POLICIER
Mate-me por favor ♠


 
Mate-me por favor est un film policier brésilien, soit une curiosité en France. Il est à voir, enfin serait à voir s’il était de qualité, dans la langue du tournage, le portugais du Brésil, beaucoup plus facile à comprendre pour les apprentis lusophones que celui du Portugal. Dans un nouveau quartier de Rio de Janeiro, construit dans le cadre des grandes rénovations urbaines liées aux Jeux Olympiques, des lycéennes s’inquiètent d’une série de meurtres accomplis, dans la plupart des cas, dans un terrain vague proche qui leur sert souvent de raccourcis dans leurs déplacements quotidiens.
 
Le film débute donc comme un film policier et, dans ce genre et dans un premier temps, n’est pas mal construit. L’angoisse monte. Certaines personnes peuvent paraître suspectes, mais elles peuvent tout aussi bien être parfaitement innocentes, voire inoffensives. En même temps est menée une approche descriptive d’un groupe de lycéennes amies, avec leurs activités, leurs rêves, leurs craintes. Elles n’oublient pas d’aller en cours, d’apprendre leurs leçons, y compris parfois dans des endroits insolites comme des boutiques de vêtements. Il y a là les meilleurs moments du film : le spectateur découvre avec une curiosité vraie les poètes symbolistes brésiliens de 1900, totalement inconnus en France, prononcés avec toute la musicalité de la langue d’origine ; imitant certes quelque peu leurs homologues européens, ils mobilisent pour leurs images fortes la faune, la flore, les minéraux du Brésil !
 

Mate-me por favor : une grosse déception

 
Cependant, on sera beaucoup moins intéressé par les amours de ces jeunes dames. Certes, on se plaint depuis Colette, en 1910, de la disparition des jeunes filles, mais il y a tout de même là une corruption générale des mœurs rares dans l’Histoire humaine. Toutes, dès 15-16 ans, sont absolument débauchées, et ce par vice pur car venant de classe moyenne supérieure. Certaines expérimentent même, dernière provocation qui reste en ce contexte, des débauches contre-nature… Il y a sûrement là, hélas, un constat sociologique vrai mais il ne faudrait vraiment pas tant en montrer à l’écran. Le spectateur honnête finit gêné. Le néoprotestantisme qui a remplacé dans ce milieu le catholicisme échoue complètement dans ses tentatives de moralisation.
 
Dans la deuxième moitié du film, le fil de l’intrigue policière se perd. La fin se veut certainement hautement symbolique. Elle tient simplement du joyeux non-sens ; elle est construite autour du titre Mate-me por favor. Il signifie Tue-moi s’il-te-plaît, ce qui pourrait passer pour un titre étrange pour un film policier, mais relève simplement du mauvais goût diffus dans tout le film.
 
Mate-me por favor, qui commençait bien, débouche sur une grosse déception.
 

Hector JOVIEN

 
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