Horse soldiers, soit Les cavaliers en français, est un film de guerre américain. Ces cavaliers ne sont pas des héros d’une Histoire militaire lointaine, renvoyant aux XVIIIème ou XIXème siècles, mais les protagonistes de faits récents. Une douzaine de soldats-commandos américains a en effet combattu à cheval, au milieu de leurs alliés locaux afghans, dans la guerre contre les Talibans, à l’automne 2001. C’était la réplique militaire au 11 septembre 2001, les Talibans abritant Al-Qaïda sur leur territoire.
Horse soldiers propose un spectacle particulièrement bien mené. Le film est équilibré. Les personnages américains sont exposés en début de film, dans leurs familles, sans que du temps soit perdu en envolées sentimentales. Du reste, est-il rappelé justement, les femmes de militaires savent à quoi s’attendre. Ces commandos sont aussi de bons pères de famille. Aussi tout en étant courageux sur le terrain, veillent-ils à ne pas faire preuve d’une témérité suicidaire ; et le bon soldat sait en principe ce qu’est un risque déraisonnable, celui dont il ne reviendra pas, ni lui ni ses camarades.
Horse soldiers, un bon film de guerre pour les amateurs du genre
La chronologie et le contexte historique général de ces combats au Nord de l’Afghanistan est de façon générale bien respectée. Ces faits sont en outre peu connus, sauf d’un public restreint de spécialistes. Les Douze hommes forts (traduction exacte du titre original) ont été médiatisés aux Etats-Unis, dans une opération de communication réussie du ministère de la défense de l’hiver 2001-2002. L’usage des chevaux, des petits chevaux afghans vifs, poilus – ce qui leur permet de résister au froid – est venu de l’intégration du commando dans les brigades de cavaliers locaux, celles du général Dostom. Dostom est un Ouzbek, donc opposé aux Talibans pachtouns. Il a eu de grosses difficultés à se coordonner avec son rival de la région, le général Atta, un Tadjik. Les Tadjiks et Ouzbeks se détestent depuis plusieurs siècles. On ne racontera pas ici le détail des opérations. Les cavaliers américains ont guidé les frappes aériennes de leur aviation. Ces frappes ont permis la destruction des moyens lourds – char et artillerie – des Talibans, permettant la victoire de l’Alliance du Nord.
Nous nous permettrons seulement de fortes réserves au sujet du portrait hagiographique du général Dostom. Il comporte un mensonge flagrant : il n’a en aucune manière été un héros de la résistance afghane face aux Soviétiques dans les années 1980, mais au contraire un champion de la collaboration armée avec l’URSS. Dans ce rôle, il a été remarquablement efficace. De l’épisode, il a gardé une impiété proverbiale, cas assez unique en Afghanistan. Dans le film, au contraire, il incarne le « bon musulman » vu par Hollywood, un sage qui invoque Allah, antithèse des Talibans. Le vrai Dostom est en outre réputé pour sa brutalité, dans un contexte général certes peu tendre.
Néanmoins, Horse soldiers reste pour les amateurs du genre un bon film de guerre.