Comme l’a magistralement montré Sarah Knafo dans son projet de contre-budget publié sur X, l’Etat se refuse aux économies qu’il serait non seulement possible, mais facile, de mettre en œuvre, par exemple en coupant dans d’innombrables dépenses inutiles et même nuisibles (comme celles incitant à l’immigration). Et en même temps, pour soutenir son train, ce même Etat se transforme en prédateur de plus en plus tatillon et inventif, attentif à ronger les contribuables jusqu’à l’os. En témoigne son nouveau dispositif fiscal applicable aux pensions de réversion, c’est-à-dire à la part de pension de son conjoint que touche le veuf ou la veuve à la mort de celui-ci. Cela, sans attendre une « grande réforme » des pensions de réversion, qui devrait les réduire et les dénaturer un peu plus. Dans l’immédiat, les dispositions sont les suivantes.
Des pensions de réversion rognées, et gare au dépassement
D’abord, le plafond annuel de ressources à ne pas dépasser en 2025 est fixé à 24.710,40 € pour une personne seule. Cela prend en compte tous les revenus du veuf ou de la veuve, y compris les salaires, les allocations chômage, les retraites complémentaires, les pensions alimentaires, les loyers perçus, les intérêts des portefeuilles mobiliers. Le moindre dépassement du plafond, même temporaire, entraîne la suspension de la pension, et, s’il dure, sa suppression définitive. Les caisses de retraites, dont on a pu déplorer ailleurs le laxisme, appliquent en la matière un contrôle rigoureux, et tout euro perçu en trop peut déclencher un remboursement des sommes déjà versées. Ce durcissement s’inscrit dans une logique budgétaire où la solidarité conjugale est encadrée par des règles strictes, où la pension de réversion, vestige d’une certaine forme de famille, n’est pas bien vue. Chaque bénéficiaire est tenu de déclarer chaque année ses revenus et de notifier toute modification de sa situation personnelle ou financière. Une prime exceptionnelle, une donation, la vente d’un bien immobilier, un héritage, peuvent suffire à modifier le calcul. Les caisses de retraite opèrent des contrôles systématiques, et la moindre omission ou négligence entraîne une demande de remboursement.
L’Etat prédateur, ses exempts et leurs exactions
On admirera la rigueur des agents de l’Etat en la matière. Et l’on se remémorera l’étymologie du mot exaction : il vient des abus des premiers agents de d’administration fiscale, les exempts, qui n’hésitaient pas à malmener le contribuable, le paysan pauvre, la veuve et l’orphelin, pour faire entrer les impôts dans les caisses de l’Etat. On est en droit en effet de se demander quelle est la justification de cette fiscalité très sévère. A tort ou à raison, l’Etat s’est occupé de la retraite des travailleurs, privilégiant d’ailleurs les siens et obligeant le privé à s’occuper des siens, ce qu’il fait correctement (les finances des retraites complémentaires le prouvent). Les pensions de réversion ont été lancées pour venir en aide aux veuves, à l’époque où le revenu familial dépendait d’abord (surtout) du mari. C’est encore le cas dans beaucoup de vieux ménages. Sous couleur de « justice sociale », l’Etat intervient en fixant un plafond de ressources : de quel droit ? Un monsieur qui a atteint un bon salaire, puis une bonne retraite, tout en se constituant un patrimoine afin de laisser le tout à sa femme survivante (statistiquement, elle vit plus vieille), se trouve tout bonnement spolié, et son épouse à sa mort, par cette intervention indue. L’Etat moralisateur, l’Etat égalitariste, n’est en réalité qu’un Etat prédateur.











