Cendrillon est un célèbre conte de Perrault, et un dessin animé Walt Disney (1950) qui l’est bien davantage. Le réalisateur Kenneth Branagh, prolifique, célèbre pour ses adaptations de Shakespeare, avait un défi peu évident à relever : respecter l’intrigue du conte, rendre un hommage appuyé au dessin animé, sans le copier servilement et faire la même chose en moins bien. La maison Disney a massacré certains de ses mythes récemment, volontairement. Or, le pari de la fidélité à des valeurs saines, à la magie de l’enfance paie ici. L’histoire est donc connue, et l’on n’indiquera pas les petites variations qui réussissent à créer de petites surprises, sans trahir l’esprit du conte.
Cendrillon : un conte quasi-réactionnaire
Le film s’adresse avant tout aux enfants. Porté par une séduisante Cendrillon, interprétée avec conviction par Lily James, dont il s’agit du premier grand rôle, le spectacle peut distraire par sa joyeuse naïveté aussi les adultes bienveillants, qui l’espace d’un film peuvent croire encore en un amour si simple, si entier, spontané. C’est un amour entre un homme et une femme, qui veulent se marier et avoir des enfants. Cet aspect quasi-réactionnaire à notre époque folle a déplu à bien des critiques désinformateurs. Un effort particulier a été réalisé dans les décors, brossant un charmant dix-huitième siècle, à la fois de fantaisie et reconnaissable. Le palais et les jardins éblouissent. Certaines scènes dynamiques sont de toute beauté, dont le bal au palais et la promenade nocturne dans les jardins. Incarnant le rôle ingrat de la marâtre, Cate Blanchett, seule actrice-vedette de l’équipe, livre une prestation honnête. Dans un film pour enfants, les acteurs surjouent nécessairement.
On se permettra seulement une réserve, sur le politiquement correct, fréquent chez Branagh et déplaisant, surtout pour un film destiné aux enfants. Ils pourraient croire que les personnes de couleur étaient déjà présentes en nombre significatif en Europe il y a plus de deux siècles, fantaisie qui n’est pas innocente, ou, pire encore, que quand le prince dispose de deux conseillers, il aurait tout intérêt à écouter le Noir, sympathique, bienveillant, honnête, dévoué, etc., plutôt que le Blanc, désagréable, malhonnête, fourbe, manipulateur…On aurait pu s’en passer !
A ce détail désagréable près, Cendrillon demeure un beau spectacle.