Microsoft va faire entrer l’intelligence artificielle dans la vie quotidienne avec sa touche Copilot

Microsoft intelligence artificielle Copilot
 

Microsoft, la plateforme logicielle qui a déjà envahi les ordinateurs de centaines de millions d’utilisateurs, a annoncé que la prochaine version des claviers fonctionnant sous Windows 11 sera équipée d’une touche « Copilot », « point d’entrée dans le monde de l’IA sur PC », pour reprendre le communiqué de la firme. C’est l’entrée de l’intelligence artificielle dans la vie quotidienne au moyen de l’immédiateté d’un simple mouvement de doigt. Appuyez sur la touche et vos problèmes de tous ordres seront réglés par un « pensant » extérieur… et robotique.

L’introduction de la touche Copilot est présentée par Microsoft comme « le premier changement significatif apporté au clavier Windows PC en près de trois décennies », mais la touche « Windows » renvoyant sur le menu de démarrage du système d’exploitation à laquelle il est fait référence n’était qu’un raccourci illustré. L’arrivée de l’intelligence artificielle générative représente tout autre chose, et Microsoft a raison de parler d’un « moment décisif » dans l’évolution de ses produits.

 

Copilot de Microsoft pourra piloter la vie et le travail des simples humains

C’est en effet l’étape à laquelle l’ordinateur personnel va se transformer en assistant non personnel qui dictera ses réponses à toutes sortes de questions, de la simple demande d’information (l’utilisation de chatGPT montre à quel point le système est capable de raconter n’importe quoi) à l’écriture d’une lettre, la réalisation d’une synthèse « pour accélérer la prise de décision » comme est censée le faire Google IA, la création d’images, de musique ou de textes, la conduite de « dialogues » avec un robot, l’écriture de scripts informatiques… Et tout cela au moyen d’un fonctionnement permanent en arrière-plan destiné à se développer selon les besoins de ses utilisateurs.

Bref, tout ce qui relève de la pensée, de la raison, du raisonnement, de l’intuition, du goût, de l’imagination pourra être confié dans un mouvement à peine conscient à une machine aux capacités faramineuses, mais inhumaine.

Copilot : le nom du chatbot développé par Microsoft représente tout un programme. Il vous « aidera » à mener votre vie, votre travail, vos loisirs, vos réflexions, vos opinions, vos choix y compris moraux… comme un « copilote ». Une entité qui pilotera à vos côtés, en attendant de vous piloter si vous n’avez pas l’indépendance d’esprit, la formation, la clairvoyance, la force – et en fait, avant tout, les vertus qui seules pourront vous permettre de résister à ce séducteur qui vous promet pour ainsi dire de devenir comme un dieu.

 

L’intelligence artificielle de Copilot : outil mais aussi patron

Ce n’est qu’un outil, diront certains. Non ; il dirige les volontés, se substitue à la liberté, dirige les consciences sans en avoir l’air, car il tient aussitôt compte des objection, mais répond d’abord en partant des présupposés du « monde »… et pourquoi pas du prince de ce monde ? En essayant Copilot en vue de cet article, j’ai posé une question (le détail a son importance) suggérée par l’application : « Où faire un voyage spirituel ? » Réponse : Bali ou l’Inde, pour découvrir le bouddhisme ou l’hindouisme, ou même le Pérou pour « assister à des cérémonies chamaniques ».

C’est la première fois que l’homme a abdiqué à ce point devant une entité qui lui est extérieure, « artificielle » mais qui d’une certaine manière le transcende, et qui n’est pas Dieu ; sans se soucier d’où viennent ses connaissances et ses raisonnements, se contentant de ce que ces derniers soient le fruit de programmations et de « calculs » d’une incroyable étendue.

Cette soumission potentiellement si aisée, si universelle de l’homme à la machine est-elle l’abdication de la pensée, de la raison, de la conscience humaines ? Tel est le risque, en effet, mais c’est un risque qui se présente à une humanité déjà affaiblie. Par le péché originel, cela va sans dire. Mais aussi par sa propre ignorance, ses propres manques de formation sur tous les plans, par des décennies de « décervelage » qui ont déjà trop porté atteinte à ses capacités d’analyse et de raisonnement.

L’homme a créé l’intelligence artificielle, et la finance, mais c’est celle-ci qui risque de l’artificialiser dans une course folle vers le transhumanisme qui vise à le confondre avec la machine, ou de le rendre obsolète. Et cette boîte de Pandore une fois ouverte, et rendue accessible immédiatement au moindre des internautes, comment la refermer ?

 

Jeanne Smits