Le Musée Jacquemart-André, fort riche, et spécialisé dans la peinture italienne renaissante, propose assez logiquement une exposition sur le thème : Florence : portraits à la Cour des Médicis. Les portraits proposés sont ceux de la famille des Médicis, famille ducale régnante, qui a réussi à s’imposer définitivement face à la forte opposition républicaine à Florence dans les années 1530. Les Médicis, malgré le mariage français antérieur de Catherine avec le futur Henry II, ont su faire au bon moment le juste pari sur le vainqueur des guerres d’Italie, l’Espagne de Charles Ier, et l’empereur Charles Quint pour le Saint-Empire romain germanique. L’empereur a nommé, consécration définitive, les Médicis grands-ducs héréditaires de Toscane. La contrepartie a été l’intégration durable dans la mouvance espagnole, jusqu’à la fin de la dynastie ou quasiment (au début du XVIIIe siècle).
Florence : portraits à la Cour des Médicis. Un intérêt historique fondamental
L’art du portrait participe de cette consolidation du pouvoir, longtemps précaire, des Médicis sur Florence. Le visage du souverain doit être montré, connu, en Toscane comme en Europe, et circuler grâce aux portraits. Ces portraits ont eux-mêmes inspiré médailles et monnaies, aussi présentées. Faire connaître non seulement les couples régnants, mais la famille jusqu’aux jeunes enfants participe pleinement de cette politique. La réussite de cette dynastie est illustrée à la fin du XVIe siècle par le mariage de Marie de Médicis avec Henry IV (1600), ce qui de manière symbolique place indiscutablement la famille au premier rang en Europe. Florence : portraits à la Cour des Médicis présente un grand intérêt historique en proposant une révision ou une découverte des figures de cette famille, certaines familières comme Cosme Ier et son épouse Eléonore de Tolède (affiche de l’exposition), d’autres beaucoup moins.
Tous ces portraits relèvent de la dernière phase esthétique de la Renaissance italienne, le maniérisme. Tous les corps sont déformés, subtilement ou non, certaines parties systématiquement allongées, dont le cou, les doigts… Sur le plan esthétique, est-ce heureux ? Il y a certes une recherche authentique, une indiscutable maîtrise technique, un symbolisme fort à retrouver, mais le résultat reste fort discutable, à notre goût, sur le plan du Beau. Toutefois, Bronzino et Vasari, les deux peintres phares de l’exposition, sont un moment de l’histoire de la Peinture. L’intérêt historique fondamental de l’exposition reste lui absolument hors de doute.
Hector Jovien
Florence : portraits à la Cour des Médicis, Musée Jacquemart-André, jusqu’au 25 janvier. Ouverture tous les jours de 10h à 18h. Plein tarif : 12€.