Fi du « Jour de Christophe Colomb » : l’Amérique veut sa « Journée du peuple indigène »

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Fi du « Jour de Christophe Colomb » : l’Amérique veut sa « Journée du peuple indigène »
 
Presque huit décennies que l’Amérique célèbre très officiellement son Jour de Christophe Colomb…
 
Mais l’air du temps n’est plus le même Le 12 octobre (fixé au deuxième lundi du mois en 1971) sonne de moins en moins comme un honneur rendu au débarquement victorieux de l’explorateur italien. Et de plus en plus comme une journée de protestation contre l’indigne privilège de ces Européens avides et racistes qui firent des peuplades autochtones des feux de joie… On fait de l’anti-Christophe Colomb, en renommant ce 12 octobre « Journée du peuple indigène ».
 
La contestation n’est pas seulement anti-colonialiste – elle est aussi anti-américaine et résolument anti-chrétienne.
 

Un Jour anti-Christophe Colomb

 
Le 12 Octobre 1492, la petite caravelle de Christophe Colomb, la Niña, touchait la terre du « Nouveau Monde ». Il croyait avoir atteint l’Asie – il avait accosté dans les Antilles, sur une île des Bahamas. Sa découverte est le point de départ de toute l’exploration européenne et de la colonisation de l’ensemble du continent américain. Il apporte la riche civilisation occidentale et surtout la religion chrétienne.
 
Mais ça ne plaît plus. Christophe Colomb semble être tombé de son piédestal : c’est lui, maintenant, le méchant. Il faut célébrer, désormais, l’histoire et la contribution des cultures autochtones à travers le pays.
 
Le prétexte est celui de la vérité historique, la réévaluation est bien davantage idéologique…
 

La Journée du peuple indigène

 
Cette contestation n’est pas nouvelle. Dans certains pays d’Amérique latine, comme au Brésil, au Guatemala ou en République Dominicaine, ce jour, traditionnellement de fête, célèbre aussi, acontrario, la résistance des peuplades à l’arrivée des Européens… Aux États-Unis, c’est en 1992 que le fief radical de Berkeley, en Californie, a ouvert la voie. Et beaucoup d’autres villes ont suivi son exemple, instaurant leur « Journée des peuples indigènes » – cette année, neuf villes supplémentaires, parmi lesquelles Washington.
 
Leur argumentaire est attendu : on ne peut défiler, fêter un personnage qui représente la colonisation, l’esclavage, la discrimination et le vol des terres que son arrivée occasionna dans les Amériques. On ne peut commémorer la cupidité et le racisme de l’expansionnisme occidental…
 
Même Obama a fait un discours mitigé pour ce jour de fête nationale – qui n’est déjà plus férié dans la moitié des États américains. Il a reconnu que Christophe Colomb avait eu une « soif insatiable pour l’exploration qui continue de nous conduire en tant que peuple ». Mais il a aussi concédé, et même déclaré que les explorateurs européens avaient apporté des « maladies inconnues, la dévastation et la violence » dans la vie des Amérindiens.
 

L’Amérique en lutte contre son héritage ?

 
La gauche américaine est dans cette polémique, la plus véhémente : elle n’hésite pas à parler de « génocide ».
 
Certes, des centaines de milliers et même des millions d’Amérindiens sont morts dans les quelques décennies qui suivirent la conquête espagnole. Mais la plus grande cause de mortalité fut l’introduction des maladies jusque-là inconnues chez eux, de la variole à la peste… La contamination transcontinentale était inévitable et elle fut également pour les Européens qui rapportèrent, dans leurs hameaux, la syphilis.
 
Et la violence ?! Quelle civilisation n’est pas née dans le sang, en dominant par sa force les précédentes ? Un article de The New American rappelle que les Indiens nord-américains étaient eux-mêmes en guerre les uns contre les autres, que l’oppression et la mise en esclavage étaient coutumières. « À cet égard, l’histoire du Nouveau Monde ne diffère pas vraiment de l’histoire de la vieille Europe : les Européens espagnols ont simplement été les derniers vainqueurs ».
 
Question aux contestataires : fallait-il laisser les Aztèques perpétrer ad vitam leurs sacrifices humains d’enfants … ? Hernando Cortés, débarqué au Mexique, aurait-il dû s’en aller sur la pointe des pieds ?! Sont-ce les cannibales qu’il faudrait fêter, aujourd’hui ? Quelles valeurs retenir ?
 

Opération multiculturalisme

 
L’idée n’est pas nouvelle. C’est la même qui soutient la chanson lancée par le pasteur noir Jesse Jackson à l’Université de Stanford dans les années 80 : « Hey, hey, ho, ho, Western Civ has got to go »… Le relativisme culturel et moral à outrance et, sous-jacente, la diabolisation de la civilisation occidentale et surtout chrétienne.
 
Car c’est l’apport principal de Christophe Colomb, son but initial même (il voulait atteindre l’Asie et plus particulièrement approcher le Grand Khan, souverain mongol de la Chine, pour réunir des forces afin de libérer la Terre Sainte de la domination islamique survenue quelques années auparavant). A l’Amérique, il a apporté la Foi catholique et toute la civilisation occidentale qu’elle a contribué à faire naître et qu’elle irrigue encore de ses apports.
 
Mais peut-être faut-il regretter ce passé-là… La rhétorique du multiculturalisme est cet outil idéologique qui défait toute idée de supériorité morale, toute idée de Vérité, pour imposer, sous couvert de sacralisation des « différences », un nihilisme nivelant fondateur, laïciste et marxiste.
 
Le combat contre le « Colombus Day » n’est pas seulement anti-américain.
 

Clémentine Jallais