Alors que le prochain chef du gouvernement hongkongais est en passe d’être élu, on entend ça et là la voix du jeune Joshua Wong, icône du mouvement dit « des Parapluies » de 2014. Le temps s’est écoulé sans que davantage de démocratie ne soit accordée à Hong-Kong la rebelle, revenue dans le giron de la Chine communiste il y a presque vingt ans. Secrétaire général du tout neuf parti « Demosisto », Joshua Wong, s’en émeut toujours plus, en affirmant encore et encore que le communiste Xi Jinping n’accordera jamais la démocratie à Hong-Kong.
Élections à Hong Kong
Ce sont les premières élections depuis la révolution des Parapluies. Mais rien n’a bougé, finalement. Xi Jinping tient, d’une main de fer, la ville la plus libre de Chine, objet de toutes ses attentions.
Officiellement, la Région administrative spéciale de Hong Kong (SAR) bénéficie de l’accord « un pays, deux systèmes » depuis la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la République populaire de Chine. Mais les promesses de « large autonomie » ont été faites du bout des lèvres.
En novembre dernier, le Parlement chinois a tout bonnement écarté deux députés indépendantistes hongkongais, élus au suffrage universel, au motif qu’ils avaient osé parler d’indépendance.
Aujourd’hui, quatre candidats sont désignés pour occuper le poste de chef de l’exécutif – un comité de 1.200 membres, issus pour la plupart de groupes d’intérêts favorables aux intérêts chinois, doit déterminer son nom. On est loin du suffrage universel réclamé par le jeune Joshua Wong en 2014… Le mouvement des Parapluies qui jeta dans la rue des dizaines de milliers de Hongkongais demandait alors une refonte totale de ce système d’élection – Pékin a gagné le bras de fer.
« Demosisto » : une épine dans le pied communiste chinois
Mais le jeune Joshua Wong n’en démord pas. Celui qui fonda à 15 ans « Scholarism », syndicat destiné à combattre l’introduction – via la Chine – de cours de « patriotisme » dans les écoles primaires et secondaires, a créé en avril 2016 le parti de centre-gauche « Demosisto » (contraction de « démocratie » et « résistance ») pour promouvoir la démocratie, les droits de l’homme et se libérer de l’influence de la Chine, quitte à passer par la désobéissance civile.
Son camarade Nathan Law en a été en septembre dernier le premier législateur élu. Et son discours d’investiture qui invoquait Ghandi a attiré les foudres de Pékin… Le tribunal devant lequel il fut traîné manu militari, n’a pas rendu son verdict, mais un montant élevé de frais signifierait la faillite immédiate pour le petit parti sans le sou – ce qui serait un succès pour Pékin, Goliath fortement incommodé par ce David démocratique…
Joshua Wong, depuis 2014, vogue d’arrestation en mise en examen. Jugé coupable en juillet 2016, avec deux de ses camarades dont Nathan Law, pour avoir participé à un « rassemblement illégal », il a échappé de justesse à une peine de cinq ans de prison. Et se voit désormais refuser l’accès à certains pays dans la sphère chinoise comme la Thaïlande ou la Malaisie…
Joshua Wong : « le système actuel nous refuse un vote véritablement démocratique »
Cette nouvelle élection ravive ses convictions. Il écrit dans le Guardian le 23 février dernier : « Alors que certains pensent qu’un nouveau directeur général pourrait apporter un changement, le président chinois Xi Jinping continuera à exercer in fine, d’une main de fer, un contrôle sur Hong Kong (…) Peu importe le résultat des élections, le fait que nous ne soient offerts que les candidats d’un « pool » présélectionné est révélateur du fait que le système actuel nous refuse un vote véritablement démocratique. »
« Les conditions des droits humains sous Xi Jinping ont régressé – les militants et les avocats sont toujours en prison Nous sommes encore loin de la réalisation de la démocratie sous l’oppression de Xi Jinping »…
Pour son camarade Nathan Law, « la ligne de répression devient beaucoup plus serrée ».
Communisme contre démocratie
Et ils n’ont de cesse de récriminer sur l’attitude occidentale, en particulier évidemment britannique, comme le notait un article du Telegraph. Chaque semestre, en effet, depuis 1997, le gouvernement britannique écrit des rapports sur l’état de la démocratie à Hong-Kong.
Son dernier, produit en février, parle de « préoccupation » quant à la comparution de Nathan Law, en suggérant même que ce pourrait être une violation de la déclaration conjointe du gouvernement de la République populaire de Chine et du gouvernement de la Grande-Bretagne. Mais le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson conclut que « nous ne voyons pas l’indépendance comme une option pour Hong Kong »…
Entérinant par là même la mainmise progressive de Pékin sur la ville.
C’est un fait : le Parti ne permettra jamais que Hong Kong menace la stabilité et la sécurité de la Chine, comme l’a déclaré le 1er janvier un haut fonctionnaire chinois, lors de la traditionnelle marche pour la démocratie dans les rues de la ville. La contagion doit se faire dans l’autre sens.
Le jeune Joshua Wong se dit de gauche, mais il a compris au moins ça.