Emily Ratajkowski, 26 ans, mannequin. Marques de fabrique : une plastique de rêve, les portraits dénudés et une chevelure de lionne – du moins lorsque Kérastase la prend en main. La top model vient d’être nommée « ambassadrice » des produits de soins capillaires et elle s’en est un peu vantée sur Instagram… Mal lui en a pris. La belle Londonienne a osé écrire : « La chevelure est une part fondamentale de la beauté, de la féminité, et de l’identité. Tellement enthousiasmée d’annoncer que je suis le nouveau visage de @kerastase_official ! Bienvenue aux bons jours pour les cheveux ! » Elle n’imaginait pas le tollé qu’elle allait déclencher, se voyant accusée de discrimination et de manque de tact. On ne l’aurait pas honnie davantage si elle avait tondu une collabo après la Libération…
Aussitôt son message Instagram posté, les commentatrices se sont bousculées pour clamer que la chevelure n’a rien à voir avec la féminité et encore moins avec la beauté : « La beauté vient de l’intérieur, force et intelligence », clame l’une. « Dis ça à la jeune femme qui a le cancer et qui a perdu ses cheveux à cause des rayons ! », s’indigne telle autre. A se demander comment des sociétés comme Kérastase peuvent oser vendre des produits pour embellir les femmes – et plus encore comment les femmes peuvent faire preuve de si peu d’altruisme qu’elles consacrent une part non négligeable de leur budget aux crèmes, fards, et autres passages chez le coiffeur.
Emily Ratajkowski devrait se raser avant de faire de la pub pour Kérastase
Si elles avaient un tant soit peu le sens de la justice sociale, elles s’appliqueraient à maintenir leurs cheveux dans un état filasse et exigeraient d’être rasées à la garçonne (ou à la lesbienne, au choix), qu’on se le dise.
« J’ai perdu tous mes cheveux lors d’une chimio il y a quelques années. Les cheveux ne vous rendent PAS belle. Vous êtes tellement étroite d’esprit et vous manquez de respect à l’égard de gens qui ont perdu tous leur cheveux et n’avaient pas d’autre choix parce qu’ils étaient malades », tempête donc une internaute. Une autre évoque les femmes qui ont un trouble obsessionnel du comportement qui leur fait arracher leurs cheveux.
Les excuses officielles de Kérastase n’ont pas tardé. « Profondément peinés », les responsables de la marque ont donné raison aux harpies sur leur compte Instagram offiicel : « Evidemment la beauté n’est pas définie par la chevelure, la beauté est quelque chose de plus spirituel, la beauté est une attitude qui vient de l’intérieur de chacun de nous. Notre nouvelle muse, Emily, pense que ses cheveux sont une manière de s’exprimer. Comme elle l’a dit : “Chacun a sa beauté unique, à sa propre façon”, et nous sommes d’accord. Nous présentons nos excuses pour le malentendu né de notre précédente légende parce qu’elle fait penser que nous faisons une déclaration univoque, oubliant toutes les autres variations multiples de la beauté. Nous vous disons très honnêtement que nous sommes profondément désolés et vous remercions de vos témoignages car à travers eux, nous apprenons chaque jour. »
Kérastase dénonce la discrimination – mais choisit une top model
Telle est la mentalité – profondément hypocrite – de ceux qui s’enrichissent en vendant le rêve d’un corps parfait tout en déposant leurs trois grains d’encens devant l’idole de l’égalitarisme et de la « diversité ». S’ils étaient vraiment sincères, ils auraient choisi une ménagère de 50 ans, un peu ridée, un peu trop ronde, bouclettes indéfrisables et mal fagotée comme symbole de leur marque.
Et comme les acheteuses ont du bon sens, et une saine appréciation de la beauté triomphante et insolente de la jeunesse, et que la mentalité « flocon de neige » de ceux qui se sentent discriminés à la moindre virgule n’est finalement pas si partagée, elles auraient préféré les produits d’une marque concurrente.
Mais Kérastase n’a pas craint de friser le ridicule – difficile de le pardonner à une marque de produits capillaires !
La morale de l’histoire d’Emily Ratajkowski
Pourtant, m’est avis que l’affaire a des ressorts plus profonds. N’est-ce pas saint Paul qui l’affirme – « C’est une gloire pour la femme qu’une longue chevelure » ? Cette « gloire » de la féminité, l’idéologie de la non-discrimination la rejette comme elle honnit le principe de réalité. Tout doit se valoir. Tout est équivalent. A partir de là, tout jugement de valeur devient une expression de haine… Toute inégalité est une injustice à réparer.
Un petit mot pour finir pour les moches, les laides, les femmes qui se désolent d’une chevelure clairsemée, les malades, les disgracieuses, les handicapées mentales au visage abîmé. Elles peuvent être bonnes, saintes, même – mais franchement pas belles… Ne seront-elles pas, à la résurrection des corps, plus splendides et magnifiques que les mannequins qui vendent aujourd’hui la beauté passagère de leur image ?