Une très forte majorité des 719 paroisses protestantes représentées au synode de l’Eglise luthérienne évangélique qui couvre une grande partie de l’Allemagne occidentale (Rheinische Evangelische Kirche) a approuvé le « mariage » des homosexuels le 15 janvier dernier. La bénédiction offerte donnera à ces unions le même statut que les mariages « hétérosexuels » et permettra de les inscrire sur les registres. C’est le terme d’une évolution qui se faisait de plus en plus sentir au cours de ces dernières années.
 
Il est également prévu d’officialiser les « bénédictions » qui ont déjà eu lieu de manière informelle.
 
Les paroisses votantes, qui représentent 2,6 millions de fidèles et constituent le deuxième groupement ecclésial en Allemagne par le nombre, ont mis en place une possibilité d’objection de conscience de la part des pasteurs (prochaine étape… l’abolition de l’objection de conscience !). Mais les couples qui se heurtent à un refus se verront « automatiquement » proposer une solution de rechange auprès d’un pasteur plus accommodant.
 

Les luthériens de Rhénanie donnent au mariage des homosexuels le même statut que le mariage tout court

 
Cette décision a été critiquée par le pasteur Wolfgang Sickinger, membre d’un groupement conservateur, l’Evangelischen Sammlung im Rheinland, qui accuse l’Eglise luthérienne d’avoir délibérément « ignoré » les enseignements sans équivoque de la Bible, comme si elle « savait mieux », et comme si cet enseignement pouvait désormais être considéré comme invalide.
 
La lente marche vers l’acceptation du « mariage » gay a déjà contribué au départ de nombreux fidèles de la Rheinische Evangelische Kirche, jouant un rôle important dans la chute de ses membres évaluée à 900.000 depuis 1975.
 
Il n’est pas sans intérêt de noter que le synode s’est déroulé à Cologne, qui se trouve au cœur du territoire de cette Eglise mais qui est également un haut lieu de la vie nocturne de la communauté gay en Allemagne.
 

En Allemagne, les protestants luthériens ont approuvé le mariage gay, ou le feront

 
Le ministre de l’Emancipation de Rhénanie du Nord-Westphalie, Barbara Steffens des Verts, a salué l’événement en déclarant à un site LGBT : « Je suis très heureuse de cette décision, car elle s’inspire de ce qui devrait se trouver au cœur du mariage : le dévouement aimant accessible à l’expérience de tout être humain, quelle que soit son orientation sexuelle. »
 
C’est le nœud de la question, en effet : le mariage n’est plus le lieu de l’union physique d’un homme et d’une femme, ordonné à la procréation et au soutien mutuel, mais un lieu d’expression de « dévouement » et de services rendus sur fond d’activité sexuelle. On n’est pas si loin de toutes les déclarations entendues autour du synode de la famille où des responsables catholiques affirmaient la valeur de l’« esprit de sacrifice » et du « dévouement mutuel » de personnes au sein d’unions homosexuelles, confondant ce qui relève de la « bonne action » avec leur choix de mode de vie « intrinsèquement désordonné » comme le dit le Catéchisme.
 
On s’attend en Allemagne à ce que l’Eglise évangélique de Berlin-Brandenburg suive l’exemple de l’Eglise luthérienne de Rhénanie en avril.
 

Anne Dolhein