En Australie, Baby Bee Hummingbirds transforme les embryons surnuméraires en bijoux

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Comble de mauvais goût ou signe d’une perte absolue du sens des réalités ? Il a fallu quelques vérifications avant de présenter ici cette information qui semble proprement incroyable : une société artisanale australienne, Baby Bee Hummingbirds, propose de transformer les embryons surnuméraires en bijoux pour leur donner une fin « digne ». Non, ce n’est pas un mauvais canular ni un fake news : il y a réellement des familles, des mères qui font fabriquer des bagues ou des pendentifs à la suite d’une fécondation in vitro pour garder sur elles des embryons qui n’auraient pas été utilisés pour obtenir une grossesse.
 
Le pire, c’est qu’il ne s’agit pas de leur part d’une option « ultralibérale » ou « mercantiliste » comme on l’entend souvent dire à propos des évolutions de plus en plus surréalistes de la culture de mort. Sincèrement attachées à ces plus petits des tout-petits dont elles savent bien qu’il s’agit de minuscules êtres humains, ces mamans cherchent en quelque sorte à les honorer, peut-être pour ne pas vivre avec l’atroce conscience de les avoir fait fabriquer pour les faire tuer, au cours d’une procédure qui se moque largement de la valeur unique de la vie humaine.
 

Baby Bee Hummingbirds crée des bijoux à partir de matériaux humains

 
La société Baby Bee Hummingbirds a été créée il y a trois ans par une Australienne qui était à la fois sage-femme et créatrice de bijoux. Voyant que beaucoup de jeunes mères aiment à garder un souvenir de la naissance de leur enfant, elle a lancé une ligne de bijoux en résine avec des inclusions plus ou moins appétissantes, depuis une première boucle de cheveux jusqu’à quelques gouttes de lait maternel ou des fragments de placenta. On pourrait appeler cela du nombrilisme fusionnel.
 
Baby Bee Hummingbirds propose également, pour la modique somme de 80 à 600 dollars australiens, des bijoux fabriqués à partir de cordons ombilicaux ou de cendres, en cas de fausse couche.
 
Mais si on a l’estomac retourné par ce genre de pratiques, ce n’est rien par rapport à « l’immortalisation » des embryons obtenus en éprouvette. Amy McGlade, fondatrice de la société, n’a pas eu l’idée toute seule : ce sont des parents qui l’ont sollicitée à la suite de procédures de fécondation in vitro qui s’accompagnent de la création d’embryons qui ne seront jamais implantés dans le sein d’une femme.
 
C’est ce que raconte le site australien destiné aux jeunes parents, Kidspot, en proposant l’exemple de Belinda et Shaun Stafford. Le couple qui essayait en vain d’avoir des enfants s’est tourné vers la procréation médicalement assistée. Au bout de six ans de multiples fécondations in vitro, ils sont aujourd’hui les fiers parents d’un garçon de quatre ans et de deux jumeaux de 21 mois — et d’un nombre plus important d’embryons surnuméraires. Il n’était pas question pour eux de les donner à un autre couple, ni de payer un abonnement annuel pour leur conservation par le froid : trop coûteux. Les détruire ? Inimaginable, constate la journaliste qui les a interrogés. Les Stafford se sont donc tournés vers le recyclage artistique de leurs tout-petits.
 

Des embryons surnuméraires portés en sautoir

 
« Aujourd’hui Mme Stafford a tous ses bébés auprès d’elle chaque jour – y compris sept embryons enfermés dans un pendentif en forme de cœur qu’elle porte près de son cœur à chaque moment », apprend-on. Elle a trouvé dans cette démarche une forme de paix et de réconfort : « Mes embryons étaient mes bébés – figés dans le temps. Lorsque notre famille a été complète, je n’avais pas le cœur à les détruire », explique-t-elle.
 
Amy McGlade, de son côté, est fière de son travail. A ce jour, sur les 4.000 pièces de bijouterie qu’elle a créées à partir de matériaux humains pour commémorer des naissances ou des grossesses, il y en a eu 50 faits à partir d’embryons : « Je crois qu’il n’y a aucune autre société au monde qui créé des bijoux à partir d’embryons humains, et je crois fermement que nous sommes les pionniers de cet art sacré. »
 
« L’art sacré » du macabre : c’est un massacre à grande échelle qui est ici mis en écrin, puisque les embryons surnuméraires, comme on dit, ne sont ici jamais que les déchets humains de procédures de fécondation artificielle par lesquels l’homme se rend maître de la vie et de la mort. Le raisonnement, comme toujours dans la culture de mort, est inversé et donc infernal : le vocabulaire aussi.
 

L’Australie, pionnière d’un nouvel « art sacré » infernal

 
« C’est très spécial parce que ces embryons signifient souvent la fin d’un voyage, et nous offrons une manière belle et significative de fermer la porte avec douceur… Quelle manière plus belle de célébrer votre don le plus précieux, votre enfant, qu’à travers un joyau ? C’est le souvenir éternel tangible d’un être aimé que vous pourrez garder pour toujours », ose dire Amy McGlade.
 
C’est un « projet parental » d’un nouveau genre, rendu possible par une technique de conservation des paillettes d’embryons qui permet en même temps de fixer leur ADN dans une sorte de petite tombe portative que la mère, cimetière ambulant, va pouvoir porter avec elle.
 
Ils ne savent pas ce qu’ils font.
 

Jeanne Smits