Elections néerlandaises : défaite de Wilders et du populisme ?

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Geert Wilders

 
Le parti du Premier ministre en exercice des Pays-Bas, le parti libéral VVD de Mark Rutte, sort en tête des élections législatives néerlandaise marquées par une participation très importante. Pour l’Europe européiste, qui regardait avec anxiété le scrutin qui promettait d’être dominé par Geert Wilders, le « populiste » anti-islam, c’est un soulagement. Rutte proclame que la politique actuelle du gouvernement a obtenu sa récompense. Mais le VVD a perdu des sièges, le parti de la liberté (PVV) de Wilders en a conquis, et le ton de la politique s’est clairement porté à droite.
 
La coalition au pouvoir, le VVD et son allié travailliste PvdA ont perdu près de la moitié de leurs sièges à la chambre basse qui en compte 150, répartis à la proportionnelle intégrale. Les travaillistes prennent même la claque la plus spectaculaire de leur histoire, passant de 38 à neuf sièges selon des résultats provisoires jeudi matin.
 

Les élections néerlandaises marquées par les priorités de Wilders

 
C’est dans la dernière ligne droite que Wilders a perdu son avance importante qui avaient laissé croire à la possibilité qu’il remporte la première place. Cela n’aurait de toute façon pas suffi pour le mener au pouvoir, vu les lois électorales qui imposent quasiment le recours aux alliances de gouvernement, aucun parti ne pouvant prétendre à la majorité absolue.
 
Mais on a vu se multiplier les mises en garde contre le « populisme », l’« extrémisme », la « xénophobie », l’« islamophobie » de Wilders. Cela a-t-il porté ?
 
Un autre facteur, inverse, a joué en faveur de Mark Rutte qui au cours des tout derniers jours précédant le vote a pu adopter une posture anti-turque en contrant vigoureusement la venue d’Erdogan pour faire campagne auprès de la communauté turque aux Pays-Bas. Il a droitisé sa politique, coupant l’herbe sous le pied de Wilders. Pas assez toutefois pour obtenir la même adhésion qu’aux élections de 2012 : le VVD est passé de 26,5 % des voix il y a cinq ans à un peu plus de 21 % aujourd’hui. En définitive, il lui aura suffi de limiter les dégâts pour arriver en tête, mais il serait absurde de parler d’une victoire retentissante.
 

Défaite de Wilders et du populisme ? Pas si vite !

 
On peut espérer en tout cas que la coalition de gouvernement qui sortira de ces élections ne se construira plus avec les travaillistes partisans de toutes les révolutions « sociétales », laminés.
 
Les Pays-Bas ont-ils « mis le holà » au populisme, selon l’expression de Rutte ? En réalité, le PVV de Wilders ne s’en tire pas si mal, puisqu’il gagne 33 % de sièges, passant de 15 à 20 selon les résultats provisoires, et s’affiche parmi les grands partis en progression. Le parti de la liberté devient le deuxième parti des Pays-Bas, devançant probablement les chrétiens démocrates (19 sièges, 6 de plus qu’en 2012) et les centristes D66 (19 sièges, 7 de plus qu’en 2012).
 
Wilders s’est-il donné à fond dans cette campagne ? Son refus de participer aux débats nationaux et locaux télévisés lui a certainement coûté des voix. Son potentiel demeure ainsi plus grand que son résultat, note Elsevier, soulignant qu’il a réussi en tout cas à imposer ses points de vue dans la campagne, à tel point ses adversaires en ont adopté certains.
 
La logique voudrait que la droite néerlandaise construise une alliance avec lui. Mais il ne faut pas trop y compter…
 

Anne Dolhein