Royaume-Uni post-Brexit : l’intelligence artificielle au service de la modernisation du secteur public

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Vendredi dernier, un grand pas a été franchi au Royaume-Uni dans le conflit opposant la compagnie ferroviaire Southern Railways avec les syndicats, qui se traduit par une grève depuis plusieurs semaines déjà. En effet, le syndicat des conducteurs ASLEF Rail Union a accepté des améliorations technologiques pour permettre aux conducteurs d’accomplir certaines tâches dévolues auparavant à un employé du train, comme par exemple ouvrir ou fermer les portes des wagons. Cette décision fait partie du mouvement de modernisation du secteur public entrepris par le gouvernement de Theresa May, à la suite du Brexit, où la technologie, en particulier l’intelligence artificielle, joue un rôle essentiel.
 
Et c’est une bonne nouvelle ? Le mouvement s’accélère, et tant pis pour les hommes…
 

L’intelligence artificielle envahit le secteur public britannique

 
Le mois dernier, le secrétaire d’Etat à la santé Jeremy Hunt annonçait que le National Health Service (NHS) collaborerait désormais avec trois sociétés d’intelligence artificielle pour donner des conseils de santé par téléphone à Londres, dans le Yorkshire et les Midlands de l’Ouest. De son côté, Her Majesty’s Revenue and Customs (HMRC), l’organisme responsable de la collecte des taxes et des cotisations pour l’Etat a divisé par trois ses effectifs au cours des dix dernières années, grâce à son service en ligne. Pour le contribuable, cela représente un gain de temps. D’argent aussi, dit le service des impôts. Voire…
 
Tout le secteur public pourrait suivre le même mouvement. L’automatisation permettra de remplacer dans les dix ans à venir plus de 90 % des fonctionnaires de Whitehall – ils sont 140.000 aujourd’hui. Cela permettrait de réaliser une économie de 2,7 milliards de livres. Des changements équivalents au Service national de la santé (NHS) feraient économiser 1,7 milliards de livres. L’idée est d’autant plus facile à vendre que la dette n’a jamais été aussi élevée, et que faire des économies est essentiel. Mais lorsqu’on promet que ces changements sortiraient le secteur public de la bureaucratie, c’est oublier que la bureaucratie inhumaine, servie par des machines qui ne veulent rien savoir, est encore pire que l’homme pour imparfait qu’il soit.
 

Après le Brexit, le Royaume-Uni veut transformer son secteur public

 
Le gouvernement de Theresa May veut tirer les leçons du référendum sur le Brexit : les Britanniques y ont exprimé le rejet d’une façon de gouverner qui n’écoute pas le peuple. Il s’agit de créer « un gouvernement à votre service », comme a pu le dire Ben Gummer, ministre au Bureau du Cabinet. Pour Theresa May, la technologie est un moyen privilégié pour atteindre cet objectif : « Lorsque les Britanniques ont voté au référendum en juin dernier, dit-elle, ils n’ont pas simplement voté pour sortir de l’Union européenne ; ils ont voté pour changer les façons de travailler dans notre pays. » Pas sûr que les Britanniques réclament des robots, pourtant !
 
Ces mutations peuvent faire craindre des pertes d’emplois, reconnaissent leurs partisans ; mais par le passé l’économie a déjà su faire face à la diminution des emplois dans le secteur public ; cette baisse est d’ailleurs compensée par la hausse de l’emploi dans le secteur privé : depuis 2010, cette augmentation a été huit fois supérieure à la baisse de l’emploi dans le secteur public, dit-on avec optimisme.
 
Comme si le secteur privé allait être protégé de l’arrivée massive de l’intelligence artificielle !