Elections régionales : une défaite généralisée ?

Elections régionales défaite généralisée
 
Sur les treize régions (en métropole) que compte désormais la France, la droite en a donc remporté sept, la gauche cinq, et la Corse est tombée dans l’escarcelle d’une liste régionaliste, en ce second tour des élections régionales. Le Front national qui, avec 27,10 % des suffrages, engrange 6.820.147 voix, soit tout de même plus de 800.000 voix qu’au premier tour n’en a aucune. Et, si l’on en croit les déclarations d’hier soir et les éditoriaux de ce matin, il s’agirait d’une défaite généralisée, chacun des trois camps annonçant la défaite des deux autres.
 
On pourrait, sans doute, multiplier les réflexions, les explications, les justifications, et nul doute que, dans les jours à venir, nous allons avoir droit à quantités de discours, de déclarations et de tribunes en ce sens. Mais il semble que l’on puisse déjà répondre beaucoup plus facilement à la question des victoires et des défaites au cours de ce scrutin en prenant le contre-pied systématique des principales déclarations faites par chacun des intéressés au soir des résultats du second tour.
 

Une défaite généralisée ?

 
En ce qui concerne le Parti socialiste, et plus généralement la gauche, ses séides, s’ils n’ont pas eu le mauvais goût d’afficher un triomphalisme de mauvais aloi, n’ont pourtant pas hésité à faire dans le discours vainqueur. Pourtant, cinq régions sur treize lorsque l’on est au pouvoir, et qu’on en a obtenues en outre plusieurs par la vertu du fameux front républicain, on ne peut pas dire que ce soit précisément glorieux.
 
Cela dit, lorsque l’on voit comment la gauche sermonne la droite, en déclarant que les régions qu’elle a emportées grâce aux voix de la gauche doivent s’en souvenir dans leur discours et leur politique, on doit admettre que, dans l’esprit des hommes politiques, la gauche est loin d’être perdante.
 
En ce qui concerne les Républicains, et plus généralement la droite et le centre, on affiche une satisfaction certaine à être, avec sept régions, arrivé en tête. Même si l’on se déchire déjà pour savoir si l’on doit, ou non, accepter de passer sous les fourches caudines de la gauche.
 
C’est pourtant dans la résolution de cette impasse que l’avenir dira si la droite, au-delà des voix qu’elle a effectivement engrangées ce 13 décembre, mais temporairement pour un certain nombre d’entre elles, a gagné – ou accepté de perdre.
 

Des élections régionales aux scrutins suivants…

 
Le Front national, enfin, dissimule sa déception sous l’affirmation – exacte – d’une nouvelle poussée de ses candidats. « Rien ne pourra nous arrêter », scande Marine Le Pen.
 
De fait, du simple point de vue arithmétique, le parti fondé par Jean-Marie Le Pen semble continuer à aller de l’avant. La question fondamentale se résout à savoir s’il a atteint, à près de sept millions des voix, le plein de sympathisants et, surtout, d’électeurs.
 
Ce qui est sûr, c’est qu’à ce niveau-là, le discours de ses adversaires parlant de vote de colère, de vote-sanction n’est plus crédible. S’il n’est pas totalement à méconnaître, il faut bien admettre que le Front national possède désormais un confortable coussin de votes d’adhésion.
 
Et c’est à ce niveau-là que se pose la question de son avenir. Marine Le Pen peut-elle trouver davantage de Français prêts à suivre sinon son programme, du moins l’image classique que les gens en ont – et qui ne correspond pas forcément à l’image médiatique qui en est donnée ?
 
Dès dimanche soir, ses adversaires ont estimé que c’était impossible, parce que le Front national n’avait personne avec qui s’allier. De fait, cela est une difficulté manifeste, même si cela ne l’a pas empêché de trouver 800.000 voix supplémentaires entre les deux tours.
 
Mais cela est aussi un atout. Le Front national sait pouvoir compter un nombre raisonnable de quelques millions de voix. En face, il n’y a en réalité plus ni Républicains, ni Parti socialiste, mais une union de la droite et une union de la gauche, parfois d’ailleurs fort mal ficelées. Ce qui fait que les états-majors de ces partis doivent être bien conscients, en définitive, de disposer, seuls, d’un nombre assez limité de voix. Les autres étant à récupérer, à chaque élection, par une dose de plus en plus importante de compromis, qui provoquent, on le constate chaque jour davantage, une aversion à la politique dans l’esprit de nos concitoyens.
 

François le Luc