Une intelligence artificielle qui lit dans vos pensées, ce n’est plus de la science-fiction

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L’intelligence artificielle, même si le mot n’est pas bon, est le sujet à la mode. Soit qu’on en inventorie les conséquences économiques, soit que, comme l’un de ses inventeurs, l’Anglais Geoffrey Hilton, on s’inquiète des mauvaises utilisations terrifiantes qui relèvent pour l’instant de la science-fiction, comme les robots tueurs, où la machine est si intelligente qu’elle met les humains en esclavage. Mais les laboratoires travaillent dans l’ombre, et l’un d’entre eux vient de mettre au point un système qui « lit » dans les pensées d’un homme et les traduits grossièrement en mots. C’est encore très imparfait, mais cela commence à marcher.

 

Des pensées soumises à l’Intelligence artificielle via l’IRM

C’est l’université du Texas à Austin qui a mis au point cette intelligence artificielle qu’on peut entrainer à traduire en mots les pensées de quelqu’un sur des périodes relativement longues. Selon Alex Huth, l’un des directeurs du laboratoire, professeur assistant en neurosciences, « Pour une méthode non invasive, c’est un vrai pas en avant ». La caractéristique de l’expérience est en effet qu’elle est « non invasive », elle ne nécessite pas la pose d’un implant dans le crâne du patient. On utilise seulement un scanner IRM où le cobaye est étendu, et on lui fait écouter des histoires pendant qu’on scanne son cerveau.

 

Geoffrey Hilton a peur, et ce n’est pas de la Science-fiction

Les résultats demeurent pour l’instant assez approximatifs, mais, de fait, l’intelligence artificielle saisit en gros le sens général de ce que pense le patient, et, après un entrainement suffisamment long, peut produire un texte qui décrit assez bien sa pensée – et même, à l’occasion, de façon exacte. La même expérience a réussi pour quelqu’un qui regardait une vidéo. L’équipe d’Austin espère, en améliorant la technique, utiliser cette méthode pour permettre de communiquer avec les malades qui ont perdu l’usage du langage, par exemple à la suite d’un AVC. Mais bien sûr, les craintes nées de la science-fiction et reprises par Geoffrey Hilton viennent tout de suite à la pensée.

 

L’intelligence artificielle ne décode que les volontaires

Les chercheurs de l’université d’Austin y répondent. Pour Huth : « Le patient soit passer une quinzaine d’heures allongé dans un scanner IRM, parfaitement tranquille, et prêter attention aux histoires qu’on lui raconte pour que cela puisse marcher ». On ne peut donc « voler » sa pensée. Et puis même, s’il a envie de dépister la machine une fois à l’intérieur, il lui suffit de penser à quelque chose sans rapport avec l’expérience, sa belle-mère ou une rage de dents. Sans doute. Pour l’instant. Mais, voilà dix ans, qui croyait l’Intelligence artificielle à portée de main ?

 

Pauline Mille