La montée de « l’empathie » artificielle : après l’intelligence, un nouvel outil marketing

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Certains « robots compagnons » (ici un “Nao” du français Aldebaran) commencent à être utilisés auprès d’enfants ou de personnes âgées.

 
Enseigner l’empathie artificielle, voilà le dernier El Dorado de l’informatique qui a fait surgir des entreprises d’entraînement des ordinateurs afin de les rendre capables de reconnaître et interpréter les « données visuelles » des êtres humains. Si ces techniques n’en sont qu’à leurs balbutiements, la montée de l’intelligence artificielle provoque une ruée parallèle sur l’empathie artificielle dont l’une des applications principales est de servir d’outil de marketing.
 
Savoir comment les êtres humains communiquent entre eux, et plus encore comment ils réagissent s’avère passionnant pour quiconque a des biens ou services à vendre. Le « social signal processing » (traitement des signaux sociaux) est aujourd’hui présenté comme une mine d’or. Une chargée de conférences sur le marketing à la Cambridge Judge Business School, Shasha Lu, s’emploie d’ailleurs à le démontrer.
 

Après l’intelligence artificielle, l’empathie des robots pour mieux « vendre » robes et rencontres

 
Ses recherches visent à combiner l’analyse informatique des images et des vidéos avec les techniques de marketing actuelles afin de faciliter les ventes. Les machines doivent « apprendre » à lire les indices comportementaux face à un produit donné, puis faire des recommandations ciblées sur le fondement de ces indices. Shasha Lu focalise ainsi ses recherches sur les recommandations vestimentaires taillées sur mesure (tout est relatif…) pour un consommateur donné.
 
L’ordinateur, dans ce cadre, doit apprendre à évaluer la réaction de l’acheteur, et surtout de l’acheteuse, à la manière des vendeuses qui savent interpréter les réactions des clientes devant la glace lorsqu’elles essaient un vêtement. L’aime-t-elle ou non ? La vendeuse humaine peut le déduire de l’expression du visage de l’acheteuse. Celle-ci touche-t-elle le col ou l’ourlet d’un air agacé ? C’est qu’elle n’aime pas ce détail.
 
Avec une caméra placée au-dessus du miroir, la « lecture » de ces réactions, couplées avec un jaugeage de la taille et du poids de la cliente, doit pouvoir permettre de suggérer d’autres vêtements qui auront plus de chances de plaire, estime Shasha Lu et c’est à cela qu’elle travaille.
 

Un nouvel outil de marketing : l’empathie artificielle ou le décodage des réactions épidermiques

 
Les applications sont nombreuses. Connaître les goûts et les réactions des individus devrait permettre de « customiser » les publicités qui leur sont adressées sur internet : par exemple, la bande-annonce d’un film pourrait être adaptée pour attirer un cinéphile au vu de ses préférences, en accentuant à chaque fois un aspect différent du même film. Images d’action pour un amateur de la chose, scènes de dialogue pour celui qui est davantage séduit par les rapports entre personnages…
 
Les sites de rencontres en ligne pourraient avoir recours à des techniques similaires, assure Lu : il s’agirait de mieux apparier les internautes en fonction de leurs caractéristiques faciales.
 
Et dire qu’on se moque des marieuses de jadis !
 

Anne Dolhein