La France est sortie d’une période de croissance faible. L’affirmation émane de notre ministre des Finances Michel Sapin qui la justifie par la perspective de 1,1 % de croissance pour l’année 2015 « au minimum ».
Michel Sapin commentait vendredi les chiffres publiés par l’INSEE pour le troisième trimestre (qui totalise une croissance à 0,3 %), estimant à leur lecture que le pays était « sorti de cette trop longue période de croissance extrêmement faible ».
Le ministre des Finances se félicite d’une croissance à 1,1 %
« Nous sommes entrés dans une nouvelle phase. Cela présage, sans pour autant que ce soit une certitude, une croissance plus élevée pour l’année prochaine », a ajouté le ministre des Finances, dont les services tablent officiellement sur une hausse de 1,5 % du PIB l’année prochaine.
Et de préciser : « C’est un chiffre qui est supérieur à l’hypothèse de 1 % sur laquelle nous avons construit le budget, et c’est le plus haut niveau atteint depuis quatre ans », renvoyant ainsi la responsabilité des difficultés subies ces dernières années à ses prédécesseurs du quinquennat Sarkozy.
Michel Sapin a fini cet exercice de commentaire en poussant, comme il est classique en pareille occurrence, un cocorico d’autosatisfaction sur l’adéquation des mesures prises par le gouvernement, et en soulignant que ces mesures seraient pérennes.
La critique de l’opposition
Chez Les Républicains, on a reçu les critiques socialistes avec une certaine distance, et en précisant qu’on espérait certes que la situation s’améliore, mais qu’il fallait « attendre de voir si c’est du sérieux ». Et pour ce faire, il faut évidemment regarder la courbe du chômage.
« Ça fait quand même trois ans qu’on a un président de la République qui nous annonce tous les trois mois l’inversion de la courbe du chômage et un ministre des Finances qui sort sur les médias quand il y a eu un petit plus, se cache quand il y a plutôt un petit moins, et puis au total les Français ne voient pas vraiment la situation évoluer dans le bon sens », a lancé Nathalie Kosciusko-Morizet.
Michel Sapin ignore l’histoire socialiste
On peut certes renvoyer l’actuelle opposition à ses mauvais résultats des années passées. Il n’empêche ! L’espèce de satisfaction triomphante de Michel Sapin a quelque chose de ridicule, pour ne pas dire de pathétique, surtout si l’on observe que certains de nos voisins, à commencer par le Royaume-Uni, prévoient plus du double.
De fait, 1,1 %, ça ne signifie rien. C’est au-dessous du seuil officiel de 1,5 % à partir duquel seulement on parle de création nette d’emplois. Quant à l’équilibre des comptes publics, il faut sans doute en reporter l’idée dans un futur imprécis.
En réalité, Michel Sapin se satisfait de bien peu, parce que l’époque ne lui permet guère d’espérer davantage. Et qu’il s’interdit sans doute d’aller étudier les archives de son ministère. Il y verrait que la moyenne des taux de croissance était de 4,8 % dans les années 1950, 5,9 % dans les années 1960, 4,1 % dans les années 1970. La chute commencera au milieu des années 70 avec l’Europe et l’ouverture des frontières économiques voulue par Giscard, pour s’amplifier, atteindre 2,4 % dans les années 80 et continuer inexorablement jusqu’àaujourd’hui.
Les années 1980 ? C’est l’avènement du socialisme…