Elections de mi-mandat : bilan favorable à Trump, mais il doit se méfier des candidats libertariens et des « Swing states »

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Donald Trump a amélioré sa majorité au Sénat de deux sièges aux élections de mi-mandat. On ne dira jamais suffisamment combien le Sénat est une assemblée-clé qui, outre un pouvoir législatif équivalent à celui de la Chambre, contrôle la nomination des hauts-fonctionnaires et juges fédéraux, contrairement aux représentants. Le Sénat incarne le contrôle des Etats, représentés à parité, sur le gouvernement fédéral. De quoi justifier l’expression « d’énorme succès » employée par Donald Trump. Pour autant, les 27 sièges républicains perdus à la Chambre sonnent comme des avertissements. Ils montrent que le président s’affaiblit dans les Etats indécis, les swing states, qui avaient permis son élection. Et ils n’auraient pas été si nombreux si des candidats libertariens n’étaient venus siphonner des voix républicaines.
 
Au demeurant, à la Chambre, le parti républicain n’a pourtant pas tant démérité, surtout quand on sait le parti-pris obsessionnellement anti-Trump des gros médias – excepté Fox News – et de tous les réseaux sociaux. Par contraste en 2010, premières élections de mi-mandat pour Barack Obama, les Démocrates avaient perdu 63 sièges, puis 13 autres aux secondes élections de mi-mandat d’Obama, en 2014.
 

Trump est un des rares présidents à gagner des sénateurs aux élections de mi-mandat

 
Cette année, les Républicains ont gagné trois sièges de sénateurs (Indiana, Missouri et Dakota du Nord) et en ont perdu un (Nevada). Appliquant la même stratégie qu’en 2016, Donald Trump a ciblé sa campagne dans les circonscriptions indécises. Il a réussi à devenir le deuxième président – après Reagan – à gagner des sièges au Sénat aux élections de mi-mandat alors que son taux d’approbation est inférieur à 50 %. L’échec au Texas, face à Ted Cruz, de Beto O’Rourke, star montante de la gauche démocrate aux 38 millions de dollars de frais de campagne, est emblématique.
Depuis 1946, un président en exercice n’a gagné de sièges au Sénat aux élections de mi-mandat qu’à cinq reprises. En 2014, Obama y avait perdu 9 sièges, avec un taux d’approbation proche de celui de Donald Trump. Plus loin, aux élections de mi-mandat de 1958, Eisenhower avait perdu 13 sièges de sénateurs malgré un taux d’approbation de 57 %. Donald Trump s’est plongé dans la bataille pour les sièges-clés, tenant plus de réunions que ses prédécesseurs Obama ou Bush. Cette stratégie a payé, les sondages montrant que la popularité du président avait augmenté à un niveau permettant la victoire du républicain : 62 % au Dakota du Nord, par exemple. Le contact direct a vaincu la propagande médiatique.
 

Cinq swing states qui avaient permis l’élection de Trump ont élus des Démocrates

 
Pour autant, Donald Trump devra tenir compte d’autres données, moins favorables à son éventuelle réélection en 2020. Cinq Etats indécis traditionnellement, les « swing states », qui avaient permis son élection en 2016, sont repassés au camp démocrate : Ohio, Iowa, Wisconsin, Michigan et Floride. Sur 69 districts électoraux de ces cinq Etats cruciaux, 48 ont enregistré un basculement en défaveur des Républicains, 10 les ont vu améliorer leur score et 4 sont restés stables. Les Démocrates ont ainsi gagné 4 sièges de représentants sur les républicains dans ces Etats indécis. De tels résultats peuvent laisser espérer aux Démocrates une victoire sur Donald Trump en 2020.
 
Reste une autre inconnue de taille, celle des candidatures « parasites », celles qui n’émanent d’aucun des deux grands partis. Les Américains ne semblent plus hésiter à voter pour des candidats qui ne sont aucunement en mesure de l’emporter.
 

Libertariens et indépendants ont permis l’élection de Démocrates

 
Cette année, ces libertariens et indépendants, qui portent souvent des valeurs opposées à l’étatisme démocrate, ont causé la défaite d’au moins quatre Républicains à la Chambre des représentants. En Virginie Occidentale, le Démocrate Manchin l’a emporté sur le Républicain Morrissey de 18.936 voix alors que le libertarien Hollen a réuni 24.231 voix. En Iowa, la Démocrate Axne l’a emporté sur le sortant républicain Young par 5.230 voix alors que le libertarien Holder a réuni 7.005 voix et deux indépendants 3.177. En Floride, le candidat républicain au poste de gouverneur Ron De Santis a failli être battu par un Démocrate gauchiste, Andrew Gillum, en raison de la présence de quatre candidats marginaux qui ont réuni 100.000 voix.
 
Reste que pour 2020, l’enjeu résidera aussi dans le programme démocrate. Or sa bascule vers la gauche nihiliste de Bernie Sanders, voire le communautarisme le plus exacerbé, pourrait lui coûter cher. Le Colorado a élu le premier gouverneur – démocrate – ouvertement homosexuel de l’histoire américaine. Au Minnesota, les Démocrates ont fait élire Keith Ellison au poste de procureur de l’Etat. Ce musulman radical converti du catholicisme, premier mahométan élu à la Chambre (2006), soutient Louis Farrakhan (Nation of Islam) et le tueur de policier Mumia Abu Jamal. Les Démocrates ont fait élire, pour le remplacer à la Chambre, une ex-réfugiée somalienne, Ilhan Omar, qui épousa son frère pour le régulariser. Les Démocrates ont échoué en revanche au Vermont, où « Christine » Hallquist, transsexuel, était leur candidate au poste de gouverneur. Mais le geste était lourd de sens.
 
Matthieu Lenoir