Réformes de Mohammed bin-Salman : bientôt des églises en Arabie saoudite ?

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T’as qu’à croire… Dans un blog du média catholique américain, New Catholic Register, Thomas Craughwell s’attaque aux promesses d’aggiornamento du prince héritier d’Arabie saoudite, le prince Mohammed bi-Salman, grand promoteur de la modernité et de la tolérance mais pas pour autant annonciateur de la liberté des chrétiens. Bientôt des églises dans le royaume wahhabite, ou une cathédrale à la Mecque ? Il n’y a aucune chance.
 
C’est au cours d’une visite officielle du prince arabe auprès de Justin Welby, archevêque anglican de Cantorbéry, que celui-ci a demandé que le roi Salman lève l’interdiction pour les chrétiens de pratiquer leur culte et leur permette de construire des églises.
 
La réponse de Mohammed bin-Salman a été rapportée en ces termes par le porte-parole de l’archevêque anglican : le prince héritier « s’est fortement engagé à promouvoir l’épanouissement des membres de différentes traditions religieuses, et à mener le dialogue inter-religieux au sein du royaume ainsi qu’au-delà de ses frontières ».
 

L’Arabie saoudite de Mohammed bin-Salman, « tolérante » jusqu’à un certain point

 
En d’autres termes, c’est « Non », observe Thomas Craughwell.
 
Celui-ci rappelle que l’Arabie saoudite n’admet aucune construction de lieux de culte étranger à l’islam, se contentant de détourner les yeux quand des cérémonies cultuelles non islamiques sont organisées, à la condition expresse qu’aucune publicité ne leur soit donnée, pas même par une annonce punaisée sur un panneau d’affichage. L’endroit doit être discret et ne saurait être permanent, que ce soit pour des troupes américaines stationnées en Arabie ou pour les trois à 4 millions de travailleurs chrétiens présents dans la péninsule.
 
Une première mission envoyée par le pape Benoît XVI en 2008 pour obtenir la possibilité de construire des églises s’était heurtée à un refus.
 

Les églises en Arabie saoudite… offenseraient l’islam

 
Et pendant l’opération Desert Storm, rapporte encore le NCR, l’aumônier catholique des troupes américaines stationnées à Riyad s’était vu interdire par les autorités du gouvernement des Etats-Unis de pouvoir aux besoins spirituels des très nombreux catholiques vivant dans la capitale qui n’avaient même pas le droit de venir dire leur chapelet avec les soldats américains, et ce pour ne pas offenser l’allié saoudien.
 
Ce prêtre, le P. Randall Roberts, a raconté dans ses carnets de souvenirs la soif des sacrements qu’il a pu constater chez les catholiques travaillant en Arabie. Tel ce Philippin qui avait aperçu à travers le grillage d’une vielle clôture l’autel de fortune où il célébrait la messe dans un centre aéré abandonné, seul lieu qui lui fût autorisé par les autorités saoudiennes :
 
« Le jeune homme se pressait contre la clôture. Il semblait tendre tout son corps – ou au moins son cœur – à travers la barrière grillagée, comme de l’eau passant à travers un filtre, essayant de se rendre davantage présent au rituel sacré qui lui faisait si cruellement défaut et qu’il chérissait. La véritable extase marquant son visage pendant qu’il assistait au Saint Sacrifice de la messe – alors qu’il lui était impossible de s’approcher davantage – est une image qui restera gravée dans mon cœur, indélébile, jusqu’à ma mort. »
 

Jeanne Smits