A most violent year c’est l’année 1981, une des plus violentes à New York, avec notamment le vol systématique des camions livrant le fioul domestique. Un marché cartellisé, c’est-à-dire partagé entre un nombre réduit de grandes entreprises dont les dirigeants – une poignée – se connaissent tous. De telles ententes aboutissent à une forme de contrôle des prix qui, faussant la libre concurrence, est bien sûr parfaitement illégale. Ce système maffieux comportait, en outre, et presque automatiquement serait-on tenté de dire, des connexions importantes avec les milieux judicaire – essentiel aux Etats-Unis – et politique.
Le film propose ainsi une part de vérité historique, et est intéressant à ce titre.
En revanche, et c’est bien dommage, le personnage principal, le gentil entrepreneur qui veut absolument faire marcher la libre concurrence et refuser toute violence, même pour se défendre, n’est pas crédible du tout. Dans un tel contexte un entrepreneur tend, et c’est humain, à respecter les règles de fait impliquant certes une forme de compromission morale. Il n’est guère facile d’agir autrement si l’on doit faire vivre sa famille et ses employés, sauf à liquider purement et simplement son affaire.
De grands acteurs dans A most violent year
Aussi le « choix » du personnage principal, qui intervient certes tardivement, ne tient pas. On déplorera aussi les erreurs manifestes d’un paresseux sous-titrage en français qui ne rend absolument pas toutes les subtiles nuances de la langue anglaise, pourtant utilisées à bon escient en fin du film. De grands acteurs, dont Oscar Isaac et Jessica Chastain dans les rôles principaux, comme aussi ceux qui animent la galerie de caractères secondaires, jouent parfaitement et juste, ce qui compense cet irréalisme narratif gênant et assure tout de même ainsi un intérêt certain à A most violent year.