Guerre en Ukraine contre les nations : une CED promue sans vote

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Nous avons établi hier que la guerre en Ukraine et les surprises du processus de paix concourent à l’érection de l’Europe occidentale et méridionale en un seul bloc politique et militaire, ce qui est une étape importante vers le gouvernement mondial. Dialectiquement synergiques, Poutine, Trump et l’UE poussent cette dernière à former une armée commune (commandée par qui, au service de quelle politique étrangère, c’est autre chose) : c’est une resucée de la CED (communauté européenne de défense) suggérée par les Etats-Unis face à la menace que représentait l’URSS, et refusée par la France, voilà 70 ans. Il reste à préciser, à travers actes et discours, combien cette CED obtenue sans vote est le fruit d’un cynisme tranquille de la caste dirigeante, sans souci aucun des nations ni de la démocratie. Cette caste de hauts fonctionnaires, de dirigeants et d’entrepreneurs utilise la guerre, le sang et la peur qu’ils provoquent avec le même art que les mythes du climat ou du covid. C’est la signature d’un totalitarisme en marche qui n’hésite plus à s’afficher.

 

A l’Est rien de nouveau : la guerre en Ukraine est connue depuis 2022

La plupart des chefs d’Etat et de gouvernement d’Europe (à l’exception notable d’Orban) et les patrons des institutions internationales qui prolifèrent sur notre continent crient à la catastrophe et à la trahison devant la menace russe depuis que Donald Trump a brutalement coupé l’aide des Etats-Unis à l’Ukraine. Sans doute la méthode a-t-elle de quoi agacer. Mais, d’une part, l’aide américaine effective était à la fois moins forte que ce qu’avait autorisé le Congrès, et moins forte que l’aide européenne effective, selon l’évaluation de l’institut Kiel pour l’économie mondiale. Et d’autre part, dans la mesure où il existe une menace russe, en quoi aurait-elle changé depuis trois ans ? En 2022, on a pu constater que Vladimir Poutine était prêt à passer militairement la frontière d’un pays indépendant pour satisfaire ce qu’il estime les intérêts de la Russie. Rien n’a changé depuis, sinon peut-être que les forces conventionnelles russes font moins peur, qu’elles s’usent comme toutes les armées du monde et connaissent des difficultés à pénétrer loin en territoire hostile. La propagande martiale d’Emmanuel Macron, Keir Starmer et quelques autres paraît donc décalée, « lunaire », d’autant que rien ne dit que Donald Trump, aussi surprenants que soient ses discours, ne cherchera pas de garantie sérieuse à la sécurité européenne avant de signer la paix : il est manifestement entré dans une position de négociation.

 

Dividendes de la paix : ces nations qui se ruinent en l’Ukraine

Quant à la menace que fait peser la Russie sur l’Europe, les cafés du commerce en disputent, mais une donnée facile à mesurer doit être observée pour l’évaluer : la dépense par habitant des pays qui fournissent de l’aide à l’Ukraine. Bien loin devant les Etats-Unis, la France ou la Grande Bretagne se trouvent les pays scandinaves et baltes, la Finlande, la Pologne, et dans une mesure moindre l’Autriche, neutralisée de justesse en 1945 : en somme les Etats qui, le long de l’histoire, en particulier lors de la Seconde Guerre mondiale, ont connu la Russie de près et en ont souffert, singulièrement sous sa forme soviétique. Il est certain que la référence constante de Poutine à la « grande guerre patriotique » ne peut que faire monter la peur et augmenter la menace. Face à la menace russe, ou chinoise, ou quelque menace que ce soit, quiconque a, par exemple, un peu suivi les opérations françaises en Afrique, sait que presque rien n’est possible aujourd’hui sans le soutien du renseignement et de la logistique américaine. C’est le fruit d’une politique de suicide militaire lancé par l’atlantiste Mitterrand à l’aube des années 1980 et que Laurent Fabius, alors Premier ministre, avait résumé d’une phrase, en présentant une loi de programmation militaire amputée : « Il faut engranger les dividendes de la paix. »

 

La CED inutile dans la guerre en Ukraine

Ces dividendes coûtent cher à la sécurité nationale aujourd’hui et risquent de coûter très cher au contribuable. En temps de paix, réorganiser une armée, l’équiper, l’armer, prend vingt ans, en temps de guerre ou sous l’urgence, cinq ans. Et beaucoup d’argent. Or la France est aujourd’hui désindustrialisée, vieillissante, et endettée comme un pays l’est en général au sortir d’une guerre, d’ailleurs envahie par des populations étrangères non fiables et percluse de luttes intestines : voilà des conditions plus que défavorables à un réarmement. Ces difficultés et ces délais rendent d’ailleurs les appels aux armes d’un Macron ou d’une Ursula von der Leyen non seulement pathétiques mais inopérants pour la guerre présentement menée en Ukraine. Pour les années 2025 et 2026 par exemple, si la guerre continuait, les armes européennes ne seraient pas opérationnelles sur le champ de bataille. C’est si vrai que 80 % des dépenses d’armement prévues par l’Ukraine avec l’argent fourni par l’Europe servent à acheter du matériel… américain ! L’effort financier européen pour l’Ukraine sert aujourd’hui à engraisser l’industrie d’une Amérique qui « laisse tomber » l’Europe et l’Ukraine. Quand, enfin, les armes européennes parviendront aux unités ukrainiennes (ce qui est déjà le cas de certains chars allemands, missiles anglais et canons français), cela nécessitera des formations, et désorganisera un peu plus une armée Ukrainienne qui l’est déjà suffisamment comme ça.

