Loi Macron, travail dominical, 49.3 : ce que cherchent d’abord Valls et Hollande

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La décision était totalement inattendue : mardi, le Premier ministre Manuel Valls a annoncé la mise en œuvre de l’article 49.3 de la Constitution pour forcer l’adoption de la loi Macron, essentielle à ses yeux pour permettre à la France de redresser son économie. Parmi les multiples dispositions de la loi, celles qui ont fait craindre une absence de majorité au gouvernement socialiste concernent le travail du dimanche, qui a provoqué une petite fronde à gauche que même le renfort du maçonnique PRG et de quelques élus centristes ne permettait pas de contenir avec certitude. Il fallait « aller vite », parce qu’on n’avait « pas de temps à perdre ni de risques à prendre », a déclaré François Hollande pour justifier le recours à cet outil de court-circuitage des élus.
 
C’est donc bien le travail dominical qui est le pivot de cette comédie parlementaire. Elle aura duré plus d’un mois : avec 200 heures de débats, le gouvernement a voulu faire apparaître la loi Macron comme fruit d’un consensus, par le biais de multiples amendements assurant le poids du pouvoir législatif pour un projet « contre-intuitif » de la part de la gauche.
 

La gauche anti-sociale pour le travail dominical

 
Gardons-nous cependant d’imaginer que la gauche est réellement au service des besoins et des aspirations des travailleurs, des décennies ont prouvé le contraire : sa collusion avec le très grand capital n’est plus à démontrer. Mais passons.
 
En imposant l’ouverture des commerces « de zéro à douze dimanches par an » sur décision municipale, et la création de zones où le travail dominical sera possible en permanence, en même temps que les heures d’ouverture très tardive des commerces, le gouvernement socialiste sacrifie aux exigences des grandes enseignes et place le commerce au-dessus de tout.
 
A Mammon, pour être clair. Le gain, le bénéfice à tout prix prennent le pas sur les besoins de l’homme : repos, vie familiale, vie sociale, rendez-vous sportifs ou associatifs – toutes « valeurs » que même un élu de gauche peut juger importantes. Manque évidemment la principale, que personne, en République laïque, n’ose mettre en avant dans le monde politique : la sanctification du jour du Seigneur.
 

Valls et Hollande mettent l’économie au-dessus de tout

 
Le dimanche est un jour à part : celui où l’homme apparaît comme valant plus que sa condition animale, le jour où il remercie et honore son Créateur, affirmant par l’arrêt du « travail servile » qu’il n’est pas esclave de la matière, mais est appelé à jouir un jour pleinement de sa condition d’enfant de Dieu.
 
En transformant en règle ce qui se justifie par exception pour les besoins des hommes – la continuité des transports, des soins donné à l’hôpital, les exemples abondent – au nom du seul profit, c’est un changement de civilisation qui s’opère, une révolution recherchée et soutenue par les plus grandes forces qui nous gouvernent. Macron, Valls, Hollande n’ont pas caché qu’il s’agissait d’aider la France à se mettre en conformité avec les objectifs de l’Union européenne ; c’est Bruxelles qui dicte la loi et veut bien se montrer plus patiente grâce à cette soumission à l’idole de l’argent.
 
« Cherchez d’abord le royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par surcroît », dit Notre Seigneur, le maître du dimanche. C’est une promesse divine et une assurance bien plus efficace qu’une loi « libéral-socialiste » (il n’y a pas de contradiction dans les termes). Manuel Valls raisonne en sens contraire – une inversion, bien entendu ! : cherchez d’abord la prospérité. Une prospérité qui n’est pourtant pas au bout du chemin – le travail dominical n’est pas synonyme de réussite, sinon le Portugal serait le moteur de l’Europe…
 

La loi Macron passera en force

 
Quelques élus auraient-ils réfléchi à ces réalités impérieuses ? Ou est-ce l’inquiétude électorale qui dicte leur fronde ? L’heure n’est pas aux aveux de faiblesse – Valls assure avoir « vraisemblablement » une majorité pour la loi Macron – mais en attendant ils ont fait peur au gouvernement.
 
Passage en force, donc. Le fameux 49.3 ne peut se mettre en action, depuis la réforme de 2008, que pour les lois de finances, tant pour le Budget que pour la sécurité sociale, et en dehors de ce champ, une seule fois par gouvernement et par session, pour un seul texte non-budgétaire, en ses multiples lectures s’il le faut. C’est le joker, l’assurance-vie à utiliser en cas d’urgence.
 

Le 49.3 révélateur des vraies priorités socialistes

 
L’opposition a concouru à sa façon à la réussite de l’opération en déposant une motion de censure. Valls et Hollande se sont montrés confiants : son vote, jeudi, ne devrait pas aboutir au renversement du gouvernement – il a beau disposer d’une majorité fragile, ses soutiens habituels ne sont pas demandeurs d’une nouvelle crise. Il suffira que la motion de censure soit rejetée pour que la loi Macron soit considérée comme adoptée en première lecture.
 
Et un nouveau pas aura été franchi vers la déification de l’économie, l’affirmation que l’homme vivra d’abord, surtout, voire seulement de pain, et non de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
 
Il ne faut pas s’étonner de voir la manipulation, le mensonge et le mépris gouverner la politique lorsqu’il s’agit d’adopter des lois aussi violemment contraires au Décalogue – la loi naturelle inscrite dans le cœur de tout homme.