Implication militaire de la Russie en Syrie : quand les États-Unis s’inquiètent hypocritement…

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De vagues informations, d’inquiètes suspicions, un coup de téléphone avertisseur… les États-Unis se targuent de jouer les justiciers face à la Russie et à son implication dans la guerre en Syrie. « Si vous allez plus avant, le résultat sera pire ! » Pire que ce qui se déroule déjà sous nos yeux ?! Si Poutine n’avait pas soutenu Assad durant ces quatre ans de guerre, l’État Islamique aurait accumulé encore davantage de victoires, en dépit de son statut officiel de « cible » de la coalition occidentale… L’intervention militaire russe sera discutée, mais a peut-être des chances, in fine, d’avoir lieu.
 

Une « invasion russe de la Syrie » : l’incroyable hypocrisie américaine

 
Alors que, vendredi, Poutine avait jugée « prématurée » toute intervention militaire russe en Syrie, réitérant néanmoins son soutien à Bachar al-Assad qui se matérialise depuis des années en formation militaire et en fourniture d’armement – nihil novi –, l’administration Obama, s’est vue contrainte et « forcée », selon le New York Times, de lui demander le lendemain des explications… Grande mise en scène.
 
Le secrétaire d’État John Kerry a appelé samedi son homologue russe Sergueï Lavrov – c’est le département d’État qui l’a révélé publiquement – pour exprimer son inquiétude à propos de rapports non confirmés qui révéleraient « un accroissement imminent de la présence militaire russe en Syrie ».
 

Les preuves militaires contre la Russie : la réponse russe

 
John Kerry a été jusqu’à dire qu’une telle réalité « pourrait aggraver encore le conflit, conduire à une plus grande perte de vies innocentes, augmenter les flux de réfugiés ainsi que les risques de confrontation avec la coalition anti-EI » dirigée par eux-mêmes… Ce, alors que les réfugiés syriens affluent de toutes parts en Europe parce que les raids de la coalition américaine sont en tout et pour tout inefficaces !
 
Pour preuve de leur détermination : les États-Unis ont demandé à la Grèce de ne pas autoriser les avions russes effectuant des livraisons en Syrie à emprunter son espace aérien, a annoncé un responsable grec… Il faut vérifier que l’aide russe ne serve pas plus à soutenir le diable Assad qu’à contrer l’État Islamique !
 
Les sources d’information américaines sont diverses. Moscou enverrait des avions de combat à la Syrie. Elle serait également sur le point de livrer une station portable de contrôle de la circulation aérienne à la ville de Lattaquié, un bastion d’Assad, ainsi que des logements temporaires qui pourraient accueillir – selon les officiels américains – jusqu’à 1.000 conseillers militaires et autres membres du personnel. Lundi, Sergueï Lavrov a refusé de répondre à une question sur l’augmentation du nombre des éventuels soldats russes en Syrie.
 

La Russie vs les États-Unis ?

 
L’un des journalistes de l’édition Aleteia en langue arabe affirmait : « Cette guerre ne pourra pas être résolue par les seuls Syriens, elle ne sera gagnée par l’un ou l’autre des camps, que s’il est massivement soutenu par des forces étrangères ». Or, jusque-là, tous les opposants ont bénéficié de moyens considérables, que ce soit l’Armée syrienne libre ou les groupes islamistes radicaux comme Al-Nosra, filiale d’Al-Qaïda, ou encore l’État islamique… Un réveil accru de l’Ours russe changerait-il la donne ?
 
Si la Syrie est un bastion important pour Moscou, qui lui permet une présence en Méditerranée (base navale de Tartous), lui ouvre une voie de transit pétro-gazière et surtout lui permet de continuer la lutte contre les terroristes takfiris qui s’approchent dangereusement de ses propres frontières, il est apriori impensable pour elle de s’engager « malgré » les États-Unis, en dépit de ce que ces derniers veulent faire croire.
 
La volonté de Poutine reste inchangée : « créer une certaine coalition internationale pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme ». Curieusement, la Russie n’a d’ailleurs pas parlé de « tensions » lors de la mise au point de lundi, mais a souligné « la coopération » entre Moscou et Washington pour « soutenir les efforts des Nations unies visant au lancement d’un processus politique en Syrie ».
 

Hollande : toujours un train de retard

 
Maintenant comment ce nœud syrien peut-il être délié ? Les discussions devraient reprendre entre John Kerry et son homologue russe, Sergueï Lavrov, en marge de la 70e Assemblée générale de l’ONU prévue à New York du 17 au 22 septembre. Le président Poutine, dit-on à Moscou, devrait alors y présenter son « plan » pour la Syrie. Et le renversement d’Assad n’y est sûrement pas au programme.
 
Seule la France, quasiment, ressasse sa haine anti-Assad… Alors que Hollande a annoncé hier des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie pour y mener des frappes contre l’État islamique – une première officielle – il a réaffirmé que « rien ne doit être fait qui puisse consolider ou maintenir Bachar al-Assad. Le départ de Bachar al-Assad est à un moment ou un autre posé dans la transition »…
 
L’empêtrement diplomatique sur l’aide russe n’y est pas défavorable. L’EI vient de s’emparer d’une vaste partie du champ pétrolier de Jazal, l’un des derniers aux mains du régime.
 

Clémentine Jallais