C’est le montant de la subvention de la ville de Strasbourg à l’association Banlieues Climat pour « former les jeunes des quartiers populaires » aux « enjeux climatiques », notamment en salariant les formateurs, selon l’accord d’association signé le 29 janvier. La chose a été officialisée lors d’un raout à l’hôtel de ville, où le maire EELV Jeanne Barseghian s’est fendu d’une formule pompeuse : « Vous êtes les visages du futur que nous voulons construire. » Feris Barkat, militant écologiste de 22 ans qui a contribué à fonder Banlieues Climat a exulté : « On voulait se sauver nous -mêmes, pas le monde. (…) Maintenant, on est là pour changer le système. » Et de détailler sa pensée : « Les gens se disent que banlieues et climat ça ne marche pas, qu’il y a des problèmes d’éducation dans les quartiers et qu’un sujet technique comme ça, il n’est pas fait pour nous. Alors que c’est précisément notre quotidien qui est lié aux enjeux environnementaux. On est les premiers concernés, les premiers écologistes, c’est nous. » Des diplômes ont été distribués pour l’occasion à une soixantaine de jeunes. L’un deux, Bilal, s’extasie : « Je ne savais pas que je consommais quatre fois plus que quelqu’un qui vit en Afrique, et que pour subvenir à mes besoins, il y a 300 personnes qui travaillent dans le monde entier. » Un autre, Sanaa Saitouli, élargit le propos : « On nous a tellement divisés entre campagnes et quartiers qu’il faut que ça cesse. On traverse les mêmes problématiques, on va créer du commun. » Et Feris Barkat conclut : « On a tendance à penser que la politique, c’est un mot dangereux. Les gens se revendiquent apolitiques, neutres, font des choses, mais surtout pas de politique. On veut casser ça, pour ne pas être politiques, il faudrait qu’on soit aveugles à nos conditions de vie. Nos vies sont politiques. »
Tous les éléments de la révolution arc-en-ciel concourent dans ce mini-projet. Un, une municipalité d’idéologues, en dehors de sa mission et sans contrôle d’Etat, engages des dépenses. Deux, le projet mêle deux idéologies, l’aide à l’immigration et l’obsession verte. Trois, le vocabulaire est subverti : au lieu de dire « secteurs d’immigration », on dit « quartier populaire ». Quatre, on affiche la couleur : « Vous êtes les visages du futur que nous voulons. » C’est aussi clair que la nouvelle France de Mélenchon. Cinq, l’agitation menée doit être intersectionnelle, banlieues et campagnes, immigrés et écolos. Six, tout cela est politique, et ostensiblement révolutionnaire, il faut « changer le système ». La révolution arc-en-ciel passe ainsi par des milliers de micro-révolutions.