Incendies de Los Angeles : piste criminelle et pénurie d’eau organisée

Los Angeles pénurie eau
 

A l’heure d’écrire ces lignes, les incendies de Los Angeles en Californie avaient déjà coûté la vie à 24 personnes, et l’on craint de trouver de nouvelles victimes une fois que les flammes auront cessé de dévorer des quartiers entiers, en particulier à Hollywood où se joue une nouvelle version de « l’argent ne fait pas le bonheur ». Les pompiers ont le plus grand mal à circonscrire les feux, notamment en raison d’une pénurie d’eau, et l’on s’interroge sur les causes de la catastrophe qu’on ne saurait attribuer tout entière au « changement climatique », comme l’expliquait ici Clémentine Jallais. La question de l’eau est en effet centrale, et il ne s’agit pas seulement d’une question de sécheresse : si ce début de siècle a été marqué par un manque important de précipitations, la période menant de l’été 2022 à l’été 2024 a connu une pluviométrie assez forte, et ce sur deux années consécutives, en comparaison des moyennes établies depuis… 1877.

Ainsi un ancien enfant star, Rory Callum Sykes, atteint de paralysie cérébrale, marchant très difficilement et aveugle de naissance, est-il mort dans les flammes, car sa mère n’avait pas la force de le déplacer et l’eau ayant été coupée par l’opérateur municipal, il n’y avait aucun moyen de protéger sa maison de l’incendie. Elle envisage de porter plainte, tandis que le gouverneur de la Californie, ce grand promoteur du « développement durable » qu’est Gavin Newsom, s’est vu contraint de lancer une enquête indépendante après que des bouches d’incendie se sont taries, rendant impossible la lutte contre les flammes dans plusieurs secteurs.

 

Les incendies de Los Angeles ne sont pas totalement exceptionnels au vu de l’histoire

Selon Fox 11 Los Angeles, un homme soupçonné d’avoir déclenché l’un des six incendies qui détruisent tout ou presque sur leur passage a été arrêté : il serait responsable du feu « Kenneth ». D’autres ont pu démarrer du fait d’étincelles sur des lignes haute tension qui auraient causé les incendies « Eaton » et « Hurst ». Le vent chaud et sec de Santa Ana qui souffle traditionnellement à cette saison n’a fait qu’aggraver la situation : les partisans de la culpabilité du « changement climatique » assurent qu’à cause de celui-ci, la végétation était « un peu plus sèche » et la saison des feux est arrivée un peu plus tard, avec pour effet son chevauchement avec celle des vents.

Cependant le nombre et la gravité des incendies – rendue plus intense en raison de l’augmentation de la population – ne sont pas absolument exceptionnels, avec des séries comparables à ce que l’on a vécu en Californie depuis le début de l’an 2000 (avec un nombre de départs de feux accru cependant) au cours des années 1920, et aussi après 1860, toujours dans le contexte de sécheresses longues.

Le président-élu Donald Trump a purement et simplement désigné sur Truth Social le gouverneur Gavin Newsom qu’il a accusé d’avoir refusé de signer une « déclaration de restauration de l’eau qui aurait permis à des millions de gallons d’eau, provenant de pluies excessives et de la fonte des neiges du nord, d’irriguer quotidiennement de nombreuses parties de la Californie, y compris des zones qui brûlent actuellement d’une manière quasi apocalyptique ». Newsom aurait pris cette décision pour la protection de l’éperlan, « un poisson essentiellement sans valeur » : « On en paie aujourd’hui le prix ultime… Pas d’eau pour les bouches d’incendies ou pour les avions anti-incendie. Un vrai désastre ! »

 

La pénurie de l’eau est imputable à Gavin Newsom, selon Trump

En 2018, Trump mettait en cause lors du spectaculaire incendie « Camp » en Californie le manque d’entretien des forêts – dont étaient aussi responsables, et sans doute davantage, il faut le préciser, l’Agence fédérale pour l’environnement (EPA) et l’Office des forêts qui imposent des limites à l’exploitation forestière, aux éleveurs et aux véhicules récréatifs comme partout, et de manière particulièrement sensible dans cet Etat dont 20 % du territoire sont couverts de forêts nationales.

La « déclaration de restauration de l’eau », c’est de la « pure fiction », assure l’équipe de communication de Newsom, ce qui semble s’avérer s’il faut en croire des responsables locaux – y compris des Républicains.

Quant à la politique de protection des éperlans, elle date d’il y a vingt ans, et elle avait donné lieu à des procédures judiciaires. Mais il reste vrai que la Californie a souvent libéré de l’eau des barrages pour la laisser courir librement vers la mer pour maintenir le débit des cours d’eau plutôt que de la mettre à disposition des agriculteurs et des autres usagers.

Aujourd’hui, signale The New American, ce sont les environnementalistes locaux qui ont milité de manière agressive pour qu’on ne nettoie pas le bois mort – cet excellent combustible – des forêts californiennes. Les mêmes environnementalistes, à travers divers groupes de pression, agissent pour que l’eau « reste dans les rivières » plutôt que de servir à l’agriculture, certes grosse consommatrice, et à l’usage urbain.

En 2018, le gouverneur d’alors, Jerry Brown, annonçait des restrictions d’eau, non seulement en période de sécheresse, ce qui s’entend, mais de manière permanente. L’idée était de limiter l’usage à 208 litres par personne et par jour et à le ramener à 50 litres par personne et par jour avant 2030. C’est-à-dire à la moyenne de consommation d’un Français, par exemple – mais dans un contexte où les machines et les infrastructures ne sont pas prévues pour cela, et au risque de faire baisser les rendements agricoles.

Les actes ont suivi : en 2021, l’organisme de gestion de l’eau de Californie a pris des mesures d’urgences pour empêcher des milliers d’agriculteurs et de propriétaires terriens de divertir l’eau du bassin hydrographique de San Sacremento-San Joaquin, protégé au nom des éperlans notamment qui ont besoin d’un certain débit d’eau pour survivre, et au nom des saumons dont la population décroît dans l’Etat. A l’époque, les élus républicains plaidaient en vain pour la création de nouveaux bassins.

 

Les incendies de Los Angeles sont intervenus alors que les crédits de gestion de la forêts ont été réduits

En juin dernier Gavin Newsom a réduit de plus de 100 millions de dollars les sommes publiques allouées à la « résilience face aux feux de forêt », y compris des fonds destinés à la Garde nationale de Californie chargée de la gestion de la végétation.

Pendant ce temps, on apprend que quatre des postes les plus importants à la tête des services d’incendies de l’Etat sont occupés par des lesbiennes : évidemment, celles-ci ne sont pas par nature incompétentes pour ce type de travail, mais on s’interroge quant à d’éventuelles politiques favorisant la « diversité » qui ont pu mener à des recrutements qui ne seraient justement pas fondés sur la compétence.

On aura compris que la nature, la météo, la politique de diversité et l’environnementalisme ont concouru pour aggraver la situation en Californie. Le rôle de la politique est en réalité de tenir compte des faits, de prévoir et de prévenir. En cela, oui, la gravité des incendies de Los Angeles est en partie au moins d’« origine anthropique »…

 

Anne Dolhein