relations avec la Russie que les critiques se concentrent réellement ; c’est bien plutôt contre le risque de voir Nicolas Sarkozy retrouver une nouvelle aura. S’il en était besoin, la critique qu’Alain Juppé a cru devoir faire de cette visite à Moscou de son adversaire pour la primaire viendrait confirmer ce que ce brouhaha a d’insignifiant…