Etats-Unis : une mère séparée interdite d’emmener sa fille à l’église fait appel

mère interdite fille église
 

Quand l’autorité parentale et les droits de Dieu entrent en conflit, que faire ? Un tribunal américain a tranché un double nœud il y a onze mois en affirmant qu’un père pouvait empêcher sa fille mineure de fréquenter le culte et de demander le baptême dans l’église évangélique à laquelle l’emmenait sa mère. L’histoire se passe dans la ville américaine de Portland (Maine) et concerne un couple séparé, la mère, Emily Bickford, ayant la garde de la jeune fille en question, et le père, Matthew Bradeen, un simple droit de visite auprès de l’enfant née après la fin de cette relation. Celui-ci a vu sa demande validée par le juge en des termes fortement hostiles au christianisme ; la mère fait maintenant appel devant la cour suprême de son Etat.

L’affaire mérite qu’on s’y penche car elle montre combien la laïcité peut être destructrice de liberté même dans un pays où la liberté est au sommet des « valeurs » comme les Etats-Unis (avec bien des couacs, bien sûr, le wokisme s’en charge).

 

Un père séparé obtient que sa fille soit interdite d’église et de toute activité religieuse

En l’espèce, Bradeen a obtenu une ordonnance du tribunal de district de Portland lui accordant le pouvoir exclusif de décider auxquelles activités religieuses sa fille de 12 ans, Ava, pouvait participer. Cela faisait plus de trois ans qu’elle fréquentait avec sa mère la Calvary Chapel, une église chrétienne évangélique de Portland. Après qu’Ava eut annoncé à son père l’année dernière qu’elle avait l’intention de se faire baptiser, celui-ci a saisi la justice pour l’en empêcher. Il a affirmé qu’après avoir commencé à fréquenter la Calvary Chapel, Ava « a commencé à souffrir de graves crises de panique et à montrer des signes psychologiques alarmants, comme laisser des notes dans la maison disant que “le ravissement est imminent” ».

Il semble avoir calculé son affaire puisqu’il l’a portée devant un juge qui est « un ancien président de l’ACLU » (une officine très woke de défense des libertés civiles) et a obtenu le témoignage d’expert du Dr Janja Lalich, « une ancienne professeure de sociologie marxiste de Californie », selon Liberty Counsel, association de défense réunissant plusieurs chapelles protestantes.

L’ordonnance rendue en décembre interdit à Ava de lire la bible ou d’étudier la « philosophie religieuse », et de parler des questions de foi avec sa propre mère. Elle n’aura même pas le droit de participer à des événements marquant la fête de Noël.

 

La mère est une « bonne mère »… mais elle est chrétienne

Le juge a décidé qu’Emily est une bonne mère pour cette adolescente – à ceci près qu’elle est « chrétienne ». Elle s’est vu réprimander parce qu’elle avait permis au pasteur de la Calvary Chapel à Portland de prier pour sa fille. Emily ne devra plus emmener sa fille dans quelque église que ce soit sans l’accord de Matthew – qui à ce jour n’en a approuvé aucune. Ava n’a plus le droit de voir ses amis à l’église où elle s’est rendue pendant trois ans et demi, et si l’un de ses amis actuels devait commencer à s’y rendre, elle a ordre de mettre aussitôt fin à cette amitié.

La fameuse « experte » Janja Lalich ne s’est pas, semble-t-il, principalement penchée sur la croyance au « jour de l’enlèvement » ou du « ravissement » qui alimente beaucoup le discours religieux de certaines dénominations évangéliques.

Mme Lalich a témoigné de ce qu’elle avait « étudié » la Calvary Chapel Church et trouvé que le pasteur de l’église était un orateur « charismatique », s’exprimant « avec autorité » dans ses messages et qui, surtout, affirmait que ses messages étaient la vérité objective. Pour cette raison, le Dr Lalich a perçu l’église comme une organisation « sectaire ». Bien qu’elle ne soit pas psychologue, le Dr Lalich a déclaré qu’il était « évident » que l’église représentait un danger psychologique potentiel pour la jeune fille.

Le simple fait de se prétendre dans le vrai en ferait ainsi une « secte » et de son pasteur un gourou… On peut penser que les évangéliques se trompent, mais ce n’est pas cela qui est dénoncé : c’est l’idée qu’il puisse exister une adhésion à la vérité.

 

Aux Etats-Unis, un juge a décidé que l’enfer faisait trop peur aux enfants

Pour ce qui est des peurs d’Ada, le tribunal estimé que les enseignements et les représentations utilisés dans les services religieux et les documents destinés aux jeunes, notamment les images d’« anges déchus » et les discours sur les « souffrances éternelles », avaient causé une détresse psychologique à l’enfant. Le tribunal a conclu que l’exposition à ces enseignements créait un risque de « préjudice psychologique ».

C’est le summum de la protection de la génération « flocon de neige » : pas question de lui parler de l’enfer !

On voit où ils veulent en venir…

Au nom d’un Etat qui ne prétend à aucune religion particulière mais assure respecter toutes les religions, c’est une mainmise du pouvoir public sur ce qui peut ou ne peut pas être enseigné à un mineur. La Chine communiste et athée annonce au moins la couleur en imposant en principe de manière bien plus stricte aux parents de ne pas emmener leurs enfants mineurs à l’église, mais la logique est la même.

Selon Liberty Counsel, le cas a été résolu par le juge de manière non conforme à la Constitution et aux lois américaines puisque la jurisprudence affirme au contraire que « les parents non mariés ont tous deux le droit d’inculquer leurs croyances religieuses à leurs enfants pendant leur période de garde respective… » « Les précédents jurisprudentiels protègent les droits de garde d’un parent même lorsque les croyances religieuses d’un parent sont en opposition avec celles de l’autre parent, ou même en opposition avec la tendance dominante aux Etats-Unis », ajoute le mémoire d’appel rédigé par l’association.

Mais suffit-il d’avoir raison ?

 

Jeanne Smits