Un rapport commandé par une agence du ministère de la Défense de la Suède, publié vendredi, met en garde contre l’objectif des Frères musulmans de construire une société « parallèle » dans le pays, grâce à la culture de « tolérance » qui a cours en Suède. Le rapport officiel, remis à l’agence de protection civile MSB, est étonnant de franchise. Il accuse les Frères musulmans d’infiltrer les organisations et des partis politiques pour parvenir à leurs fins.
Le rapporteur principal, Magnus Norell, et ses coauteurs n’hésitent même pas à dénoncer les « élites politiques » coupables selon eux d’avoir imposé une doctrine du multiculturalisme et du silence qui offre un boulevard aux organisations « antidémocratiques » comme les Frères musulmans.
Le rapport a été accueilli avec colère en Suède où les musulmans, notamment, dénoncent une présentation délétère de leur religion, et de manière générale on parle d’une analyse « complotiste ».
Un rapport officiel dénonce la culture de la tolérance en Suède
Pour les auteurs du rapport, il est au contraire évident que les Frères musulmans travaillent à faire augmenter le nombre de musulmans pratiquants en Suède, en essayant de faire reculer la laïcité et de noyauter des partis politiques, des ONG et même des institutions universitaires. Tout cela à la faveur de la valeur accordée à « l’acceptation » des citoyens qui sont « en un sens ou dans un autre différents de la majorité ».
Le rapport analyse également le type d’islam promu par les Frères musulmans : il est décrit comme une idéologie politique totalitaire née de l’islam, dans lequel le rapport reconnaît une religion. Autant dire que les auteurs ne vont pas jusqu’au bout de leur étude : l’islam a certes une dimension religieuse mais prône une théocratie sans distinction du spirituel et du temporel, c’est sa nature.
Mais là où le rapport voit juste, c’est quand il dénonce la « difficulté à s’opposer à ce qui a la surface, apparaît comme les droits religieux » d’une minorité vulnérable. Critiquer l’islam, de ce fait, expose l’imprudent à se faire traiter de « raciste » ou d’« islamophobe », avec des risques non négligeables pour sa carrière… Les auteurs pensaient-ils à leur propre cas ?
Les Frères musulmans de Suède veulent fabriquer des musulmans pratiquants
Toujours est-il que de nombreuses voix se sont levées pour dénoncer la publication du résultat de leur enquête, 22 universitaires et « experts en religion » ont ainsi publié un message sur un blog mettant en cause la méthodologie de leur travail.
Magnus Novell ne s’est pas démonté : « Avaient-ils fumé quelque chose avant de lire le rapport ? Il suffit de le lire. Si quelqu’un ne l’accepte pas, je n’y peux pas grand-chose. C’est démontré ».
Le rapport accuse notamment les activistes des Frères musulmans de menacer la cohésion sociale de la Suède en construisant des structures sociales parallèles qui vont notamment dans les années à venir attirer les migrants d’Afrique et du Proche-Orient « qui vont probablement continuer de venir dans les prochaines années, à la fois en tant que membres des familles et comme réfugiés… ».
L’islam est un tout, c’est pourquoi les Frères musulmans créent une société parallèle
Le rapport a tout faux, rétorquent les 22 universitaires qui se sont mobilisés pour le discréditer, en ce qu’il « semble conclure que l’islam de Suède est un phénomène homogène et que les musulmans suédois sont conduits par les Frères musulmans ». « C’est une conclusion qui contredit la recherche dans son ensemble, qui indique plutôt que la communauté musulmane est diverse et qu’il y a de la concurrence entre les groupes musulmans », affirme-t-il.
Mais les Frères musulmans n’en sont pas moins influents, particulièrement actifs en Europe et fermement attachés à la création d’un califat sunnite. Les gouvernements de Bahreïn, d’Égypte, de Russie, d’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis les considèrent comme un groupe terroriste. C’est sans doute une manifestation de cette rivalité musulmane dont parlent les universitaires. Mais la liberté de manœuvre des « Frères » dans le pays d’Occident n’en est pas moins inquiétante.