Les étudiants de Yale signent une pétition pour l’abolition du 1er amendement de la Constitution des Etats-Unis

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C’est à Yale, creuset de la formation – et de la reproduction – des élites dirigeantes des Etats-Unis, que le réalisateur de documentaires et satiriste juif Ami Horowitz a décidé de se rendre pour proposer aux étudiants du campus de signer une pétition en faveur de l’abolition du premier amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique. Ou pour parler clairement : pour demander qu’on mette fin à la liberté de religion et d’expression, à la liberté de la presse et de manifestation (celui de « s’assembler pacifiquement ») ou encore le droit d’adresser des pétitions au pouvoir.
 
Le premier amendement fait partie des dix amendements ratifiés en 1791 et connus collectivement comme la Déclaration des Droits (Bill of Rights). Il interdit au Congrès des Etats-Unis d’adopter des lois qui limitent cette liberté de religion et d’expression, la liberté de la presse et les autres droits cités.
 

Les étudiants de Yale sont censés connaître la Constitution des Etats-Unis

 
Il va de soi que le réalisateur n’expliquait pas tout cela à ses pigeons. Il les invitait simplement à signer la pétition contre le 1er amendement en soulignant, par exemple, que les auteurs de la Constitution possédaient des esclaves et ne pouvaient connaître « la manière dont nous vivons aujourd’hui ». A d’autres, il disait cependant : « Ce n’est pas cool d’être exposé à des choses que vous n’avez pas envie d’entendre. »
 
Horowitz a eu la très désagréable surprise de se voir très bien reçu par les jeunes étudiants qui ont très volontiers signé la pétition aux allures très officielle et qui visait précisément à interdire cette démarche – et à restreindre bien d’autres libertés dont ils profitent. Ignorance, naïveté, ou « tout bêtement de la stupidité » comme l’a dit le réalisateur, les étudiants sont allés jusqu’à le remercier pour son initiative.
 
Plusieurs d’entre eux lui ont dit leur « enthousiasme » et un autre a renchéri : « Je pense que c’est vraiment extraordinaire que vous soyez là. » « Je suis totalement d’accord », dit une jeune fille. « J’aime bien ce que vous faites », dit un garçon.
 
Horowitz a recueilli 50 signatures en moins de 60 minutes.
 

Pétition pour l’abolition du 1er amendement – et des libertés fondamentales

 
Il se trouve que la prestigieuse université Yale, sise dans la deuxième plus grande ville du Connecticut, New Haven, a été fondée en 1701 par le pasteur protestant américain Abraham Pierson dans l’idée de former les cadres et les futurs dirigeants de l’Etat du Connecticut. Elle est devenue, avec Harvard, l’un des établissements d’enseignement supérieur les plus renommés aux Etats-Unis et dans le monde. Membre de l’Ivy League qui regroupe les 8 plus anciennes universités et synonyme d’excellence et d’élitisme, Yale est particulièrement réputée pour sa faculté de droit.
 
Mais ses étudiants ignorent tout de la Constitution des Etats-Unis et des libertés fondamentales qui sont théoriquement au cœur de la formation juridique.
 
La satire de Horowitz, qui visait à démontrer combien les jeunes élites américaines sont naïves et mal formées, et même disposées à réclamer que leurs droits leur soient enlevés, a une autre dimension. Aujourd’hui le politiquement correct fait que la liberté d’expression est effectivement niée à certains au motif de la non discrimination, de la traque de l’homophobie, du racisme, du sexisme, du « genrisme », de la transphobie. En ce sens, les jeunes de Yale ont involontairement montré ce dont leurs aînés sont déjà capables dans les sphères du pouvoir.
 

Anne Dolhein