Elizabeth Warren, membre démocrate de la Commission bancaire du Sénat américain, a déclaré vouloir mener des auditions sur les questions « perturbantes » soulevées par des enregistrements secrets de conversations qui mettent en évidence les liens entre des contrôleurs de la Réserve fédérale (Fed) et certains responsables de la banque Goldman Sachs, au cœur de la crise des subprimes et de la crise des dettes publiques en Europe, que la Fed était chargée de surveiller.
Egalement membre de la Commission bancaire et démocrate, son collègue Sherrod Brown a appelé à une « enquête complète et approfondie » sur ce sujet.
C’est une ancienne employée de la Fed à New York, Carmen Segarra, qui, après avoir perdu un procès sur les conditions de son départ de la Fed, a transmis les enregistrements – quarante-cinq heures ! – de ces conversations au site de journalisme d’investigation ProPublica et à l’émission de radio This American Life, afin de souligner ces liens déplacés entre la banque et l’autorité de régulation – qui est elle-même une entité privée. Face à ces attaques, la Fed s’est contentée de dénoncer de telles allégations entachant son intégrité ; mais s’est refusée à tout autre commentaire.
Carmen Segarra avait été embauchée par la Fed, en 2011, pour l’aider à renforcer sa surveillance. Chargée du dossier Goldman Sachs, elle rencontre bientôt un responsable de la banque qui lui explique que certaines lois de protection des consommateurs ne s’appliquaient pas aux clients les plus riches de la banque.
Pressions de Goldman Sachs et subtilités de la Fed
Depuis, Goldman Sachs nie la réalité des notes prises par la jeune femme. Elle fit même intervenir un des supérieurs de la jeune femme qui lui expliqua que « la crédibilité, à la Fed, est plus une affaire de subtilités et de perceptions que de réalité »…
En définitive, Carmen Segarra a été licenciée en 2013 pour avoir voulu contraindre Goldman Sachs de se plier à la réglementation, licenciée par la Fed qui l’avait précisément embauchée pour cela.
Depuis, aussi bien Goldman Sachs que la Fed nient en bloc ces accusations, ensemble… Et la grande presse fait écho à l’affaire, ce qui n’est pas moins intéressant.