L’Iran adopte l’accord sur le nucléaire

Iran adopte accord nucléaire
 
Si l’on en croit les médias d’Etat, le texte de l’accord sur le nucléaire qui prévoit une levée des sanctions internationales en échange de l’engagement de l’Iran à ne pas se doter de l’arme atomique a été adopté mardi dans le détail (après une séance plus générale la veille) par les députés iraniens, qui l’ont approuvé par 161 voix pour, 59 contre et 13 abstentions.
 
Trois mois après la conclusion, le 14 juillet dernier, de plusieurs années de tractations houleuses entre Téhéran et plusieurs grandes puissances nucléaires emmenées par les Etats-Unis, le dossier du nucléaire iranien peut donc être classé. En échange de la levée des sanctions internationales qui, peu à peu, figeait son économie, l’Iran accepte donc de ne plus chercher à se doter de l’arme atomique, et même de limiter son programme nucléaire civil.
 

L’Iran adopte l’accord sur le nucléaire

 
Il est toujours dangereux, effectivement, de jouer avec les allumettes. Et, par ailleurs, en limitant les capacités iraniennes dans le nucléaire civil, on ouvre la perspective de possibles contrats. L’Iran étant redevenu fréquentable, certains pays ont commencé à se précipiter. A l’heure où, chez nous, le nucléaire souffre d’un discrédit certain, ce n’est pas à négliger…
 
Le débat n’aura cependant pas été simple au sein du Majles, le parlement monocaméral iranien, où les opposants conservateurs à l’accord, le considérant plus favorable aux grandes puissances qu’à leur propre pays, rêvaient d’en découdre. Mais ils n’ont pu que s’incliner, sans se priver cependant d’une séance de cris et de grincements de dents, devant l’avis favorable de l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême du pays, et qui, bien qu’ayant souhaité laissé la parole au parlement, a, à ce titre, le dernier mot sur tous les dossiers importants du pays.
 
Pour les amadouer, Ali Khamenei a promis depuis des semaines que la signature de cet accord ne changerait rien à leurs mauvaises relations avec le grand satan américain.
 

Le jeu américain

 
Le parallèle américain a quelque chose d’assez étonnant, puisque Barack Obama, malgré la forte majorité républicaine, également opposée à cet accord, a réussi à passer en force au Congrès, le blocage du projet ne pouvant se faire qu’à la majorité des deux tiers…
 
De part et d’autre donc (les autres pays signataires étant d’emblée favorables), les opposants étaient majoritaires, mais ils ont dû céder à la volonté forte de leur dirigeant.
 
Point positif pour Téhéran, nous l’avons dit, la relance de son économie. Les délégations étrangères, tant politiques qu’entrepreneuriales, n’avaient d’ailleurs pas attendu pout tenter de placer leurs pions sur un marché prometteur de 79 millions d’habitants, et riche, en outre, en pétrole et en gaz.
 
Ainsi, lundi, à l’occasion d’une visite à Téhéran, le ministre japonais des Affaires étrangères Fumio Kishida a déclaré que son pays souhaitait bénéficier de l’opportunité économique que constitue cette situation d’autant plus nouvelle pour le Japon que c’était la première fois qu’une délégation aussi importante se rendait dans le pays depuis la révolution islamique en 1979. « Nous étudions ce que nous pouvons faire pour capitaliser sur l’accord nucléaire », a-t-il précisé.
 
L’intérêt économique de cet accord est donc assez clair, et personne ne s’en cache.
 

Entre intérêts économiques et velléités stratégiques

 
Quant aux grandes puissances, elles y voient plutôt le moyen de réduire la menace nucléaire dans une région en proie à de nombreux antagonismes. Mieux encore, côté américain, on espère, sans réellement vouloir le dire, et malgré l’hostilité de façade de Téhéran, pouvoir capitaliser sur la puissance iranienne pour régler certains conflits. En Syrie, par exemple, l’Etat islamique, et sa volonté expansionniste, n’ayant jamais été réellement apprécié par les responsables de la République islamique d’Iran.
 
Du côté de Moscou, la situation ne serait pas pour déplaire à Vladimir Poutine, puisqu’elle pourrait lui permettre de régler certaines questions avec le secours de certains de ses traditionnels alliés, et sans se trouver systématiquement en butte à l’opposition des occidentaux.
 
De ce fait, avoir lâché un peu l’Iran sur la question du nucléaire – qui, à terme, pouvait tout de même s’avérer délicate – permettrait à la Russie de reprendre la main par ailleurs. Un donnant-donnant, en quelque sorte, qui ne ferait que renforcer son influence dans la région.
 

François le Luc