EXPOSITION Les Bas-Fonds du Baroque – La Rome du vice et de la misère

EXPOSITION Les Bas-Fonds du Baroque – La Rome du vice et de la misère
 
A Paris, le Petit Palais propose une exposition singulière, au titre long et explicite : Les Bas-Fonds du Baroque – La Rome du vice et de la misère. Le visiteur est prévenu. L’esthète pourra passer sans regret son chemin, car il est question d’une recherche non de la Beauté, mais de la laideur, et cet objectif a été parfaitement atteint. A déconseiller donc aux parents qui chercheraient à distraire leurs enfants. L’amateur d’Histoire, en revanche, sera intéressé par cette face sombre de l’art baroque lumineux triomphant à Rome en cette première moitié du XVIIème siècle.
 

Le vice et la laideur dans la Rome baroque

 
Les dizaines de tableaux proposés ont été attribués pour la grande majorité d’entre eux à des artistes romains mineurs, connus seulement des spécialistes. La technique s’inscrit nettement dans la lignée du Caravage : éclairages sombres, constructions proches de l’espace… Elles n’atteignent pourtant pas le niveau de ce génie singulier, et, osons le dire, à l’esthétique souvent discutable. Le commentaire, pour une fois bien fait, aide à comprendre les messages cachés dans la plupart des œuvres. Ils ne sont guère édifiants : ces mendiantes, ce voleur, ce vieillard laid, multiplient souvent les gestes obscènes, discrets, mais réels. Des personnages à demi-cachés dans les compositions paysagères de ruines romaines se livrent à des activités très quotidiennes. Ces bas-fonds, peuplés de sorcières, de voleurs, etc., étalent une pauvreté malhonnête. Ces tableaux ne correspondaient pas à des fantaisies artistiques douteuses spontanées, mais à des commandes d’amateurs. A noter une complaisance discutable des panneaux explicatifs qui saluent les femmes « libres » ou les homosexuels de l’époque.
 

Les Bas-Fonds du Baroque : des maux et des populations réelles

 
Il n’en reste pas moins que ces compositions renvoient à des maux, des populations réelles de la Ville Eternelle, et sont intéressantes à ce titre. L’artiste italien le plus typique de l’exposition est Bartolomeo Manfredi (1582-1622), aux tableaux laids et scabreux. Certaines compositions, en particulier les multiples tricheurs, inspireront nettement, dans un esprit épuré, Georges de la Tour. Malgré tout, quelques belles œuvres surnagent : un vieux pauvre digne de Ribera, une jeune mère gitane de Vouet.
 
Petit-Palais, Paris 8e. Jusqu’au 24 mai 2015.

Horaires

Du mardi au dimanche de 10 h 00 à 18 h 00.
Fermé le lundi et certains jours fériés. Nocturne le vendredi jusqu’à 21 h 00.

Tarifs

Plein tarif : 11€
Tarif réduit: 8€
Gratuit jusqu’à 17 ans inclus.
 

Hector Jovien