 

Ni Staline ni Eisenhower n’avaient imposé la CED

Alors, pourquoi tant d’indignation et de coups de menton ? Pour faire accepter aux Européens ce que ni l’Amérique d’Eisenhower ni l’URSS de l’immédiat après Staline n’avaient réussi en 1954 : la CED. L’Europe de la défense, clef et couronnement de l’Union européenne. Pour elle, rien n’est aujourd’hui trop beau, les critères de Maastricht sont obsolètes, empruntons, il y aura toujours des contribuables pour payer après. Avec une armée commune et une dette mutualisée, ça y sera enfin, les quelques miettes de souveraineté laissées aux nations par 70 ans de processus « européen » seront ramassées au ramasse-miettes. Ursula, Emmanuel et Keir peuvent être reconnaissants à l’oncle Sam et à Vladimir. Bush, Obama, Biden ont poussé Moscou à la guerre, Poutine s’est enferré, Trump et ses cartes de joueur de poker décide de se retirer du jeu, et voilà, le coup est forcé, comme on dit aux échecs : il n’y a pas d’autre solution pour l’Europe que la CED.

 

Pas de vote, pas de démocratie : plus fort que le COVID

Le coup est magistral. Presque aussi fort que pour le covid. Voilà, bonnes gens, peuples éberlués, de même que vous avez porté un masque, évité de vous faire la bise, êtes restés debout sur la plage et au café, de même on vous demande du courage et de l’argent pour la CED. Sans que cela soit inscrit dans le moindre programme ni dans le moindre traité. Sans que cela ait été si peu que ce soit au vote populaire ni même débattu dans ces étranges lieux que sont devenus les assemblées parlementaires. Les moutons humains sont aujourd’hui si bien habitués à marcher comme il faut par les expériences d’ingénierie sociale que leur a imposé au fil des ans la révolution mondialiste qu’ils n’ont pas pour l’instant montré la moindre velléité d’insubordination, même à l’extrême gauche et à l’extrême droite. C’est l’union sacrée dans la somnolence. Les maîtres de l’arc-en-ciel piétinent allègrement leurs serfs. Une peur a chassé l’autre, celle des Russes a succédé à celles des pangolins chinois, avec toujours au-dessus de la tête un ciel plein de CO2.

 

Les nations assassinées dans leur sommeil

Une question se pose à nous : comment enrayer ce mouvement d’asservissement ? Une nation, la France par exemple, pourrait bien sûr dénoncer les traités. Elle pourrait reprendre la souveraineté de son territoire et de ses frontières. Une défense nationale est possible, même contre des forces bien plus importantes. L’exemple de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale le montre. Mais il y faut une détermination sans faille et des finances en or. C’est là que les « dividendes de la paix » du couple Mitterrand-Fabius se révèlent géniales. Depuis cinquante ans la France s’est endormie, comme ses cousins d’Europe, sous le parapluie américain, échangeant sa soumission contre une douillette tranquillité. La révolution arc-en-ciel a joué sur le temps long. Elle a posé des situations qu’elle exploite tout naturellement et sur lesquelles il est plus que difficile de revenir. Au point d’interdépendance économique et asservissement financier où nous en sommes venus, qui donc aurait le courage et la poigne de nous en sortir ? Et le peuple français, amoindri, vieilli, divisé, aurait-il le courage de suivre ?

 

Sans vote, la CED et la dette contre les nations

C’est pourquoi Macron a lancé son emphatique propagande sur l’Europe et son armée : elle paraît crédible. Tous ensemble, à coup de milliards, il y a moyen de faire une CED. Et si elle ne sert pas en Ukraine, elle servira contre le Sud, ça va devenir nécessaire, suivez mon regard ! Et puis, ce Poutine, quand même, on ne sait jamais. Le bon peuple marchera et il n’ira pas regarder plus loin. Ni se demander comment sera armée l’armée européenne, donc qui aura la maîtrise de ces armes, donc qui commandera effectivement. Ni se demander à quelle diplomatie, quel gouvernement cette armée obéira. Car toute armée est au service d’une république. L’armée américaine obéit à la république de Trump, l’armée russe à la république de Poutine, mais l’armée de la CED, à qui obéira-t-elle ? Poser la question c’est donner la réponse : à personne. Les questions et les conflits à résoudre pour parvenir à un commandement commun sont trop complexes, l’OTAN en donne une idée très édulcorée. De sorte que cette armée de la CED n’est pas conçue pour combattre au nom d’une puissance réelle, pour défendre un peuple réel. Elle a été conçue, comme la dette, comme moyen de fédéraliser l’Europe et l’asservir un peu plus au processus mondialiste.

 

Pauline Mille