L’esclavage moderne compte 45 millions de victimes en 2016, dont les deux tiers en Asie-Pacifique

esclavage moderne 2016 Asie Pacifique
 
Quels sont donc ces pays avec qui l’Occident multiplie les accords de libre-échange et vise à augmenter sans cesse le trafic commercial ? Pour beaucoup, des pays où l’« esclavage moderne » est une réalité pesante. C’est ce que montre le dernier index global de l’esclavage (Global Slavery Index 2016) publié par la Walk Free Foundation, qui évalue à 45 millions de personnes le nombre de victimes de ces situations de travail forcé, dont les deux tiers vivent en Asie Pacifique. C’est une forte augmentation par rapport à 2014, où le chiffre était évalué à 35,8 millions, sans que l’on puisse savoir avec certitude si la hausse est due à un meilleur comptage ou à une aggravation de la situation. Le fondateur de l’ONG, Andrew Forrest, pense qu’il y a un peu des deux : les forts moments de migration de ces dernières années ont exposé davantage de personnes vulnérables à la réduction en esclavage.
 
La Walk Free Foundation définit l’esclavage moderne comme une « situation d’exploitation qui ne peut pas être refusée ou abandonnée en raison de menace, violence, contrainte, abus de pouvoir ou tromperie, où l’homme est traité comme une bête ». Le concept inclut les travailleurs forcés, ceux qui travaillent pour rembourser une dette qui n’ont aucune possibilité de repayer dans sa totalité, les prostituées de force, mais aussi les mariages forcés des mineures qui sont contraintes de travailler au service d’un homme qu’elles n’ont pas choisi. On n’oublie pas les camps de travail dans un pays comme la Corée du Nord qui détient le plus fort pourcentage d’« esclaves » par rapport à la population.
 

Un rapport évalue à plus de 45 millions l’esclavage moderne

 
Ce sont des pays asiatiques qui affichent le plus grand nombre d’esclaves modernes, selon cette définition : l’Inde en compte, selon le rapport, plus de 18 millions, la Chine près de 3,4 millions, le Pakistan plus de 2 millions, le Bangladesh, 1,5 million, et l’Ouzbékistan 1,23 million. Ce dernier pays est au deuxième rang selon le pourcentage de la population victime de l’esclavage moderne, en raison de l’obligation faite par le gouvernement à une part de la population de participer à la récolte du coton.
 
En comparaison, la situation de l’Europe est bien meilleure, même si on y compte encore 1,2 million d’esclaves, dont le rapport précise qu’il s’agit souvent de migrants travaillant pour finir de payer leurs « passeurs », de prostituées ou encore de personnes « importées » d’Afrique ou d’Asie dans le cadre de missions diplomatiques de ces pays ou de mariages mixtes, qui travaillent en Europe comme des « petites bonnes » sans droits. Le trafic d’êtres humains continue de se pratiquer en Roumanie, en Bulgarie et en Lituanie. Et il est question de mariages d’enfants même sur le territoire européen : un produit d’importation culturelle ?
 
Les chiffres résultent d’une enquête auprès de 42.000 personnes en 53 langues, qui a également interrogé 161 gouvernements pour obtenir des données. Il y a donc une part d’extrapolation dans les chiffres.
 

L’Asie Pacifique, plus gros vivier de l’esclavage moderne en 2016

 
Sont-ils complets, d’ailleurs ? L’esclavage moderne vise les situations dont il est impossible de sortir mais non les conditions de travail qui peuvent dans la pratique être presque aussi lourdes pour des personnes qui signent un contrat de travail à un salaire de misère, pour des horaires démesurés, et auquel ils ne peuvent pas échapper en pratique même s’ils ont juridiquement la liberté d’y mettre fin.
 
De nombreux pays musulmans figurent parmi ceux qui ont la plus forte proportion d’esclaves modernes par rapport à leur population, mais la Chine elle, est classée au nombre de ceux qui ont moins de 0,5 %, aux côtés des pays européens, de l’Arabie Saoudite (malgré les bonnes et autres travailleurs philippins) et de la plus grande partie du continent américain.
 
Voilà donc pour le moins des chiffres sujets à caution, mais qui en disent long sur le communisme et ses conséquences ainsi que sur les pratiques des religions non chrétiennes.
 

Anne Dolhein