Profanation de Notre Dame de Paris : Femen relaxées, service d’ordre condamné


 

Neuf activistes étaient poursuivies devant le tribunal de Paris pour la profanation de Notre Dame le 12 février 2013, et notamment la dégradation d’une cloche. Le jugement est tombé ce matin : les Femen sont relaxées, le service d’ordre condamné pour les avoir expulsées. Elles ont triomphé et annoncé qu’elles continueraient.
 

Pour paraître devant la justice française, elles avaient mis des fleurs dans les cheveux, mais aussi des corsages, à la différence de leur intrusion à Notre Dame de Paris où s’affichaient sur leur torse des inscriptions aussi spirituelles que « Pope no More », « Bye bye Benoît », ou « Saved by the Bell »
 
Leurs déclarations à la sortie de l’audience et celle de leur avocat méritent d’être écoutées. Ina Sheveshenko, la blonde excitée d’Ukraine, s’est réjouie bruyamment, en déplaçant le problème « A quoi vous attendiez vous, à ce que l’on condamne comme un délit une critique de la religion ? ». Bien sûr il ne s’agissait nullement de cela, mais d’une cloche abîmée et d’une église profanée. Aucune importance pour elle et pour ceux et celles qui militent avec elles, une de ses compagnes développait aussitôt le même thème : une condamnation aurait été « grave pour la laïcité et le sécularisme » en France. Le mot sécularisme, rarement utilisé dans la communication vers le grand public, est à retenir : il marque l’intention politique poursuivie par un courant de pensée, et mise en œuvre par ces femen en bande organisée.
 
L’avocat a été aussi peu discret que ses clientes dans sa joie. Et il s’est embarqué dans une analyse tant des faits que des intentions de ses clientes : il voit dans le fait que les femen relaxées avaient emmaillotés leurs bâtons (il serait donc normal d’entrer dans Notre Dame avec des bâtons) la preuve que les excitées n’ont pas dégradé les cloches et qu’elles ne voulaient pas le faire. Mais la feutrine, qui n’est pas en soi le signe d’une intention sainte, a pu glisser. Il arrive de dégrader quelque chose sans avoir l’intention de le faire.
Cet avocat content de lui approuve aussi le reste du jugement : le service d’ordre condamné, c’est la reconnaissance que ses clientes, qu’il habille du beau nom de militantes, « ne présentaient aucun danger pour l’édifice. » Il ne voit donc dans l’acte reproché aux Femen relaxées que la dégradation matérielle. C’est dans le même esprit que Caroline Fourrest a proclamé le « droit au blasphème » en France.
 

Le droit à la profanation

 
La violence morale causée par la profanation n’existe par pour ces gens-là, ni pour les juges, dont le jugement est un aveu : il est clair maintenant que la laïcité n’est pas en France le droit pour chacun de pratiquer son culte dans la paix civile et la sécurité : c’est le droit de haïr, de mépriser, et de le traduire en actes.
 
Ce jugement est dangereux : ce que l’on admet aujourd’hui, voire encourage, dans une église, peut se produire demain dans une mosquée ou une synagogue, et mener à la guerre communautaire.
 

Le service d’ordre condamné

Quant aux femen relaxées, elles rient, elles font des photos, elles tweetent, et elles ont promis de « continuer », comme l’a proclamé leur patronne : que « l’équipe de Notre Dame » les poursuive « pour avoir critiqué l’Eglise » les y incite. Elles auraient tort de se gêner.
 
Quant au service d’ordre condamné, il parfait l’inversion morale et judiciaire du jugement prononcé. On peut décidément faire confiance à la justice de notre pays pour mener la plus mortelle des révolutions.