L’université britannique est l’objet d’une attaque en règle par des lobbies qui, à propos de tout, histoire coloniale, féminisme, etc., menace la liberté d’expression (notamment par la pratique des safe space et du non platforming), jusqu’à imposer ce qu’on pourrait nommer un totalitarisme inclusif.
A l’origine, un safe space était un espace sûr aménagé pour que des personnes dites marginalisées puissent se réunir et parler sans se sentir agressées : c’est une chose qui a été pensée par le féminisme et les LGBT, bientôt associés aux organisations dites « antiraciste », afin de développer et répandre leur idéologie.
Safe space et non platforming sont deux mamelles du totalitarisme
Ce mouvement s’est développé surtout dans les universités anglo-saxonnes, d’abord américaines, avant de s’étendre à l’alma mater britannique, qu’il perturbe profondément. En effet, l’élite britannique, beaucoup plus que les puritains sectaires américains, a une tradition de liberté de parole qu’elle estime menacée par les injonctions à ne pas « offenser » tel ou tel groupe amateur de safe space.
D’autant qu’on est passé des safe space à une pratique carrément intrusive, celle du non platforming. Elle consiste à interdire, dans un débat public ou une réunion, tout groupe de personnes dont il est convenu qu’ils professent des opinions « inacceptables » ou « offensantes ». On voit qu’à terme ce mouvement, qui se prétend inclusif, permet d’exclure n’importe quel opposant dont les opinions ne lui conviennent pas.
Le ministre de l’université britannique se rebelle
C’est ce qu’a parfaitement discerné le ministre britannique des universités, Jo Johnson. S’exprimant sur la radio publique BBC 4, il a estimé que laisser prévaloir les safe space et le non platforming à l’université serait s’engager sur « une pente glissante ». Elle mènerait selon lui à « une société moins capable de découvertes scientifiques, d’innovations, et moins capable de résister à l’injustice. Nous avons besoin de gens capables de se débrouiller avec l’inconfortable ».
Il a déploré qu’aux Etats-Unis, on ait vu à l’université « des groupes cherchant à étouffer ceux qui ne sont pas d’accord avec eux ». Pour éviter le développement de ce totalitarisme inclusif, il a lancé un bureau des Etudiants, qui doit réguler à partir de janvier prochain les études supérieures britanniques et aura à cet effet le pouvoir de mettre des amendes à l’université qui manquerait à protéger la liberté d’expression, ou même de lui ôter l’agrément de la Couronne britannique.
Quand l’histoire coloniale sème la révolution à Oxford
Quoi qu’il en soit de cette institution (à suivre), il est clair que l’université britannique est profondément malade du terrorisme intellectuel instillé par le totalitarisme inclusif. L’affaire du professeur Biggar en est une illustration. Cet universitaire, qui enseigne la théologie morale et pastorale, a publié en novembre dans le Times une chronique intitulée : « Ne vous sentez pas coupable de notre histoire coloniale. » Il préconise une histoire équilibrée de l’histoire coloniale britannique, qu’il estime « moralement mélangée ». Ainsi relève-t-il par exemple qu’à côté de massacres inadmissibles elle a produit la suppression de l’esclavage. Il a mis sur pied un projet portant sur cinq ans pour établir les ombres et les lumières de cette histoire coloniale, dont l’intitulé est « Ethique et Empire ».
Des pontes de l’université britannique appellent au lynchage
Là-dessus, une soixantaine d’universitaires d’Oxford, en majorité historiens, ont publié une lettre ouverte où ils le critiquent vertement, lui reprochant de poser « les mauvaises questions », et affirmant que son approche est trop polémique et simpliste pour être prise au sérieux. La société africaine de l’université d’Oxford a aussitôt suggéré que Biggar était un « négationniste » essayant de faire « l’apologie du fait colonial », et de chercher à le justifier à nouveau par une « étude malhonnête ». Priyamvada Gopal, de l’université de Cambridge, l’a accusé de racisme.
Mais l’université d’Oxford confirme le droit de Biggar de remettre l’histoire coloniale dans son contexte. Et Alexandre Morrison, professeur d’histoire à Oxford, a écrit au Times pour le soutenir et déplorer que les signataires de la lettre ouverte « appellent au lynchage en ligne » de leur collègue. Il leur reproche de ne pas respecter les règles universitaires et de saboter un « projet de recherche dans une discipline qui n’est pas la leur avant même qu’il n’ait commencé ».
Les auto da fe du féminisme britannique à l’université
L’affaire divise l’université britannique, de sorte que son ministre de tutelle, Jo Johnson, a rappelé que « les universités devraient être des endroits où s’ouvrent les esprits, non où on les ferme, et où les idées peuvent être librement échangées ».
On entre là dans les contradictions peut-être terminales du dogme franc-maçon de la tolérance confronté à ses conséquences ultimes. Le non platforming, l’instrumentalisation de l’histoire et la généralisation des safe space ne sont pas en effet les seules manifestations du totalitarisme inclusif. Johnson en déplore d’autres formes, « le retrait de certains livres des bibliothèques et l’élaboration de listes toujours augmentées de mots interdits qui sapent la libre expression dans nos universités ».
Le féminisme, pilier du totalitarisme inclusif
Des exemples ? Pour satisfaire les amateurs de langage inclusif, les mots rigth-hand man (bras droit), gentleman’s agreement sont officiellement déconseillés à cause de leur masculinité ! Dans cet esprit, l’université de Cardiff recommande à ses étudiants de ne pas traduire leur « substrat culturel » par le « choix de leurs mots ». Aussi leur demande-t-elle d’évider les mots forefathers (ancêtres), mankind (humanité), sportmansphip (esprit sportif), afin d’embrasser la « diversité culturelle ». Ainsi leur est-il rappelé, grâce au vade me cum « neutre en matière de genre », que l’objectif de la révolution en cours est le bouleversement total de notre civilisation, et que le féminisme est, avec l’antiracisme, l’un des solides piliers du totalitarisme inclusif qui menace, à travers l’université britannique aujourd’hui, toute l’Europe de demain.