« Les » évêques appellent à voter pour ceux « qui soutiennent clairement le projet européen »

évêques soutiennent projet européen
 

Les amateurs de cinéma italien se souviennent du curé de Divorce à l’italienne qui disait en chaire, le jour d’une élection : « Je n’ai pas de recommandation à vous faire, mais votez démocrate et votez chrétien. » C’était l’époque où la Démocratie chrétienne était le premier parti d’Italie et où les laïcistes de là-bas se moquaient de l’intrusion de l’Eglise en politique. Aujourd’hui, les mêmes laïcistes la promeuvent parce qu’elle va dans leur sens. Témoin, par exemple, les nombreux et constants appels d’évêques français contre le « populisme xénophobe » depuis les années 1980 ou les plaidoyers de François en faveur de l’immigration. Et cette semaine notre consœur la Croix se réjouit que « les évêques » prennent position en vue des Européennes. Des évêques serait plus exact, et l’emploi de l’adjectif défini à la place de l’indéfini est en soi une malhonnêteté indiquant l’intention de propagande. Qui sont en effet ces évêques ? Les membre de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (Comece), envoyés chacun par sa Conférence épiscopale nationale, un des nombreux machins administratifs qui ont fleuri depuis Vatican II sur les ailes de la collégialité et de la synodalité. Dans la réalité catholique, chaque évêque est maître en son diocèse sous l’autorité du pape, et basta : son rôle est de s’occuper de ses ouailles et de les instruire dans la foi, non de leur dire quoi voter. Mais ces évêques ont éprouvé le besoin de s’occuper de ce qui est du ressort ordinaire de César. Ils préconisent donc un « vote responsable », cela ne mange pas de pain, « encourageant les valeurs chrétiennes », c’est bien, espérons qu’ils seront fermes sur l’euthanasie, mais encourageant aussi « le projet européen ». C’est là que, par un glissement à peine perceptible, au détour d’une phrase, on change d’ordre et d’exercice : on passe d’un discours général et admissible, défendre les valeurs chrétiennes, à un objectif politique qui est présenté comme la conséquence de ces valeurs chrétiennes. C’est une erreur et c’est une imposture : l’histoire récente de l’Union européenne, qui a refusé explicitement de se référer dans ses traités à sa tradition chrétienne, montre qu’elle se place non seulement en dehors, mais contre le christianisme. Nombre de rapports et de votes du Parlement européen, notamment, surtout en matière sociétale et morale, sont ouvertement contraires à la morale et la foi catholique. Qu’attend le Vatican pour rappeler à l’ordre la Comece ?