DRAME Don’t worry, he won’t get far on foot ♥


 
Don’t worry, he won’t get far on foot, est un titre mystérieux qui renvoie à la légende d’un dessin comique bien connu aux Etats-Unis, Ne t’inquiète, il n’ira pas loin à pied, en parlant d’un handicapé qui vient de quitter sa chaise roulante. Pour oser se moquer, avec un goût discutable qui plus est, des handicapés, il faut l’être soi-même. Le réalisateur Gus Van Sant propose une biographie d’un personnage célèbre aux Etats-Unis, John Callahan. Inconnu en France, Callahan exerce un art s’approchant de celui des caricaturistes du Canard Enchaîné, voire de Charlie-Hebdo. S’il n’est pas sans talent graphique, ses caricatures anarchisantes, à l’occasion anticléricales, ne sont franchement pas de notre goût. Les milieux qu’il fréquente, progressistes californiens – avec bien sûr, dans ce contexte, quelques homosexuels militants -, ne sont guère recommandables non plus… Aussi avons-nous franchement hésité à voir ce film. Pourtant, Don’t worry, he won’t get far on foot, qui s’adresse de toute façon à un public d’adulte très avertis, se montre fort intéressant sur deux sujets importants, deux véritables questions de société, traitées de façon juste : la lutte contre l’alcoolisme et l’insertion des handicapés dans la société.
 

Don’t worry, he won’t get far on foot, un quasi-documentaire sur l’insertion sociale des handicapés et la lutte contre l’alcoolisme

 
John Callahan (Joaquin Phoenix) est devenu paraplégique suite à un grave accident automobile. Cet accident a été causé, au moins indirectement, par son vice de l’alcoolisme : complètement ivre, il est monté, au milieu de la nuit, dans la voiture d’une vague connaissance, tout aussi alcoolisée que lui. Le film comporte des scènes à la fois dures moralement et justes, sur le fait que le handicapé doit apprendre à vivre avec son corps physiquement diminué. Se déplacer en fauteuil roulant est faussement simple. Il faut aussi gérer un corps qui n’est plus autonome, ou trop peu, pour des questions d’hygiène notamment. C’est aussi dur qu’intéressant. On se serait seulement passé de la question de la sexualité des handicapés, brièvement évoquée. John Callahan cherche aussi à se réinsérer autant que possible dans la société, en commençant par la difficile quête d’un travail. Le héros du film aura la chance de pouvoir finalement vivre de ses petits dessins, mais la difficulté générale est bien rendue.
 
De même, comment vaincre l’alcoolisme ? Il ne peut s’agir que d’une démarche volontaire, et reposant sur une lutte permanente. Le film s’appuie sur les programmes des Alcooliques Anonymes, qui sont remarquablement bien pensés et justes psychologiquement. L’alcoolisme est une fuite de soi-même. Pour guérir de son vice, il faut se regarder en face, et ne pas se chercher d’excuses. La prière peut aider à donner la force nécessaire à l’âme. Au moins cette nécessité de la prière est-elle reconnue, même si le christianisme originel de la démarche peut hélas se dégrader en vague spiritualisme à l’occasion en Californie.
 
Don’t worry, he won’t get far on foot peut vraiment intéresser par son aspect quasi-documentaire sur l’insertion sociale des handicapés et la lutte contre l’alcoolisme.
 

Hector JOVIEN