Le Mot : Aliénant

Le Mot Aliénant
 

Rule Britannia ! fut d’abord le titre d’un poème de James Thomson, assez pompeux, à la gloire de l’Angleterre conçue comme la personnification de la liberté régnant sur le monde, que Thomas Arne mit en musique en 1740. Les Britanniques en ont fait un chant patriotique du temps de leur grandeur, Beethoven et Wagner en ont repris le thème dans deux œuvres mineures et les vieux patriotes de l’autre côté de la Manche y demeurent attachés. Mais pour Thangam Debbonaire, la porte-parole du parti travailliste britannique, c’est un morceau « aliénant ». Pour cette vigilante députée de Bristol West, la culture doit être « accessible à n’importe qui » et il serait « bon d’avoir un débat à ce sujet ». Elle faisait ainsi suite à une remarque du violoncelliste noir Sheku Kanneh-Mason après sa représentation lors de la dernière Night of the Proms, série de concerts donnés dans toute l’Europe où se mêlent pop et musique classique. Il suggère que Rule Britannia soit remplacée par de la musique populaire britannique. Quoi qu’elle reconnaisse que ce n’est pas « aux politiciens » mais aux « organisateurs » de Nights of the Proms de choisir leur programme, elle pense que « pour beaucoup de gens, comme Sheku Kanneh-Mason l’a dit, Rule Britannia a quelque chose d’aliénant ». Au Royaume Uni, ce « débat », lancé depuis plusieurs années, la BBC y tenant sa part. Un porte-parole de Rishi Shunak a même précisé : « Le Premier ministre pense très clairement qu’il (ce chant) doit continuer à être chanté, et fièrement. » L’affrontement entre la cancel culture et les conservateurs n’est pas fini.