Course en tête du Front national aux élections régionales

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Le Front national est arrivé dimanche largement en tête du premier tour des élections régionales dimanche avec 27,73 % des suffrages exprimés en France métropolitaine, devant l’union de la droite et des centristes (26,62 %), et celle de la gauche (23,12 %). Mais, si le Front national fait effectivement la course en tête vers le second tour dimanche prochain, la partie n’est pas gagnée. Un certain nombre de facteurs entrent en jeu, dont Marine Le Pen ne maîtrise pas, effectivement, tous les éléments.
 
Pour ce premier tour des régionales, le Front national arrive en tête dans six des treize (au lieu de vingt-deux) nouvelles régions métropolitaines, à savoir Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Alsace-Lorraine-Champagne Ardenne, Centre-Val-de-Loire, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et Bourgogne-Franche-Comté.
 

Course en tête du Front national

 
Derrière, l’union de la droite (c’est-à-dire Les Républicains alliés à l’UDI et au MoDem) sont en tête dans quatre régions (Normandie, Ile-de-France, Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes), et l’union de la gauche (c’est-à-dire le Parti socialiste et ses alliés très variables selon les régions) dans trois (Corse, Bretagne, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes).
 
Il est évidemment impossible de tirer de ces résultats du premier tour des élections régionales une idée précise de ce que sera le second dimanche prochain. Mais on peut du moins noter que certains politiques n’en ont tiré aucune leçon, et souligné certains enseignements du spectacle auquel nous assistons ces derniers jours, et surtout ces dernières heures.
 
Il convient d’abord de noter que, face à cette nouvelle progression du Front national, la gauche et la droite paraissent être dans un état de sidération qui leur interdit de faire autre chose que de répéter le discours politiquement mortifère qui est le leur depuis des décennies. Comme si, d’une part, la politique était l’expression publique de la méthode Coué. Et, d’autre part, comme s’ils s’adressaient à Marine Le Pen et non aux 6.018.672 électeurs qui ont voté pour le Front national.
 

Vers le second tour des élections régionales

 
Si l’on veut bien observer les réactions politiques qui se font jour depuis vingt-quatre heures, on observe qu’un certain nombre manquent totalement de crédibilité.
 
Du côté socialiste, tout d’abord. Le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, affirme que « la gauche est le dernier rempart de la France républicaine contre l’extrême droite xénophobe », moyennant quoi il annonce le retrait de ses listes en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et PACA. Et menace d’exclusion le responsable de la liste PS en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Jean-Pierre Masseret, au motif que celui-ci prétend se maintenir contre l’avis des responsables du parti. « Nous nous maintenons et nous pensons que c’est la meilleure façon de nous opposer au Front national. Nous pensons que c’est en siégeant dans l’assemblée territoriale que nous pourrons le mieux faire reculer le Front national, en occupant la place dans l’opposition », a-t-il rétorqué aux instances dirigeantes du parti.
 
A droite, on est dans l’optique inverse. Nicolas Sarkozy a, en quelque sorte, réactivé le « ni-ni », en refusant tout retrait ou fusion des listes LR-UDI-MoDem avec qui que ce soit sous le prétexte de faire barrage au Front national.
 
« C’est un nouveau signe d’une profonde aspiration des Français à voir les choses changer dans notre pays, a-t-il déclaré. Ce message s’adresse à nous aussi. Il nous faut entendre et comprendre l’exaspération profonde des Français. »
 
Mais, si le bureau politique des Républicains l’a suivi sur ce point, il n’en est pas de même de certains de ses alliés. Ainsi, le président de l’Union des démocrates indépendants (UDI), Jean-Christophe Lagarde, a-t-il appelé les listes placées en troisième position à se retirer en vertu du « bon sens démocratique et républicain ».
 

Les idées du Front national

 
Reste le cas du Front national. Son avantage repose d’une part sur le fait de n’avoir jamais été au pouvoir ; de l’autre sur le fait d’obtenir, seul, son score de tête, alors que la droite comme la gauche obtiennent péniblement leur deuxième et troisième places au moyen d’union qui apparaissent déjà partiellement factices. D’où l’expression de Marine Le Pen qui a salué « un résultat magnifique » du « seul front vraiment républicain ». Marion Maréchal-Le Pen a été plus précise encore en assurant que « le vieux système est mort et avec lui les représentants de droite comme de gauche ».
 
Peut-être bien… Il faut cependant observer que, avec 50,09 % d’abstentions, le Front national ne convainc que 13,29 % des électeurs inscrits, ce qui est encore un peu court dans la perspective de 2017, alors que ses adversaires, quoi qu’on en pense par ailleurs, sont en mesure de créer des alliances, fussent celles de la carpe et du lapin.
 
Par ailleurs, il est difficile de déterminer, dans les voix qui se portent sur le FN, la proportion de celles qui le font par protestation (ou déception), et de ceux qui votent pour le parti fondé par Jean-Marie Le Pen par adhésion à certaines idées politiques.
 
Des idées qui ne sont parfois qu’une image, voire un souvenir. Sans revenir sur les disputes internes au Front national, il faut bien avouer qu’il y a eu une évolution d’un programme, dont les catholiques ne peuvent pas, pour le moins, ne pas avoir conscience.
 
Un seul exemple. Que l’on prenne la question de l’avortement. Il y a la position abrupte de Marine Le Pen, qui affirme que cela ne constitue en rien un problème : « Je suis pour la contraception libre et l’IVG libre. ». Et celle, plus policée, de sa nièce Marion qui envisage d’essayer de réduire l’abcès, mais en aucun cas de réviser une situation qui n’est pas sans poser, fondamentalement, certains problèmes. « Je ne remets pas en cause la liberté d’avoir recours à l’avortement », déclarait-elle le 2 décembre dernier au Dauphiné Libéré.
 
Que les catholiques votent est une chose, qu’ils croient être défendus en est une autre…
 

François le Luc