En Espagne, le Parti populaire (PP) du président du gouvernement, Mariano Rajoy, est arrivé en tête des élections législatives ce dimanche. Mais s’il remporte les élections, ce n’est que de peu, ce qui lui vaut de perdre la majorité absolue au parlement, au profit des partis de gauche qui, s’ils parvenaient, après bien des échecs, à s’entendre, pourraient peut-être même gouverner.
Le parti anti-austérité Podemos fait, avec ses alliés, son entrée au Congrès des députés, la chambre basse des Cortes. Il arrive en troisième position derrière le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), et devance assez nettement le quatrième parti de ces élections, le parti centriste Ciudadanos.
Selon les résultats définitifs qui ont été communiqués lundi matin par le ministère de l’’Intérieur, le PP obtient donc 123 sièges, le PSOE 90, Podemos, et ses partenaires, 69 et Ciudadanos 40. La majorité absolue se situant à 176 sièges, le Parti populaire ne peut donc espérer trouver la majorité absolue en quelque circonstance que ce soit, sauf à rallier, outre les élus de Ciudadanos (ce qui est aujourd’hui fortement improbable), tous les autres élus centristes, dont certains, tels les Catalans, n’ont sans doute pas envie, en ce moment, de discuter avec une droite à laquelle ils reprochent de lui chercher des noises, et se situeraient sans doute plutôt à gauche…
En Espagne, la droite en tête de peu
Bien que dans une situation déséquilibrée, Mariano Rajoy a déclaré qu’il allait tenter de former un gouvernement, et donc de trouver des alliances, afin – notamment – de poursuivre les réformes économiques.
Du côté de Podemos, on estime que le résultat des urnes montre que le système politique bipartisan, en vigueur depuis quarante ans, a vécu. « Aujourd’hui est un jour historique pour l’Espagne. (…) Nous entamons une nouvelle ère politique dans notre pays », a clairement déclaré le secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias. « L’’Espagne ne sera plus jamais la même », a-t-il ajouté.
Reste à savoir l’ampleur que son parti peut espérer obtenir dans l’’avenir. Et cela dépend beaucoup de ses électeurs. Ceux-ci, comme le prouvent un certain nombre de témoignages, ont voulu voter pour un nouveau parti qui s’affiche clairement contre l’’austérité – ce qui ne signifie rien, on l’a vu avec Alexis Tsipras en Grèce.
Mais il n’est pas sûr que ces Espagnols partagent toutes les idées du nouveau parti, et notamment cette virulence anti-chrétienne dont ses élus font régulièrement preuve.
Des élections législatives qui ne donnent le pouvoir à personne…
La logique absolue voudrait que la chambre basse soit désormais divisée en droite (et le centre-droit) et gauche à égalité, avec 175 voix chacune. Mais cette logique, fondée sur les déclarations électorales de chaque parti, de chaque liste, ne correspond que très rarement à la réalité.
D’’après les déclarations tenues depuis dimanche par Podemos, il ne devrait y avoir aucune alliance avec le PSOE. Mais on sait bien que, entre les discours et la réalité, il y a un monde…
En fait, en l’’état actuel, l’Espagne devrait se retrouver dirigée, gouvernée par une minorité, qui risque, de ce fait, de n’avoir que le pouvoir de ne pas faire grand-chose. Reste à savoir si elle sera de droite ou de gauche…