La course à la présidentielle se jouera sur « la compétence », pas sur « la gentillesse », avait déclaré en ce début d’année le candidat à la primaire républicaine américaine, Donald Trump… Aussitôt dit, aussitôt fait : lundi, le milliardaire diffusait les trente secondes de son premier spot publicitaire : un ton agressif ciblant les musulmans et les immigrés, et mettant surtout directement en cause la politique d’Obama et d’Hillary Clinton. Et si c’étaient eux, les créateurs de l’État Islamique ?!
Le Washington Post parle de « provocation ». Le Nouvel An ouvre, en tout cas, les hostilités.
Les images « choc » de Donald Trump
Les primaires approchent, la campagne doit s’intensifier. Trump joue sur ses cordes les plus politiquement incorrectes – et les plus attendues. Son court spot publicitaire mêle lancement de missiles, attaques terroristes et immigrés accrochés aux barbelés des frontières.
Plus fort : il y mêle des images de la candidate démocrate Hillary Clinton et du président Obama, ainsi que des photos du couple de terroristes musulmans responsables de la mort de quatorze personnes à San Bernardino, au début du mois de décembre…
Une voix off rappelle sa proposition : empêcher les musulmans d’entrer sur le territoire américain « jusqu’à ce qu’on détermine ce qui se passe exactement » – une proposition qui tranche avec l’air du temps et qui fut, de fait, largement condamnée par la classe politique américaine et internationale. Elle évoque également sa promesse d’ériger un mur entre les États-Unis et le Mexique pour bloquer le passage aux immigrés, mur « qui sera financé par l’État mexicain »…
Les grands médias contre lui
C’est son premier spot vidéo – il s’était contenté jusque-là de messages radiophoniques. Et compte en réaliser un certain nombre d’autres, à raison de 2 millions de dollars par semaine, financés grâce à ses deniers personnels. Celui-ci sera diffusé dans les deux premiers États à voter début février dans le processus des primaires républicaine et démocrate pour l’élection présidentielle de novembre.
Trump demeure en tête de cette primaire, malgré l’action conjointe des grands médias de gauche qui dominent la presse et réalisent une remarquable course « anti-Trump ». Il lui avaient déjà sorti la vidéo de propagande diffusée par un groupe terroriste somalien al-Shabaab qui utilisait ses discours pour montrer combien les États-Unis étaient racistes et anti-musulmans (sans jamais mentionner bien sûr, qu’Obama avait lui aussi servi dans de pareils outils de recrutement, en 2013)…
Cette fois-ci, on retient contre lui que les photos aériennes d’immigrés aux frontières issues de sa publicité ne proviennent pas du territoire mexicain, mais de l’enclave espagnole de Melilla, au nord du Maroc… Et alors ?! a répondu Trump. Cette image a été choisie « pour montrer le grave impact d’une frontière ouverte et la vraie menace à laquelle font face les Américains, si nous ne construisons pas immédiatement un mur pour arrêter l’immigration clandestine ».
Mais de fond, on ne doit pas parler ! Et c’est précisément ce qui rend la parole de « The Donald », comme on le surnomme, si attrayante. La langue de bois y voit sa défaite et les voiles tombent – du moins certains. Samedi soir, lors d’un meeting dans l’État du Mississippi, il a tout de go déclaré que Barack Obama et l’ancienne secrétaire d’État Hilary Clinton étaient responsables de la création de l’État Islamique…
Le gouvernement américain n’a pas voulu larguer de bombes sur les sites pétroliers de l’État islamique au Proche-Orient, ainsi que lui-même le préconisait. « C’est une bande de gens malhonnêtes (…). Ils ont créé l’État Islamique. Hillary Clinton l’a créé avec Obama – oui, avec Obama. J’aime faire des pronostics puisqu’en fin de compte, les gens ont besoin de quelqu’un de clairvoyant ».
Intègre, il ne faut pas rêver… « Clairvoyant » sur un certain nombre de sujets, il faut le reconnaître. Il l’est tout autant sur les armes lorsqu’il affirme aux Américains que, bientôt, ils ne pourront plus en détenir, vu le déploiement tout récent de la procédure anti-Congrès d’Obama, via décrets et propositions … sa patte finale avant la fin de son mandat.
La prise de position contre Trump du milliardaire et idéologue patenté Georges Soros dans le Guardian du 28 décembre est d’elle-même éclairante : l’Establishment n’en veut pas. Mais les sondages le voient grimper – la question est de savoir jusqu’où. Une chose est sûre : il ne plaît pas seulement « aux électeurs blancs qui n’ont pas fait d’études à l’université » comme a pu le décrire la NBC…